Sandra (2)

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La dernière fois, j'ai croisé un homme avec un bracelet. Un bracelet de perles en plastique, avec des couleurs dissonantes. Elles se cognaient à sa montre. Du coup j'ai déréglé sa montre. Il n'était pas content. Mais ça n'allait pas, ces couleurs. Alors il a enlevé le bracelet pour la poser sur son bureau, et puis, il l'a oublié. J'ai suggéré un arc-en-ciel en lui grattant la nuque, tandis qu'il était plongé dans ses choses. Sa distraction l'a forcé à regarder par la fenêtre afin de voir le tableau (il était temps) du ciel et de ses harmonies. Il me faudra encore beaucoup de travail avant qu'il ne s'empare des perles pour les arranger. Je me suis senti obligé de lui donner un coup de pouce (qu'il n'a pas senti) avant de laisser une perle florale. Il était bien obligé de casser son bracelet, maintenant, pour y ajouter ma perle.

"Hé, Libule!"

Pas maintenant, je dois bouler du cérumen.

"Libule!

- Mais quoi?!"

C'était Mouton, sur le dos d'un chat comme à son habitude.

"Pourquoi t'es pas à la plage?

- C'est trop loin.

- N'importe quoi !"

Il en profita pour me lancer une touffe de poils, qui eu l'effet immédiat de me faire éternuer trois fois.

En plus ça le fait rire.

"Qu'est-ce que tu fiches avec ce cérumen, aller monte, je t'avance un peu, si tu veux.

- Sérieusement?

- Mais oui j'te dis!"

Mouton est quand même sympa.

"Bah alors faut pas tirer la tronche comme ça, qu'est-ce que t'as?

- Tu vois les tas à côté des machines?

- Oui, dit-il avec un air absent.

- Eh bien en fait personne ne fouille dedans.

- Normal, c'est pour faire le béton."

Il savait.

"Personne m'a rien dit!

- Et tu as croisé beaucoup de monde, en quatre ans?"

Pas vraiment. Mouton était le seul que je voyais parfois, en sortant d'une maison, cachant des choses sous les fauteuils au petit matin.

"Bon mais comment tu fais pour lui dire où il doit aller, à ce chat? En plus si tu l'amènes trop loin je devrais le rendre, alors c'est pas la peine, vraiment.

- Quel gronchon c'est pas possible.

- Si j'étais toi je m'abstiendrais."

Hm, il s'est tu.

Pendant un quart de seconde.

"Des bouts de poisson collants, voilà comment je fais. Je les dépose et les chats les suivent. Parfois je me sers de croquettes molles mais ça marche moins bien.

- Tu as essayé les miettes de pain?

- Trop dangereux, ça attire les oiseaux.

- Ah oui."

Nous gagnons la rue.

"Merci Mouton, mais je vais continuer à partir de là.

- Tu es sûr?

- Oui, regarde ce monde, ça commence à affluer. Je ferais mieux de grandir.

- Outch, tu as raison. C'est encore la meilleure façon de circuler. Tiens, prends cette photo.

LibuleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant