XXII_ all night

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"Aime-moi comme si demain n'existe pas."

Son coeur avait frappé si fortement contre sa cage thoracique qu'il croyait que son souffle finirait par céder. Il ne savait pas comment ces mots sont sortis de sa bouche, comme s'il s'agissait d'un lapsus révélateur agité par son inconscient mais il ne retirera pas ses paroles, surtout maintenant que les yeux de son bien-aimé s'alignaient aux siens.

Il pouvait sentir ses grandes paumes sur ses épaules, il pouvait compter le nombre rétrecissant de centimètres qui les séparaient, il pouvait voir ces émotions en feu au creux de ces pupilles aimées et surtout, il pouvait ressentir clairement cette sensation tout aussi bizarre que révélatrice au fond de son ventre, fleurissant entre ses tripes, s'y installant quasi-définitivement le temps d'un instant à chérir pendant toute une vie. Il n'était pas une proie, il n'était pas soumis au sort qui l'attendait, il n'allait pas l'être ou du moins, il ferait tout pour ne pas l'être cette fois-ci et faire de son amant une victime de toute cette maudite mascarade qui ne tarderait pas à se répéter.
Foutaise, ses parents ne pouvaient-ils pas l'accepter et comprendre ses choix et sa volonté d'être heureux?

Cependant, lorsque ces lèvres si douces et cajoleuses arrivaient à frôler les siennes, il savait au fond de lui que ses parents ne pouvaient le comprendre parce qu'ils ne ressentaient pas ce surplus d'émotions, cette adrenaline pulsant dans ses veines, ce désir ardent et passionné d'obtenir plus quite à ne faire plus qu'un comme les âmes soeurs du mythe d'Aristophane en une version plus contemporaine.

Il s'en sentait terriblement chanceux, honoré d'être témoin d'une telle délicatesse, d'un tel amour ardent et pur.

Lentement, Hoseok posa sa paire de lèvres sur les croissants pulpeux de Jimin, leurs yeux se fermant simultanément à l'engagement de cet acte symbolique dont la résultante n'était qu'euphorie et liberté, plaisir et satisfaction. Ces lèvres douces que le tatoueur ressentaient étaient tout ce dont il avait besoin pour se relaxer, pour oublier momentannément, pour s'apaiser et se sentir maitre de la situation, assuré que tout ira pour le mieux. Il y retrouvait paix intérieure, il y retrouvait le goût de son enfance, ses caprices, ses sottises aussi. Il se sentait redevenir le petit Hobi, sensible et gai, croquant dans la vie à pleine dents, plein de bonne humeur et d'insouciance, il se retrouvait inondé de souvenirs, de sensations, d'un il ne sait quoi d'harmonieux et de plaisant au fond de lui.
Quant à Jimin, ce dernier signait aussi subitement un armistice avec ses démons, ses pensées plus tôt dépressives et dangereuses glissaient au loin de sa cervelle même si le rythme que Hoseok prenait l'inquiétait presque.

Il l'embrassait tellement lentement, et tout comme la première fois, Jimin avait cette impression d'adieu, d'abandon, comme si le plus vieux s'apprêtait à lâcher prise, comme s'il rendait son dernier souffle et tenait à communiquer avec passion ses émotions.

" Ne t'en vas pas..."

C'etait la voix d'Hoseok qui se glissa jusqu'à ses tympans le temps d'un souffle, une tonalité peinée et douloureuse, pleine de regret, telle une douce demande finale, étoffée d'un brin d'espoir enseveli.

Les mains de Jimin tremblaient.

Ses mains tremblaient et pourtant, cela ne l'empêcha pas d'encercler la taille du tatoueur, délicatement, rien que pour l'approcher d'avantage de lui, incapable de répondre verbalement aux paroles du brun en raison du surplus d'emotion qui lui nouait la langue. Il voulait que ce moment dure pour l'eternité, il souhaitait du plus profond de son coeur qu'ils finiraient glacés à jamais, figés ainsi tels des statuettes, tels des monuments exemplaire parce que ça, c'était quelque chose qu'il avait cherché partout.

Il avait fréquenté de tout et de rien, des filles de tout genre, des hommes de toute origine, il avait passé des nuits endiablés avec quiconque, et ce malgré ce sentiment de vide, cette recherche inachevée qui le poussait à changer de partenaire même si bien souvent, il se faisait avoir d'avance.
Il ne voulait que lui, il ne voulait plus rien du monde.

road to happiness ¤ jmhsk.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant