Nothing was planned

Prologue

Avant le jour J

Ella

J'attendais sur ce banc depuis plusieurs minutes mes deux amis, Rafaël et Lauryn. Ils devaient arriver d'un instant à l'autre. Mais pendant ce temps, je ressassais les souvenirs que me provoquait cet endroit. Depuis toute petite, j'avais pour habitude d'aller courir dans ce parc ou alors d'aller grimper sur l'immense rocher au sommet de la butte et de passer des heures là-bas à réfléchir. C'est vrai que ces dernières années avaient filé, j'avais perdu ma mère et j'avais dû apprendre à m'en sortir par moi-même, malgré le soutien de mon cher papa. Et ça y était, depuis deux mois, je venais d'achever toutes ces galères scolaires. Je devais maintenant me confronter à la vie réelle et aux difficultés du monde des adultes. J'avoue que je ne me sentais pas prête mais avais-je réellement le choix ? La réponse était évidemment non.

Avant que je puisse lister les nombreux inconvénients que ma nouvelle vie allait connaître, Lauryn m'appela de l'autre bout de la rue. Elle était si belle, que j'en étais parfois jalouse. Elle portait un de ses fameux jeans, qui la moulait parfaitement et de longues boucles d'oreilles qui s'alliaient avec la queue de cheval relevée qu'elle avait apparemment mis du temps à faire.

Arrivée à ma hauteur, elle me demanda :

- "Ca fait longtemps que tu nous attends ?"

Elle savait pertinemment la réponse que j'allais lui donner mais elle se souciait toujours des autres et c'était une des raisons pour laquelle je l'appréciais autant. Je lui envoyai un petit sourire et pris le temps de saluer Raf. Il m'avait beaucoup manqué depuis qu'il avait déménagé à l'autre bout de la Géorgie. Evidemment, nous avions continué à nous envoyer des messages et nous appeler, mais il est vrai que vers la fin, ça devenait compliqué avec nos emplois du temps chargés et on commençait à perdre contact. Jusqu'au jour où il m'a annoncé qu'il revenait vivre à Atlanta pour poursuivre ses études. J'étais la plus heureuse. Il était le meilleur ami que tout le monde peut espérer. Il eut à peine le temps d'ouvrir les bras que je courus m'installer contre lui, un air familier flottait. Son odeur de menthe poivrée était reconnaissable entre mille. Et ses beaux bras bronzés m'entourant semblaient beaucoup plus musclés qu'avant.

Enfin, je m'écartai et je lui soufflai :

- "Tu n'imagines pas à quel point ça me fait du bien de t'avoir près de moi."

Je lui vis un large sourire se dessiner sur le visage et ça me réconforta, je savais que lui aussi pensait la même chose. Puis, mon amie décida d'écourter le moment car elle me connaissait assez pour savoir que l'instant d'après, j'aurais verser une larme. Plusieurs larmes même. Elle nous prit l'un et l'autre par dessus nos épaules et s'exclama aussi joyeusement que nous l'étions :

- "C'est parti pour aller boire les meilleurs cafés de la ville !"

Mais je m'apprêtais à riposter, si bien qu'elle me coupa avant même que ma bouche puisse émettre un son, et enchaîna aussitôt :

- "Et le meilleur milkshake à la guimauve pour Ella !"

A peine eût-elle fini que nous partions tous dans un fou rire, tant elle avait su me faire taire mais aussi parce que j'étais toujours l'élément différent du groupe. Et oui, je n'aimais pas me conformer aux autres. Etonnant, non ? Pour moi, la différence était la plus grande qualité, tant il était dur dans notre société actuelle de la cultiver.