CHAPITRE 3

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Teen Idle de Marina & The Diamonds



Une main vient tendrement caresser le duvet entre mes pectoraux, m'arrachant ainsi à ma rêverie. Je tourne la tête vers la jeune femme qui s'évertue à me coller telle une sangsue. Nos peaux sont si proches l'une de l'autre qu'elles pourraient se souder par la sueur de nos précédents ébats et ne faire plus qu'une. Je parie d'ailleurs qu'elle en rêve. Mais moi, je veux plus d'espace, plus de liberté. J'étouffe dans ses bras possessifs en quête d'un amour que je ne possède pas. Qui n'arrive pas à - et que je ne veux pas - germer dans le creux de mon cœur.

《 Mais as-tu un cœur, Eden ? 》

Je m'écarte de ce corps devenu trop envahissant et m'assois sur le bord du lit. Mon geste ne doit guère plaire à Ania car ses doigts viennent lascivement remonter mon épine dorsale avant que ses seins ne se pressent contre mon dos. Je sens son souffle chatouiller mon oreille et me demande une fraction de seconde combien de souffles ont déjà caressé la fine peau de ma nuque. Beaucoup trop selon Peter.

- Ça ne va pas ?

Sa voix suave tente de m'amadouer, de m'enrober dans sa douceur mielleuse mais tel un papillon pris dans une toile d'araignée, je me débats. Battant désespérément des ailes pour se libérer des fils blancs qui l'entravent.

《 Personne ne veut te perdre mais nous savons tous que c'est ce qu'il va arriver. Car tu es libre comme l'air, allant et venant comme bon te semble. Sans attaches. 》

Mais Peter ne vois-tu pas ces fils blancs ? Ils me relient à vous et j'aurais beau vouloir m'en défaire - ou du moins tenter de faire comme s'ils n'existaient pas - ils me relieront à tout jamais à vous. A la vie à la mort Peter, tu le sais pertinemment.

- J'ai juste chaud. Alors ne te colle pas trop à moi, je sue comme un porc.

Tandis que je passe une main dans mes cheveux poisseux, elle se recule, comprenant que je ne suis pas d'humeur à discuter. Derrière mon épaule, je perçois quelques frottements de tissus avant qu'une Ania vêtue simplement d'une culotte et d'un débardeur ne me fasse face, les poings sur les hanches. Avec ses courts cheveux noirs ébouriffées, ses yeux verts en amande qui me toisent froidement et sa peau café au lait, elle me fait penser à une tigresse. A une tigresse enragée.

- Je pense que sortir maintenant est une pure connerie.

Je lâche un soupir désabusé et me laisse tomber en arrière.

- On en a déjà discuté !

- Faux : j'ai essayé de t'en parler mais à peine ai-je ouvert la bouche que tu m'as sauté dessus !

- Tu n'avais pas l'air spécialement contre.

- Écoute, c'était une bonne... Très bonne diversion. Corrige-t-elle en croisant mon regard lubrique. Mais il faut qu'on en parle.

Dans le creux de mes entrailles, je sens une colère poindre le bout de son nez et je me redresse pour lancer à une œillade agacée à Ania, lui partager si généreusement mon début de mauvaise humeur. Pourquoi veulent-elles toujours se mêler de ce qui ne les regarde pas ? Ne voient-elles pas que cela ne fait qu'empirer les choses ?

Plus tu creuses, chérie, plus la terre sur laquelle tu t'acharnes durcit, devient même hermétique à chacun de tes coups de pelle.

- Et pourquoi donc ? C'est ma décision, pas la tienne ! Ça ne te concerne en aucun cas et je ne t'ai jamais demandé ton avis. Alors fiche-moi la paix.

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