to our youth +yoonseok

chapitre quatrième

She's got a smile that it seems to me
Reminds me of childhood memories
Where everything was as fresh as the bright blue sky
Now and then when I see her face
She takes me away to that special place
And if I stare too long, I'd probably break down and cry

sweet child o' mine - guns n'roses

Je n'avais pas revu les gars depuis l'autre fois chez Jungkook, en fait j'étais resté chez moi dans ma chambre à lire et pleurer, tantôt enfoui sous mes couvertures tantôt dans les bras de ma mère. Je crois que ça faisait un mois depuis l'enterrement, on devait être début décembre, il faisait froid mais pas assez pour que la neige couvre les rues alors il ne cessait de pleuvoir. La ville était maussade et ça ne m'aidait pas vraiment.

J'étais resté dans cet état pseudo végétatif encore deux ou trois jours puis ma mère avait dû rentrer à Daegu. La veille de son départ on l'avait passée ensemble, comme quand j'étais petit et qu'on passait nos dimanches en famille avec papa aussi. Elle m'avait fait des cookies et je lui avais joué du piano parce que je savais qu'elle aimait beaucoup ça. Dans l'après-midi, elle m'a convaincu de faire de la peinture. Elle a peint un paysage dans un style impressionniste et j'ai fait son portrait parce que je l'ai trouvé si resplendissante qu'il me fallait encrer cette image avant qu'on se quitte pour de longues semaines. Elle était concentrée sur sa toile, de la peinture rose, bleue ou encore verte plein les doigts, ses cheveux noirs attachés en un chignon lâche et ses yeux profonds lui donnaient un air doux et je me suis senti bien cette après-midi là. Jungkook était toujours là bien sûr, dans un coin de mon esprit, en permanence mais j'ai eu l'impression qu'il m'avait accordé quelques heures de répits.

Le soir alors qu'on était assis sur mon canapé, un drama à la télé et une tisane au ginseng si chaude qu'elle m'avait brulé la langue, je me suis rendu compte qu'elle allait bientôt me laisser et un chagrin inexplicable m'a pris, comme une angoisse intense, je ne voulais pas être seul à nouveau. Je ne voulais pas errer avec moi même dans cet appartement qui me donnait le vertige. Alors quand bien même j'était soulagé qu'elle s'en aille parce que j'avais peur de la déranger (elle s'entêtait à me dire que ce n'était pas le cas), parce que mon père avait perdu « son fils » et qu'il était seul à Busan et dans son bureau à la banque et peut-être que finalement moi aussi j'en avais besoin. Tout relâcher. Elle a vu que ça n'allait pas et, les yeux bordés de larmes que je m'efforçais de garder pour moi, je me suis blotti contre elle. Elle allait quand même me manquer.

Je l'ai raccompagné à la gare en métro parce que je n'avais pas de voiture, je tirais sa valise dans les rues alors qu'on était enveloppé dans un silence lourd. Avant de monter dans son train elle m'a pris dans ses bras en me disant que si j'avais besoin je n'avais qu'à appeler puis elle m'a souri à travers la fenêtre avant le départ. Je n'ai pas réussi à lui rendre son sourire.

Enfin, après deux jours de solitude je me suis forcé à sortir parce que depuis que maman était partie je ne mangeais que des chips et des bonbons et j'avais eu, le matin même, la désagréable impression de mon le volume de mon appartement avait diminué de moitié. La pluie avait cessé laissant les rues luisantes et les parcs détrempés. Je suis juste descendu à l'épicerie du coin acheter du riz et des ramens mais j'ai eu l'impression de redécouvrir le monde après des années d'isolement. L'homme à la caisse m'a lancé un regard persistant mais je n'ai pas réagi et je suis sortit avec mes courses. Sans m'en rendre compte, mes pas m'ont mené jusqu'au fleuve Han et je suis resté debout, immobile à contempler l'eau grise de pollution s'écouler avec vigueur. J'ai pensé que je pouvais sauter et ça m'a fait rire je ne sais pas pourquoi. Les nuages se reflétaient dans l'eau, il était dix-sept heures et la nuit commençait à tomber, l'ambiance du lieu m'a fait pensé à Namjoon je ne sais pas non plus pourquoi. Je lui ai dis de me rejoindre et il m'a répondu qu'il se mettait en route.