Oublie le bruit mais pas la musique

Maniac

Le silence m'entourait.
Le soleil tentait vainement de percer le cocon du sommeil tout autour de moi.
La solitude était ma seule compagnie comme chaque matin mais je m'étais habituée à cette situation. Personne ne s'intéresse à quelqu'un qui ne peut pas passer des heures à lui dire combien il est incroyable ou à lui expliquer les dernières choses fantastiques qui se sont passées dans sa vie.

Mais de toutes façons, il ne se passe pas de choses fantastiques dans ma vie.

Je me levai, étirant les uns après les autres mes différents muscles et articulations, commençant par mon cou et terminant par mes orteils.

Étrangement, malgré des décennies passées dans ce silence, je n'ai pas su en faire mon compagnon de route et j'ai finalement décidé de le combler à l'aide de notes et non de cris.

Je quittai mes vêtements de nuit pour ensuite enfiler mes collants et mon justaucorps. Je pris quelques instants pour m'observer dans le miroir, je n'arriverai sans doute jamais à m'habituer à mon apparence de danseuse, dans cette tenue plus aucunes de mes imperfections n'est cachées. Ma peau extrêmement pâle, presque translucide dans ces vêtements roses clairs, me fait ressembler à un esprit se raccrochant désespérément au monde des vivants.

Pour faire taire les dernières bribes de cauchemars et de doutes de la nuit dernière, je couvris mes oreilles d'un fin casque noire et fis retentir ma chanson favorite.

Just a still town girl on a saturday night, lookin' for the fight of her life.
In the real-time world no one sees her at all, they all say she's crazy.

Locking rhythms to the beat of her heart, changing woman into life.
She has danced into the danger zone, when a dancer becomes a dance.

Et alors commença ma journée, planifiée comme une parfaite chorégraphie. Une arabesque, manger mon petit déjeuner, un grand battement, une matinée de cours à l'université, un tour, rentrer en bus ou en patins, des entrechats, travailler et ainsi jusqu'à ce que le soleil se couche et même bien après.

Seulement, même dans les meilleures chorégraphies exécutées par les plus grands danseurs et danseuses, la chute est possible. Aujourd'hui, ma chute arriva et la danse devint une catastrophe. Cependant, ma chute n'a pas été due à un chausson un peu glissant ou à une mauvaise nuit mais à Nora.

Lorsque l'indifférence est devenu votre quotidien et que vous ne faites plus vraiment attention à la méchanceté et aux moqueries, l'attention et la gentillesse vous laissent un arrière goût presque amer et sonnent fausses à vos oreilles.

Mais, alors que toutes les voix s'étaient tues dans ma tête depuis bien longtemps, résonnant encore parfois comme un brouhaha lointain, la sienne éclata dans le silence si fort que je ne pus l'ignorer. Certains diraient que l'on ne se rend compte qu'un moment à changer notre vie que longtemps après que le changement ait opéré et ce moment là était sans aucun doute de ce type là.

"Mais pourquoi tu ne parles pas ? Les autres sont trop chiants ? Parce que c'est vraiment ce que je pense et c'est franchement une bonne raison selon moi pour faire semblant de ne pas pouvoir leur adresser la parole ! Non ? Ah merde... Désolée tu ne peux peut être pas entendre non plus." Elle accompagna ses derniers mots par un clin d'œil.

Elle continua à me parler mais je ne faisais déjà plus attention à ce qu'elle disait, je ne voulais pas lui répondre et pourtant... Pourquoi pas ? Maintenant que la chorégraphie était anéantie, autant tout tenter.

Ma voix, je ne l'avais pas entendue depuis des années et celles des autres, je ne les écoutais plus depuis longtemps. Mais aujourd'hui, sa voix résonne plus fort que les autres et me donne envie de la suivre.

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Et voilà ce premier chapitre introductif ! Il vous a plu ? N'hésitez pas à me laisser une petite étoile ou un petit message pour m'encourager à continuer ou m'aider à m'améliorer ! 😉
Bisous à tous, mes petits brocolis ! 😘

PS : La vidéo est exceptionnelle... 😂