II. Façade

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5 février 2054 – 10h21

Commissariat, ouest de San Francisco, Californie

10°C, précipitations 23%, humidité 34%, vent 42km/h.

C'était blanc. Tout était blanc. Le sol, le plafond, et les murs aussi. Aucune fenêtre. Aucun visage. Cette luminosité, cette pièce avait quelque chose de familier, de rassurant.

Pourtant, aucun meuble ne venait égayer ce cube. Il n'y avait rien à l'exception d'un banc cloué au mur du fond, couvert d'une fine couche de poussière et de quelques traces jaunâtres qu'il préférait ne pas identifier. Il n'avait jamais vu une pièce si vide, mais les murs n'étaient pourtant pas nus, loin de là. Cette décoration était, certes, un peu plus rustique que ce qu'il avait l'habitude de voir, mais elle avait le mérite de donner une touche de vie à l'ensemble. « Je vous emmerde », « vous allez payer pour ça », « j'ai rien fait de mal », et une suite de chiffres ne répondant à aucune logique suivi du prénom « Stacy ». Certains de ces mots étaient gravés dans le béton, tracés à l'aide d'un objet tranchant, d'autres avaient été marqués au stylo ou au feutre. Son doigt retraça les courbes des cinq lettres du prénom féminin. Il ne connaissait aucune Stacy.

— Il est là.

Guidé par la voix, le jeune homme laissa son bras retomber le long de son corps et tourna la tête en direction de la seule et unique paroi vierge et transparente du cube. La seule et unique sortie, aussi. Avec ces trois visages postés derrière la paroi en verre, et six yeux rivés sur lui, il lui semblait soudain comprendre où il se trouvait. Un zoo. Et cette pièce était son enclos : l'odeur, à elle seule, suffisait à confirmer sa théorie. Peut-être que la série de chiffres précédent le prénom « Stacy », sur le mur, était le numéro de série de la précédente attraction.

— Alors c'est lui, la victime assassinée qu'Howard a fait revenir d'entre les morts ?

Deux hommes et une femme. Une femme. C'était peut-être Stacy. Peut-être que lui aussi allait laisser son enclos à quelqu'un d'autre et faire le tour du zoo.

— Putain, je croyais qu'il avait arrêté de boire depuis que sa femme s'est tirée.

— C'est le cas ! Je ne l'ai jamais vu avaler autre chose que du café bien noir.

Ah. Cette voix, il la reconnaissait. Sa tête se retourna face au mur tandis que ses paupières se fermaient, le plongeant dans l'obscurité.

Il faisait sombre. Et puis, il y avait eu un flash blanc, un œil aveuglant rivé sur lui, un halo immaculé qui caressait sa peau, ses cheveux, son corps affalé sur quelque chose de froid et de dur. Cette chose correspondait à l'idée que les humains semblaient se faire de la mort. Une lumière au bout d'un interminable tunnel. Il avait fait des recherches là-dessus, la première fois qu'Alistair avait prononcé ce mot en sa présence. Il n'avait trouvé aucune indication de ce qu'il pouvait lui offrir pour l'aider à affronter ce qu'il appelait « le grand voyage ».

THEREFORE [FRENCH]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant