Honey And Lemon

Chapitre X: Les fragments de la famille royale

Le temps semblait s'être arrêté dans le petit salon où le roi, la reine, Raylan, Akim et moi prenions le thé, tant toute la salle était figée en fixant la porte d'entrée. Même les portraits accrochés aux imposants murs de la salle semblaient interroger du regard les deux chevaliers, qui venaient d'entrer.  

Akim paraissait, cependant, ne pas appartenir à cet étrange décor, car il était le seul à grignoter des pâtisseries sans se soucier des nouveaux arrivants.

Les chevaliers firent leurs révérences avant d'annoncer solennellement :

«- Edwin Reid Leontari, second prince du royaume d'Aurum, comte de Bom.»

Edwin s'avança d'une démarche tellement fière que je le reconnus à peine. Il esquissa ensuite une élégante révérence et vint s'asseoir à côté de moi. Son visage était calme et ne laissait paraître aucune émotion particulière.

« - Vous voilà enfin Reid, constata le roi. Nous avons pourtant...

- Oh, père, interrompit Raylan si habilement  que le roi ne sembla  pas offensé que son fils l'ait ainsi coupé dans ses propos. Il est vrai qu'Ed arrive au bon moment. Il sera très heureux de savoir qu'Ira apprécie le portrait de Fay, ne croyez-vous pas ? Il a toujours dit que c'était son préféré.

- Ah bon ? Et pourquoi donc ? Demandai-je à Edwin.

- J'aime bien les œuvres de ce peintre en général. Cependant, celle-là n'est pas ma favorite. Je dois avouer que je préfère le portrait qui était accroché ici avant celui de Fay. Il était pour le moins... Magnifique.»

Un son aigu retentit au sol. La petite cuillère de Raylan venait de lui échapper des doigts. 

« - Allez-vous bien? Interrogea Akim entre deux bouchées.»

Raylan hocha lentement la tête en guise de réponse.

«- J'étais certaine que vous préféreriez le portrait qui a été décroché de ces murs, articula la reine d'un ton impénétrable. Vous ruminez trop le passé. Vivez dans le présent, très cher prince.»

Edwin ouvrit la bouche comme pour répondre à la reine, mais cette dernière reprit la parole avant que son fils ne puisse dire un seul mot.

« - Votre majesté, dit-elle au roi, n'est-ce pas l'heure de votre rendez-vous avec Darell ? Vous lui avez confié quelques missions dont il devait vous faire le rapport avant le début de votre réunion avec les ministres. Le brave garçon doit déjà être dans votre bureau à vous attendre.

- Vous avez tout à fait raison, Elaine. Il est temps que je rejoigne mon neveu. Irina, Akim, continua-t-il en se tournant vers  nous, ce fut un plaisir de partager cet instant avec vous, mais je me dois de m'en aller.

- Le plaisir est partagé, répondit Akim. Que Triosshka bénisse votre réunions. 

- Je suis vraiment navrée, très chers, mais je me vois contrainte de retourner à mes appartements, ajouta la reine. Voyez-vous, je suis prise de quelques malaises. Il me faut m'étendre.

- Oh, allez-y le cœur léger, répliquai-je malgré mes doutes quant à l'existence réelle de ce soudain malaise. J'espère que vous irez bientôt mieux. »

La reine adressa un sourire à Raylan, puis quitta la pièce avec son époux. 

J'avais le sentiment qu'elle avait inventé une excuse pour éviter de discuter avec Edwin plus longtemps. Que pouvait-il bien s'être passé pour qu'une mère cherche autant à éviter son propre fils ? 

Je voulus interroger Edwin, mais cela semblait trop indiscret, alors je me retins.

« - N'avons-nous pas des montures à choisir pour le jeu de cet après-midi, Raylan ? Demanda mon frère.