« Alors on est quoi pour toi ? Des anims, des responsables ou des amis ?» La phrase de Fanny me percuta une seconde fois, je baladai mon regard sur toutes les personnes autour de moi, effectivement cette question n'était adressé que pour les animateurs mais la réponse était déjà claire dans ma tête et elle touchait toute la ferme.
« Ma famille. Quand j'étais petite vous étiez comme mes grandes sœurs/grands frères, maintenant vous êtes plus comme mes frères et sœurs du même âge voir plus jeune. » J'avais fini ma phrase en regardant Fanny, elle rigola doucement et valida ma réponse. Je vis du coin de l'oeil Sebastien, Manu, Mathieu et Antoine sourirent et donner des raisons sur la véracité de mon choix. Je sentis la présence de Clémentine arriver derrière moi pour s'installer à mes côtés et mon regard se dirigea vers les autres qui dansaient encore sous la tonnelle. Je me retournai alors vers Fanny et Seb pour appuyer mes propos, en leur faisant remarquer que je les avais vu grandir et que j'étais tellement fier d'eux, Seb rigola et Fanny me suivit en lui faisant remarquer que, eux aussi m'avaient vu grandir, je souris doucement. Un cri retentit « Football dans le manège ! » Clémentine se releva et accompagna la masse qui se précipitait vers le manège. Alors que je la suivais des yeux j'entendis Seb râler sur le fait qu'il était tard et qu'il voulait allé dormir. Après avoir terminé mon petit discours de remerciement à ces merveilleux adultes, mon regard se perdit dans les flammes qui virevoltaent devant moi. Mes yeux se fermèrent sur l'image du feu et un sentiment de tranquillité me gagna. Doucement les souvenirs de cette semaine me revinrent, virevoltant autour de l'image net du feu que j'avais encore en tête. Des voix me parvinrent, des cris, des rires et une personne exprima juste à coté de moi l'envie générale d'aller se coucher. Je rouvris les yeux, fixant encore le petit brasier présent devant moi, celui-ci n'allait pas tarder à s'éteindre emportant avec lui l'énergie de la ferme. D'une voix faible j'avertis que j'allais chercher la bande qui s'était éloigné pour aller jouer au foot, je me relevai en douceur, dégourdissant mes jambes puis je pris le chemin du manège, m'enfonçant dans la noirceur de la nuit. J'étais seule sur la petite route en cailloux blanc, je m'arrêtai un instant et pris une forte respiration avant de monter en haut de la petite butte. Une fois en haut mon regard se dirigea vers ceux qui chahutaient dans le manège, ce dernier était éclairé d'un simple spot et de cet endroit s'échappait de nombreux cris de joie ou de rage et de rire, je souris et m'assis sur l'herbe. Mon regard se dirigea dans l'autre direction, de là où je venais. Quelques personnes s'affairaient à ranger le matériel électrique tandis que d'autres s'occupaient à éteindre le feu. Mes yeux se refermèrent sur la lumière des flammes tandis que je m'allongeais sur cette butte, les images me revinrent alors en tête, les souvenirs de cette magnifique semaine remplir mon esprit, mon coeur et mon corps. Je rouvris les yeux et fixai le ciel, les étoiles étaient parfaitement visibles et la lune était pleine. Cette lune était magnifique et reposante, elle me rappela cette discussion que j'avais eue plus tôt dans le pré des ados avec Lou-Anne, Melanie et Laïs, « ma famille » avais-je di tout haut. Cette discussion, coupé du monde comme cet endroit, sur notre nuage, dans notre paradis, m'avait fait réaliser quelque chose. Je souris alors que j'entendais d'autres rires, j'en reconnaissais beaucoup et je les connaissais maintenant par coeur. Mon coeur s'emplit alors de différentes émotions qui vouait un combat passionné pour prendre le dessus, je sentais mon coeur se déchirer par moments pour qu'il se reconstruise quelques millièmes de seconde après. Alors que je contemplais la lune plusieurs voix me revinrent en tête, « on est comme..une famille », « on vous a vu grandir et vous nous avez vus murir », « Aulot vous a réuni mais Aulot ne doit pas vous séparer »..Aulot...Aulot...
«Aulot.
-Aulot, merci, merci de m'avoir accueilli, merci de m'avoir aidé à grandir, à mûrir, merci d'avoir développé ce qui est bien chez moi, merci d'avoir été ma deuxième maison et l'endroit où je me sens le plus bien. Aulot, merci de m'avoir fait rencontrer tout ce beau petit monde, merci de les avoir mis sur mon chemin, eux qui sont aujourd'hui des personnes vitales pour moi, merci de les avoir aidés comme tu m'as aidé moi. J'essaye de faire tout mon possible pour les voir sourire, ils méritent tout ce qu'il y a de mieux au monde pour m'aider à aller de l'avant. Merci de m'avoir fait rencontrer la merveilleuse team de direction que j'ai vu autant mûrir que eux m'ont vu grandir, continue d'évoluer avec eux, ils sauront te porter, te greffer de nouveaux poumons pour que jamais tu ne t'arrêtes de respirer, et je ne doute pas sur le fait que tu leur rendras. Aulot, merci de m'avoir fait rencontrer des individus tous différents mais tous portés par leurs rêves, leurs buts et leurs convictions, merci de les avoir rendus heureux malgré leur part de tristesse parce qu'après tout on en a tous non ? Merci de nous aider à oublier ce qui nous fait mal et de nous revigorer assez pour les contenir ou même les battre lors de notre retour à la réalité. Aulot, continue d'accueillir en ton sein des enfants tristes, heureux, tourmentés, simple, blessés, extravertis ou introvertis, des enfants qui ont une vision du monde sans égal, qui espèrent pouvoir le changer, qui espèrent que demain sera mieux que hier et qu'aujourd'hui ne pourrait ne pas avoir de lendemain alors il faut profiter de chaque moment et vivre en regardant le ciel. Continue de les aider à aller de l'avant et continue de les transformer en personne bien, intéressantes, pleines de vie et d'amour. Je te dis adieu en tant que Cléo, l'enfant tourmenté, triste, introvertis, blessé que tu as accueilli il y a 10 ans, tu l'as métamorphosé, tu l'as fait survivre et tu l'as fait rêver, merci encore pour ça, je ne peux pas te promettre que cet enfant est mort, il fait partie de moi et je ne pense pas qu'il s'effacera un jour, tu l'as cependant atténué lorsqu'il reprenait le dessus que ce soit par la promesse de mon retour prochain en ton lieu ou par les personnes formidables que tu as mis sur ma route. Je me sens capable de m'en aller sans lendemain en ton sein, je me sens porté par ton entité et je me sens presque soulagé. Aulot, merci. »
J'avais déblatéré tout cela à voix haute, mon regard fixé dans les étoiles, les larmes glissant le long de mon visage s'écrasant dans mon cou. Je pris une longue respiration avant de me relever, peu à peu les cris me revinrent aux oreilles, un sourire m'échappa alors que le combat des émotions dans tout mon corps s'atténuait. Je me dirigeai alors vers ce manège, mes yeux rencontrèrent ceux de Lou-Anne qui me sourit, les yeux rouges, combattant le même état d'esprit. Je saisis d'une part sa main et de l'autre celle de Melanie qui supportait les joueurs de foot dans le manège, mon coeur battait tellement fort alors que je regardais chaque personne présente dans cet endroit. On prit alors tous ensemble la direction de la bergerie.
J'étais allongé dans le noir, la voix d'Axel retentissait dans la pièce calmant les esprits. Je me sentais bien là, entouré de personnes merveilleuses, talentueuses, brillantes. J'avais les yeux fermés mais j'avais l'impression que mon âme, mon coeur ou mon esprit rejoignait mes amis. Sur ma gauche, Lison et Léna respiraient doucement à défaut de Melanie qui se trouvait juste au-dessus de moi. Clementine reposait sur mon autre côté bougeant de temps à autre, Lou-Anne elle se trouvait un peu plus loin. Un sourire s'étala sur mon visage, j'adorais m'endormir à leurs côtés, c'était quelque chose qui me laissait toujours un vide plusieurs semaines après, les nuits étaient plus longues et bien moins amusantes sans eux. Axel s'arrêta et mon esprit divagua alors, j'aurais tellement voulu les remercier, chacun leur tour, tous ceux présent non pas seulement dans la pièce mais dans la ferme et aussi ceux que j'avais rencontré ici mais qui n'était pas là à ce moment mais avec qui je parlais encore. Clem bougea, me ramenant à la réalité et je m'endormis avec dans la tête les souvenirs de cette semaine, les promesses de demain et mes nombreux remerciements pour chacune de ces merveilleuses personnes.
« Merci, d'avoir enchanté ma vie. »
Debout devant la route, entouré d'amour, une jeune fille faisait face à demain. Quelque chose avait changé, le temps souriait, aucun nuage à l'horizon. La jeune fille agrippa les manches du ciré jaune emprunté, elle sourit, le visage plein de larmes à la route qui se trouvait devant elle, tournant le dos à son paradis. D'un coup, la jeune fille se vit renverser puis engloutir par les personnes autour d'elle la noyant dans leur amour. Lorsqu'elle reprit connaissance elle se trouvait dans une voiture, le paysage défilait et peu à peu elle se sentit atterrir. La fille tira sur les manches du ciré en imaginant les sourires de sa seconde famille avant de s'apercevoir qu'elle ne l'avait plus, elle regarda alors le soleil qui tapait fort sur les champs et elle sourit.
"Enfin tu as décidé de me quitter".
2019
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le bordel
Randommon histoire tracée par un ciré jaune (destiné à ceux qui se reconnaîtront)