Cerithiidae

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Oh. Ce fut un léger choc pour Jean, non pas la révélation d'Armin, qui n'était pas si surprenante pour lui, mais plutôt de sentir le cœur de celui-ci tout affolé contre le sien. Le blond semblait vraiment bouleversé, aussi ne sachant que dire, si ce n'était qu'il s'en doutait, Jean resta silencieux. Il oubliait parfois que malgré toute la maturité dont il faisait preuve, son ami était encore bien jeune et n'avait pas toujours vécu dans un milieu aussi impitoyable que la Fosse. Certaines choses pouvaient donc lui paraitre effrayantes même si elles étaient malheureusement habituelles. Une déficience comme celle de Mikasa, entre les bonnes mains, pouvait vite devenir une source de profit considérable. Et les mains de Hitch étaient certainement toutes disposées à en tirer le « meilleur ».

Survivre quoi qu'il en coute était la loi ici-bas Sa capacité d'adaptation hors-norme, couplé à son sens des affaires, avaient sans aucun doute mené la belle brune à la même conclusion que d'autre avant elle. Collaborer restait sa meilleure option.

Il posa son menton sur le haut de la tête blonde et, cherchant un moyen de lui montrer son soutient, resserra simplement son étreinte. Armin sembla apprécier ou du moins il ne le repoussa pas. Tous deux restèrent immobiles un long instant avant que le soldat ne se décide à prendre la parole.

- Tu as parlé de tes doutes à Eren ?

Il sentit le plus jeune secouer vivement la tête, ce qui, étonnement, fit montée en lui un léger sentiment de satisfaction qu'il s'empressa de mettre de côté.

- Je suis content que tu me l'aies dit Armin. Ça doit pas faire que tu bien de garder ça pour toi.

- Je suis surtout désolé de t'imposer mes états d'âmes, soupira le plus jeune.

Il marqua une pause comme hésitant à dire ce qu'il avait sur le cœur. Le cendré attendit un instant avant qu'une voix peu assurée s'élève :

- Et puis si Mikasa a dut en arriver là c'est un peu ma fa-

- T'as rien à te reprocher, le devança Jean. Elle sait ce qu'elle fait, et elle le fait parce qu'elle sait.

- En parfaite connaissance de cause, abrégea le blond.

- Ouais voilà, acquiesça son ami qui avait du mal à trouver les mots justes. Et puis on est sûrs de rien.

- Je suis conscient qu'elle peut gérer, poursuivit le blond, mais des fois j'ai juste l'impression qu'elle pourrait se mettre dans une situation sans issue sans même songer à se reposer un peu sur nous...

- Mikasa veut juste vous protéger, alors peut-être que tu dois simplement être là pour elle. Sous-estime pas le soutien moral que ton frère et toi lui apportez, vous êtes ce qui compte le plus pour elle.

- C'est le quotidien de soldat qui te rend si avisé ? Plaisanta le blond.

- Peut-être. Satisfait d'avoir pu remonter le moral de son ami malgré sa maladresse dans ce domaine, Jean reprit d'un ton plus léger. Si j'étais toi je ne m'en ferai pas pour Mikasa. C'est la dernière personne qui s'attirerait des ennuis sans y être préparée.

Jean sourit pour rassurer son ami et appuyer ses hypothèses, mais il savait qu'Armin faisait rarement des conclusions hâtives. S'il avait surpris des commandes non répertoriées dans le livre de compte de la boutique ou des rentrées d'argent inexpliquées, alors il y avait de fortes chances pour que ses déductions soient correctes. Et il devait en être lui aussi conscient. Mais le soldat savait aussi que lorsque son ami ne trouvait pas de solution à un problème, car celle-ci semblait ne pas exister, il se figeait et tombait dans un tourbillon d'angoisse. Et c'était son rôle de veiller à ce que cela n'arrive pas.

Des Yeux d'EsclaveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant