Prologue

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17/07/2039

9h10

Irak

« Duncan ! Hé Duncan ! La caméra est allumée là ? Tout est bon ? Ok, on commence dans dix secondes ! »

L'homme toussota plusieurs fois pour s'éclaircir la voix. Il essuya la sueur de son front du revers de la main et souffla de fatigue en maudissant la chaleur infernale du pays. Il avait déjà hâte de terminer son reportage pour retourner aux Etats-Unis et retrouver sa fille adorée. Voilà déjà deux mois qu'il était en Irak avec son équipe, composée seulement du caméraman prénommé Duncan.

« Bonjour à tous et à toutes, ici James Everleen pour vous servir ! Je me trouve toujours en Irak avec mon cher Duncan, et nous allons mettre la main sur le plus gros trafiquant d'armes du pays, celui qu'on surnomme tous El Diablo ! Nous observons depuis notre position un petit groupe de rebelles qui souhaite se fournir en armes illégales. Nous restons dans l'expectative. »

Le reporter disparut ensuite du champ de la caméra. Duncan s'intéressa à un petit groupe qui se tenait au loin, perché sur un vieux pick-up tout droit sorti de Mad Max. Les rebelles portaient des foulards autour du visage, et la plupart était seulement vêtu d'un pantalon blanc poussiéreux. Le vent du désert soufflait son sable brûlant sur eux, et lorsque la poussière rouge se dissipa enfin, Duncan remarqua seulement les camionnettes blindées derrière le groupe.

« Duncan ! Regarde par-là et filme-moi ça ! » s'écria soudainement James en tapotant l'épaule de son caméraman.

Un 4x4 noir s'avançait vers le petit groupe, suivi de deux camionnettes qui laissaient derrière elles une longue trainée de poussière. Les véhicules s'arrêtèrent à une distance raisonnable des rebelles et plusieurs mercenaires armés jusqu'aux dents en sortirent. La portière du 4x4 s'ouvrit ensuite, laissant sortir un homme en costume qui portait des lunettes de soleil. Les mercenaires l'escortèrent jusqu'aux rebelles.

« Voilà El Diablo, commenta James sans trop hausser la voix, restant caché derrière les murets du vieux village où il se trouvait avec Duncan. Fais un zoom sur son visage ! »

L'objectif s'intéressa au trafiquant qui marchandait avec les rebelles. Ils se serrèrent rapidement la main puis El Diablo fit signe à ses hommes d'apporter les armes qui venaient d'être achetées. La caméra se tourna vers les camionnettes qu'ouvraient les mercenaires. Des hommes y sortirent, complètement nus.

« Merde, c'est quoi ce bordel ? » lâcha Duncan à travers sa caméra.

« El Diablo ferait du trafic d'êtres humains ? s'étonna James. Non, attendez ! Quelque chose cloche ! Où sont mes jumelles, bordel ?! »

La caméra filma le petit groupe d'humains qui se dirigeait en file indienne jusqu'aux rebelles. Ils étaient menottés et attachés l'un à l'autre, complètement vulnérables. Leur peau était anormalement blanche comme de la porcelaine...

« C'est pas des humains, commenta soudainement James qui observait l'étrange défilé à travers ses jumelles. C'est des androïdes. El Diablo fait aussi dans le trafic d'androïdes ! »

« C'est logique ! Les rebelles ne perdront pas leurs hommes avec de simples machines douées au combat ! » compléta Duncan en redressant une mèche rousse de sa longue tignasse.

« La question qui se pose est : qui est le mystérieux fournisseur d'El Diablo ? Est-ce le créateur des androïdes, Elijah Kamski lui-même ? Ou bien est-ce des androïdes achetés ou même volés pour ensuite être revendus sur le marché noir ? C'est ce que nous allons vite découvrir ! »

Le reporter fit signe à son caméraman de couper son appareil. Les deux hommes étaient à présents tendus face à cette découverte. Les androïdes étaient maintenant vendus comme des armes de destruction. Il fallait dénoncer ce trafic. Telle était sa mission en tant que journaliste d'investigation.

« Envoie la vidéo à ma fille, ordonna calmement James. Faut qu'elle l'analyse et qu'elle identifie El Diablo. On ne sait encore rien sur lui. Même les flics et le gouvernement américain ignorent sa réelle identité. Mais c'est la première fois qu'on arrive à avoir une image nette de son visage ! C'est un énorme pas qu'on vient de faire tous les deux ! Duncan ? Hé, tu peux me répondre ? »

Il se retourna d'un air agacé mais fut vite pris d'une terrible angoisse en apercevant une arme pointée sur son partenaire, et une autre sur lui.

« Les mains en l'air. » ordonna calmement l'homme armé.

Les deux journalistes s'empressèrent de lui obéir, la panique se coinçant affreusement dans leur gorge. James remarqua aussitôt la diode bleue de l'homme derrière les armes. C'était un androïde. Il était grand et intimidant, et ses yeux d'épervier ne quittèrent pas d'une seule seconde les deux suspects qu'il venait d'appréhender. Ses cheveux presque noirs étaient recouverts d'une pellicule de poussière et de sable mais il ne semblait pas y faire attention. Il portait un treillis militaire et une longue veste noire. La chaleur du désert ne paraissait pas le déranger.

« Nous sommes des journalistes américains, tenta James, toujours les mains en l'air. Nous ne faisions rien de mal. T'es un androïde, n'est-ce pas ? Tes copains se font vendre comme des armes là-bas ! Tu ne veux pas les aider avec nous ? Il faut les libérer. Vous êtes des déviants maintenant, non ? »

« Chef, j'ai deux suspects avec moi, annonça soudainement la machine d'un ton las tandis que sa diode clignotait en jaune. Je vous envoie ma position. »

« Hé, attend ! C'est quoi ton nom ? » demanda aussitôt James sous la panique qui grimpait en flèche à l'intérieur de son être.

« Nines, modèle RK900. Je n'obéis qu'à une seule personne, et ce n'est pas vous. »

« Ecoute Nines ! On peut trouver un arrangement ! De l'argent ? Qu'est-ce que tu veux ? »

« Un arrangement ? fit une autre voix derrière eux, provoquant un sursaut de surprise chez les deux journalistes. Je ne négocie pas avec les fouineurs. »

El Diablo en personne se tenait désormais face à eux avec deux mercenaires, ainsi que l'androïde aux yeux bleus, aiguisés comme des lames de rasoir. Le trafiquant se mit à sourire, les bras croisés derrière le dos. Ses yeux espiègles passèrent de James à Duncan, et ainsi de suite.

« Qu'on les emmène avec nous, ordonna-t-il ensuite. Je veux voir ce qu'ils savent. »

« Que fera-t-on d'eux après ? » voulut savoir Nines en baissant ses armes.

« Hum, excellente question... Je laisse l'avenir me le dire ! (Il se tourna ensuite vers ses nouveaux prisonniers :) vous n'allez pas rentrer en Amérique aussi tôt. »  

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⏰ Dernière mise à jour : May 12, 2019 ⏰

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Boys don't fall - Detroit : become humanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant