Jour 1

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Jour 1

Cher j̶o̶u̶r̶n̶a̶l̶  carnet de bord, c’est complètement débile ce qu’on nous fait faire. En plus, de devoir me
taper une année entière avec cette bandes de snobs puant le fric et le Givenchy, je dois en plus de cela
garder un carnet de bord avec des entrées détaillant toutes mes activités et l’avancée de ma mission. J’ai
oublié de me présenter d’ailleurs : je m’appelle Alicia Nelson. J’ai 17 ans et je suis née à Leeds le 8 juin
2001. Pour le bien de ma mission à Hamilton High, il va falloir que je me débarrasse de mon affreux
accent anglais et que je m’approprie un accent pire encore : l’accent californien.

Toutes les missions d’infiltration des agents de M.O.L.E (qu’on appelle les Combattants de l’ombre)
sont presque toujours les mêmes et suivent les étapes suivantes :

- Etape 1 : un agent s’inscrit dans un lycée reconnu pour abriter de nombreux harceleurs ;
- Etape 2 : L’agent s’intègre dans un groupe d’harceleurs ;
- Etape 3 : L’agent se débrouille pour que le groupe d’harceleurs stoppent leurs agissements.

L’étape 3 étant vraiment flou, elle nous laisse une certaine liberté mais il ne faut jamais, au grand jamais,
que les harceleurs découvrent la véritable nature de nos intentions. Grâce à cet anonymat, je prends un
certain plaisir à martyriser les harceleurs en sachant pertinemment que je n’en souffrirais pas les
conséquences. C’est ma deuxième mission en immersion mais la première aux Etats-Unis.

Hamilton High c’est très différent du lycée où j’étais avant en mission. Ils n’ont pas d’uniformes, un Starbucks se trouve en face du lycée, pardon, LITTÉRALEMENT en face du lycée. Enfin, pour couronner le tout, il
y a un tas mais un tas de garçons très bien foutus. Ce n’est pas parce que je suis en mission que je n’ai
pas le droit de me rincer l’œil après tout j’ai toute l’année pour la faire cette mission. Pas de temps à
perdre, je me dirige vers le plan du lycée pour trouver la salle de mon premier cours de la journée : art
dramatique. Alors que je peine à trouver sur le plan le numéro de ma salle, je sens un souffle chaud près
de mon oreille et j’entends une voix rauque me dire : « Tu dois être la nouvelle, Lucy Robinson, c’est
ça ? ». Un peu surprise lorsque j’entends mon alias, je mets un temps avant de répondre « Oui, c’est bien
moi. ». Notre conversation se poursuivit ainsi :

- « Cool, moi c’est Joseph Stuart mais tu peux m’appeler ce soir, si tu veux ?»

En voyant mon visage qui ne se desserre pas, il ajoute :

- « Non mais c’est une blague, mes amis m’appellent Joey et tu peux faire de même si le cœur
t’en dit.
- Très bien, Joey.
- Par contre, si tu m’appelles Joey j’ai le droit de t’appeler Lulu.
- Le nombre de syllabes est le même.
- Oui, mais c’est plus fun ! me rétorque – t – il avec un grand sourire.
- Si ça te chante.
- Cool, bon alors, montre-moi ton emploi du temps. » Je lui tends.
« - Alors t’as cours dans le préfa
avec Campbell, tu vas voir il est un peu perché mais très sympa.
- Un peu comme toi alors.
- Ha ! Et encore t’as rien vu ! »

Sur ses sages paroles, Joey me prends par la main, je n’ai pas le temps de protester qu’il m’entraîne dans
une course effrénée jusqu’au préfa. Lorsque nous courrons, je me rends compte qu’il a un dos très large
avec des muscles très saillants et sa main est incroyablement douce. Après 5 minutes de course, nous
sommes enfin arrivés devant le préfa.

- « Votre destination se trouve ici, Milady.
- Merci, Joey.
- Pas de quoi, c’est mon rôle en tant que membre du BDE. Je te laisse mon snapchat au cas où tu
as un problème.
- Je ne suis pas très réseaux.
- Ah, t’as un numéro de téléphone au moins ?
- Oui, ça j’ai. Je lui tends alors mon numéro factice pour l’année.
- Nan, je ne fonctionne pas comme ça, prête-moi ton téléphone. »

Il le prend et s’ajoute de lui – même dans mes contacts.

- « Maintenant si tu as un souci, tu n’as qu’à m’appeler et Joey viendra à la rescousse ! »

Je n’ai pas le temps de le remercier qu’il s’en est déjà allé vers le bâtiment principal du lycée. Je regarde
mon téléphone et vois qu’il s’est renommé « Le Bogoss du lycée », je pouffe de rire et je rentre en classe.
J’ai assez ri avec ce Joey, il est temps de me concentrer sur ma mission. J’ai déjà repéré le groupe des harceleurs. Je m’assois à proximité d’eux juste avant que le cours débute. J’entends déjà les remarques qui fusent à mon égard. Ce n’est pas une bande de Californiens qui va me faire peur, j’ai survécu à bien pire. J’en entends une qui me fait tiquer : « C’est le genre de meuf qui connaît même pas Rihanna, celle-là ». Il est vrai que j’ai adopté un style assez passe partout pour m’infiltrer mais ça me fait prendre
conscience que ces gens-là méritent ce qui va leur arriver. Nous avons une pause de 15 minutes pendant
le cours durant laquelle je fais mine de recevoir un appel. « Allô ? Sean ? Pourquoi tu m’appelles ? Comment ça tu as eu 3 places pour Rihanna dans 3 jours ? Ah d’accord. Et tu veux que j’emmène quelqu’un de mon lycée ? Mais tu sais je ne connais encore personne ça risque d’être compliqué…Je te tiens au courant. »Je jette un rapide coup d’œil derrière moi, l’appât que je viens de lancer à la bande des harceleurs est succulent. Une fille blonde avec un polo Ralph Lauren et une tasse de chez Starbucks
à la main me regarde avec intensité. Ma performance téléphonique aurait dû me valoir un oscar si c’était pour leur faire autant d’effet. La sonnerie de fin du cours retentit et la fille blonde m’attrape par le bras. Je reconnais sa voix, c’est elle qui a fait la remarque.

- « Salut, je t’ai entendu parler au téléphone. Oh mon Dieu ! Tu vas au concert de Rihanna, t’en
a de la chance ! » me dit-elle avec son haleine puant le Pumpkin Spice Latte alors que nous ne
sommes qu’en septembre.
- « Oui, c’est vrai haha mais je dois me débrouiller pour trouver une autre personne puisqu’on a
une place en trop et je ne connais personne » lui dis-je avec un air faussement triste.
«-Mais je peux venir le concert est mercredi prochain, ça nous donnera l’occasion de faire
connaissance !
- Tu ferais ça pour moi ?
- Bien sûr, entre filles, on se soutient !».

La proie vient de mordre à l’hameçon.

«- Au fait, je m’appelle Eleanor Davis et toi ?
- Lucy Robinson.
- Eh bien, Lucy, j’espère qu’on va bien s’entendre ! »

Ah ça, Eleanor crois-moi on va bien s’entendre toi et moi.

On se retrouve la semaine prochaine pour le chapitre 2

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