4

13 1 6
                                    

Emmy et Élise attendaient patiemment leur professeure de philosophie dans un couloir, accompagnées de quatre autres camarades de classe.

C'était un cours d'approfondissement où très peu d'élève s'inscrivaient, ce qui avait l'avantage de le rendre plus ludique et compréhensible, leurs permettant de se sentir potentiellement plus serins face aux dissertations.

Étant de nature plutôt calme, ce jour-ci, Élise se sentait tendue. Était-ce à cause d'Emmy qui semblait très agitée depuis le début de la journée? Ou alors c'était parce que Matthéo assistait lui aussi à ce cours?

Ce serait ridicule on est toujours dans la même classe, je ne vois pas pourquoi cette fois-ci je trouverais ça angoissant et pas les autres fois... se dit-elle de plus en plus perplexe.

D'un autre côté elle avait la mauvaise impression que, bien qu'il soit en pleine conversation avec Lilou, il ne cessait de jeter des regards dans sa direction. Mais ça faisait plusieurs jours qu'il s'amusait à la contrarier de la sorte et elle commençait justement à s'habituer.

Elle prit une grande inspiration en regardant le sol pour détendre ses muscles. Ses yeux se posèrent sur les baskets noires d'Emmy qui tapait du pied et remontèrent sur le visage de son amie qui contrairement à d'habitude, fronçait les sourcils, les yeux dans le vague.

Étonnée de voir que son humeur se détériorait au fil des heures elle allait finalement lui demander ce qui lui arrivait quand les claquements des talons de Mme Ferni se mirent enfin à résonner sur le sol.    

Ça aurait pu être la matière préférée d'Élise si cette grande femme aux longs cheveux bruns, se terminant par d'élégantes anglaises, et aux petites lunettes noires remontées sur son nez aquilin, n'en était pas l'enseignante.

Derrière ce visage de femme de caractère se terrait un esprit tout aussi froid. Elle faisait partie de ces professeurs qui avaient toujours les meilleurs idées pour déstabiliser les élève, espérant qu'au pied du mur ils tenterait de le grimper alors qu'ils n'avaient pas encore acquis les moyens pour y parvenir.

Lors de leur premier cours au début de l'année, elle avait parlé pendant deux heures sur les méthodes à utiliser pour argumenter de manière efficace. Le jour suivant, elle les soumettait à un exercice surprise, les laissant totalement démunis.

En repensant à ce désagréable souvenir, un sentiment d'agacement s'ajouta à la tension déjà présente d'Élise.

La femme tourna la clef dans la porte et laissa les élèves se placer à leurs tables habituelles. Bien qu'ils étaient autorisés à changer de place, ils gardaient toujours les même, ne voyant certainement pas l'intérêt de changer leurs habitudes crées depuis l'école primaire. Mais ce jour-ci, ils n'étaient apparemment pas tous du même avis.

Au lieu de s'assoir sur une chaise du fond avec Lilou, Matthéo s'installa sur la table près de celle d'Élise - qui était normalement inoccupée pendant cette heure - en la regardant de manière insistante.

Elle fit comme si elle ne l'avait pas remarqué, le visage à moitié dans son sac, espérant qu'il cesse de l'importuner.

Une fois qu'elle eu sortie toutes ses affaires et qu'il n'était plus crédible qu'elle fasse semblant de chercher quelque chose au fond d'une poche, elle s'asseyait, le regard fixé sur l'enseignante qui allumait l'ordinateur pour faire l'appel.

Il détacha finalement son regard quand il fut appelé, pour signifier qu'il était bien présent.

-Bien, commença Mme Ferni, imposant tout de suite le respect sur la salle. J'ai prévue de continuer à vous faire faire plusieurs exercices pendant l'heure mais en vue de vos précédentes copies qui étaient quelque peu médiocres, je crois que vous avez beaucoup de choses à revoir. C'est comme si chacun d'entre vous n'écoutait qu'une partie de mon cour. Ce qui signifie que votre travail à tous est plus qu'incomplet. En revanche si j'assemble les dissertations et que j'enlève les plus grosses erreurs, il me reste tout de même une base à exploiter. L'idéal serait donc de vous faire travailler sur un autre sujet mais en binôme en dehors des cours. Ce sera un devoir à me remettre pour dans deux semaines.

De l'autre côté du voileOù les histoires vivent. Découvrez maintenant