XX_ decision

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Le bruit des gouttelettes de pluie fouettant, ruiselant le long de la surface transparente accompagnait ses petits halètements, ses couinements à en déchirer le coeur. Sa couverture sur ses épaules à l'étroit, courbées en une posture de protection, il ne se serait rendu compte que ses larmes coursaient au plus vite les gouttes d'eau à l'extérieur s'il ne commençait pas à pomper rudement l'air de la pièce.

Il ne restait de Jimin que des miettes de sentiments positifs, de fortes sensations familières dont une bonne dose de culpabilité et d'angoisse.

Il savait qu'il allait endurer une crise dans quelques moments s'il ne se calme pas, si sa respiration ne redevient pas régulière et si la douleur âpre chouinant son intérieur ne baisse pas d'un cran. Ses traits dolents se mariaient bien avec l'atmosphère morose que le temps annonçait, le ciel pâle et les nuages acclamés par les grognements des cieux. Un éclair traversa la fenêtre, illuminant sa petite chambre le temps d'un souffle, craquant d'une lumière aveuglante l'entité de ses pupilles brunes. La dernière fois que Jimin vit l'horloge de sa chambre, celle-ci affichait dix-sept heures et pourtant, le plafond de la Terre s'avérait tourner aux nuances sombres nocturnes, les rues étaient vides, presque mortes comme si tout autour de lui n'était qu'inerte depuis le début, comme si toute sa vie n'était qu'une illusion, qu'un décor rassurant son petit coeur sensible.
Le rosé ne voulait pas bouger d'un grain, son corps lui faisait tellement mal à croire qu'il était frappé par une avalanche de rudes coups aux cotes et jambes. Il se perdait une énième fois dans l'étroit couloir de sa conscience, rêvassant eveillé, ruminant dans ses draps et ses pensées pour comprendre vers où son avenir le menait-il, mordant l'intérieur de ses joues pour se sentir vivant comme toute matière, se grattant inconsciemment l'avant-bras comme s'il pouvait défouler toute son incompréhensibilité, tout son mal-être sur lui-même.

Parce qu'il se sentait coupable, il se sentait terriblement coupable.

Peut-être que le cours des évènements ne se serait pas déroulé à contre sens de ses désirs s'il aurait parlé plus tôt, peut-être que tout aurait été différent s'il n'avait jamais mis ses pieds dans la boutique de tatouage et de piercings, peut-être que ses parents ont raison, qu'il devrait fonder une famille, trouver serenité et stabilité auprès d'une femme et d'un enfant. Peut-être qu'il n'aurait pas dû tenir sa main et l'emmener vers la boutique du fleuriste, vers l'incipit de toute l'histoire, d'aussi bonne volonté. Il aurait dû accepter l'offre de son père qui avait cette ferme motivation de l'envoyer étudier à l'étranger, peut-être serait-il en ce moment même à New York, se baladant avec un sourire coquin sur les lèvres. Il devait devenir plus masculin, plus "Homme", plus intimidant et plus arrogant comme sa génitrice le lui recommandait d'une voix quemandante, peut-être qu'il aurait pu le repousser même si sa chaleur s'infiltrait en lui comme un besoin fondamental, peut-être qu'il lui aurait changé d'avis, peut-être qu'il aurait compris ce qui l'a changé autant.

Il ne pouvait même pas prononcer son prénom de sa petite voix dans sa tête, il finirait par redoubler de tristesse.

Jimin se sentait mal à l'aise, il avait chaud sous sa couette et pourtant c'était ce qu'il recherchait: de la chaleur aussi artificielle qu'humaine, une sensation de réassurance. Il ne savait pas si Hoseok allait accepter de l'entendre, s'il le reprendrait dans sa vie malgré tout, s'il choisirait une telle ordure, un perdant, une erreur de la nature, un gamin paumé comme lui, à la place d'une belle fille ou d'un garçon plus mûr. Lorsqu'il se regardait dans la glace, il n'y voyait que de grosses joues de bébé, des yeux gonflés pitoyablement, une peau terne et laide, un menton rond qui n'a rien d'attirant, autrement dit, il ne se voyait plus de la même manière, il avait l'impression de s'être gâché l'existence de ses propres mains. Il se dégoutait tellement, oui, au fond de lui il ne voulait plus de ce petit corps faible, de ce visage banal, de ces cheveux décolorés, sa mentalité le répugnait, sa personnalité n'avait rien de cohérent, plus rien n'allait, plus rien n'était comme avant.
Tout ca, c'était de sa faute.

road to happiness ¤ jmhsk.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant