Partie 7

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Lorsqu'elle reprit conscience, elle était dans une voiture en marche et la nuit était tombée. Elle tourna la tête et surprit le regard inquiet d'Alex.

- Qu'est-ce qui t'a pris Curtis ? T'es pas bien de me faire une peur pareille ? s'exclama t-il.

Julie ne répondit pas, elle se contenta de se masser le crâne.

- Tu aurais pu t'ouvrir le crâne si je ne t'avais pas retenu de justesse ! Et je te dis pas la galère avec les patins aux pieds, poursuivit-il.

- Je...euh...désolée...

Alex lui jeta un coup d'œil, puis reporta son attention sur la route.

- Ca va mieux ?

- Je crois que c'est passé, oui.

Il hocha la tête puis baissa légèrement le volume de la radio histoire de détendre l'atmosphère.

- On est bientôt arrivés chez toi.

- Euh, j'ai...hum... « dormi » pendant longtemps ? l'interrogea Julie.

- Eh bien, t'es restée dans les vaps environ dix minutes. Je t'ai allongée dans les gradins et, j'ai fermé la patinoire après avoir tout remis en place et tout éteint. Je t'ai...hrum...portée jusqu'à la voiture et je suis tout de suite parti. Si tu ne te réveillais pas d'ici chez toi j'aurais continué jusqu'à l'hôpital, je t'avertis.

Julie frissonna. Il l'avait portée.

- Oh...je vois, murmura Julie en regardant les rues défiler par la fenêtre. Désolée de t'avoir donné tout ce tracas.

Alex mis son clignotant en marche et stoppa net la voiture sur le bord de la route dans un crissement de pneus.

- Bon, qu'est-ce que tu m'as fait là-bas Curtis ?

- Je...je ne veux pas en parler, répliqua-t-elle en triturant un fil qui se défaisait sur son pull bleu.

Furieux, il lui prit le visage dans les mains et la força à le regarder.

- A d'autres ! J'ai eu la pétoche Curtis. Je l'avoue sans détours, j'ai paniqué ! J'étais seul avec un cadavre ambulant ! Tu aurais du voir ta tronche, c'était atroce, s'écria t-il.

- Merci, tu es vraiment la douceur même, tant de compliments me vont droit au cœur ! décréta Julie en se dégageant le menton d'un coup sec.

- Et sinon ? Tu comptes m'expliquer pourquoi quand on prononce le mot « patinoire » tu as des sueurs froides ? J'aimerais comprendre.

- Ca ne te regarde pas Alex, répondit-elle dans un murmure.

- Ah non ? Eh bien, figure toi que si ça me regarde, dès l'instant ou tu manques de te fendre le crâne devant mes yeux, CA me concerne !!! beugla t-il hors de lui. Tu ne sortiras pas de cette voiture sans tout me dire je t'avertis.

Julie le mitrailla du regard. Ouvrit la bouche puis la referma. La tension planait dans l'habitacle de la voiture, et au bout de quelques secondes de joute visuelle, Julie finit par rompre le silence :

- C'est ce qu'on va voir.

Et sur ce, elle ouvrit brusquement la portière et sortit de la voiture en refermant sa veste en cuir contre elle.

- Julie !! hurla Alex. Reviens ici immédiatement !

- Non, laisse-moi tranquille, je peux rentrer à pieds. Merci pour tes bons soins, tu ne me dois rien, je ne voudrais pas être une charge pour toi, alors laisse-moi et va t-en !

Elle l'entendit ronchonner mais poursuivit sa route d'une démarche décidée. Au bout d'une trentaine de mètres une main l'agrippa vigoureusement par l'épaule, la forçant à se retourner.

- Tu as le don de m'agacer Julie Curtis, j'espère que tu le sais, tu es championne toutes catégories dans ce domaine depuis dix ans, toutes mes félicitations, railla t-il. Bon maintenant, fini les enfantillages, tu t'es tapée un malaise, tu n'es pas en état, je te ramène. J'ai une responsabilité envers tes parents.

Des coups de klaxons furieux interrompirent leur échange.

- Je crois que tu gènes, déclara nonchalamment Julie.

- M'en fous ! Ils peuvent passer ! Je ne pars pas sans toi.

- Et bien attends-toi à me suivre à pied car je n'ai pas la plus petite intention de monter dans ton SUV de bourge !

Alex sourit, amusé par la tournure des événements.

- Pourquoi tu souris bêtement ? demanda-t-elle avant de hausser les épaules et de poursuivre son chemin.

Elle n'eut pas le temps de faire trois pas qu'Alex la rattrapa, et, en lui bloquant les jambes, il se pencha et d'un coup d'épaule, la souleva de terre en la jetant sur son épaule comme un vulgaire sac à patate.

Elle se débattit et hurla comme une furie.

- Arrête de gigoter et tais-toi sinon je te mets une muselière. Ca t'irait tellement bien !

- Lâche-moi espèce de tête d'endive ! Repose-moi par terre dessuite !

- Et en quel honneur ? Votre carrosse n'attend que vous ma douce, déclama Alex tout fier de lui en bloquant ses jambes de son autre main. Et arrête de gesticuler dans tous les sens, tu serais capable de te blesser toute seule.

- Ahaa, très drôle, t'as mangé un clown ce matin ? Et si tu me lâchais, genre maintenant ? Ca m'éviterai de devoir t'arracher les cheveux un par un ! railla Julie en examinant la nuque d'Alex qui rigola de bon cœur.

Elle lui martela le dos à l'aide de ses poings mais bientôt il la mit de force dans la voiture et referma la portière. Elle essaya de la rouvrir mais il sourit à la fenêtre et clama :

- Sécurité enfant oblige !

Julie fulminait lorsqu'il redémarra la voiture.

- Allons, cesse de râler pour une fois, profite de la musique par exemple ?

Elle ne répondit pas, se contentant de lui adresser un regard assassin.

- Je suis tellement heureux que d'un regard on ne puisse pas tuer, si tu savais à quel point cette maxime prends son sens à l'instant pour moi.

- Je me demande comment Paige arrive à te supporter.

- Qui te dit que ce n'est pas l'inverse ?

- Pardon ?

Alex se contenta de lui tirer la langue, comme un gosse de dix ans avant de reporter son attention sur la route.

Au bout d'une dizaine de minutes, Alex bifurqua sur leur lotissement et rangea sa voiture devant la maison de Julie. Il coupa le contact, sortit et fit le tour du véhicule. Julie n'avait toujours pas bougé d'un pouce. Lorsqu'il lui ouvrit galamment la portière et l'invita à en sortir, elle agrippa son sac et sortit en trombe de la voiture en maugréant un rapide « merci ».

- Mais je t'en prie, à lundi Curtis, répliqua Alex en la saluant. On se voit au journal !

Il la regarda cavaler jusqu'à chez elle et disparaître dans la maison avant de retourner dans sa voiture un petit sourire satisfait aux lèvres.

Tout Feu tout FlammeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant