«Tu ne sais jamais à quel point tu es fort jusqu'au jour où être fort reste ta seule option » – Bob Marley7h50 Arrivée au lycée. Qu'est ce qu'il se passe ? Pourquoi tant de monde sur la place, devant le lycée ? Pourquoi ces regards d'incompréhension, affolés ou méprisants ? J'avance.
7h54 Découverte du blocus. Cette dizaine de lycéens qui a bloqué les portes du lycée à 7h20, paraît-t-il. Une dizaine de poubelles empilées les unes sur les autres sont toutes taguées de slogans et paroles. Les étudiants debout dessus mettent de la musique en fond sonore et crient dans un petit mégaphone : " Ne nous regardez pas, rejoignez nous !" . L'une de mes amies, Syb, va aider ces manifestants. Je reste sur la place à observer et réfléchir, prise par le doute et les réflexions. Les terminales distribuent des tracts à tout le monde. Moi, je ne sais pas encore, je comprends leur démarche contre la loi Vidal mais j'ai... peur. Oui, peur... Pas peur de la police qui se marre dans sa voiture en observant cette rébellion. Non, je pense avoir peur d'être jugée...
8h20 Tout à coup, quelqu'un pousse un cri d'avertissement : des lycéens escaladent les grilles sur le coté du lycée, quelques mètres plus loin. Dangereux mais audacieux. Certains des manifestants se ruent vers eux et tentent d'empêcher le mouvement des lycéens ignorants en envoyant quelques œufs. La place se vide d'un coup.
8h30 On commence à tendre du film plastique de poteau en poteau en y écrivant les horaires de manifestation : " Manifestation aux Tanneurs à 10h", "Tous concernés 10h00".
9h00 Départ de la manifestation. Tout est décidé : certains restent pour continuer le blocus, les autres partent manifester dans les rues. Mon groupe d'amis se met à suivre les leaders de la manif. Moi je rejoins mon amie qui cherche les autres. Je lui indique où ils sont. Elle ne voit pas, je l'accompagne. On se retrouve enfin, et finalement, je suis le mouvement. Au début, on dit rien, et puis, entraînées par les bruits des pas et des cris, on commence nous aussi à crier, on se lâche. Un merveilleux moment est en train de se passer. Nous sommes tous solidaires, tous unis dans une même cause. Un sentiment de fierté m'envahit, je suis heureuse de pouvoir partager ça avec mes amis. Nous crions des slogans à tue-tête en entamant notre marche : "Macron rend le pognon, on veut pas ta sélection !!" ou encore " Portes fermées aux intérêts privés, portes ouvertes aux enfants d'ouvriers !".
9h30 Arrivée à la fac ; les étudiants nous rejoignent. Ils sortent des percussions et entament des mélodies fortes. Les gens se mettent à danser ou à discuter pendant que d'autres vont chercher des panneaux en carton taguées des mêmes slogans que nous répétons encore et encore.
10h00 Départ de la fac, on part rameuter les autres restés devant le lycée. Nous sommes maintenant une centaine d'étudiants révoltés qui déambule dans les rues. Nous marchons sur les trottoirs, sur les routes, sur la rame du tramay, en ignorant l'agacement certain des conducteurs.
10h20 Passage devant la préfecture, la TVT est arrivée et nous filme, interview même un des nôtres, un Terminale L, qui fanfaronne auprès des autres lorsque la journaliste s'éloigne. On aperçoit également le micro bleu de la radio de la ville, reconnaissable entre tous. Nous entamons la choré des manifestants, comme nous l'avons appelée ainsi sur le chemin, en criant ces seules paroles " 3 pas en arrière, un pas en avant, c'est la politique du gouvernement. 3 pas en avant, 1 pas en arrière, c'est la politique du manifestant." Puis nous reprenons notre marche. On peut apercevoir que quelques passants "non étudiants" nous ont rejoints. C'est rassurant de constater que nous ne sommes pas seuls dans cette lutte.
11h00 Nous passons devant les autres lycées de notre ville en les incitant énergiquement à nous rejoindre, en reprenant l'éternel " Ne nous regardez pas, rejoignez nous !"
VOUS LISEZ
Recueil d' histoire
RandomPetit recueil d'histoires écrit à plusieurs ou seule pour montrer la réalité ou faire sourire les gens.