10 avril 2019

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Cher Lastalaica,

Aujourd'hui, à midi, j'étais au théâtre, comme tous les mercredis midi, et j'y ai revu une vieille connaissance. Il faut que je te raconte ça, alors « reprenons depuis le début ».

La journée a commencé normalement si ce n'est que nous n'avons pas eu d'allemand car notre prof est en voyage d'étude, ce qui n'est pas pour me déplaire.

Attention, j'aime l'allemand mais j'ai beaucoup de peine avec ce prof, mais bref c'est pas le sujet.

Alors c'était une journée normale, disais-je, jusqu'au théâtre. Je suis arrivée, comme d'habitude, avec beaucoup d'avance et je me suis assise sur les escaliers pour lire. Le cours d'avant s'est terminé et je suis entrée dans la salle. Petit à petit, les autres sont arrivés et comme d'habitude c'est parti en grand n'importe quoi.

Jusque-là tout va bien.

Puis on a commencé à travailler la pièce qu'on va jouer vers la fin de l'année.

Au début, tout se passait bien et on avançait même plutôt bien, mais vers 13h il y a quelqu'un qui est entré comme une furie, claqué la porte derrière lui et dit :

- "Faites comme si je n'étais pas là."

J'avais l'impression d'avoir déjà entendu cette voix et Zia s'agitait au fond de moi, alors je me suis levée pour voir qui c'était puisque j'étais assise par terre, derrière une table.

Zia s'est encore plus agitée quand je l'ai reconnu et j'ai titubé. Je me suis rattrapée in-extremis à la table. Aïden qui répétait son texte avec moi m'a aidé à ne pas tomber et m'a demandé si ça allait. Je ne lui ai pas répondu et j'ai avancé vers l'homme en le fusillant du regard, j'étais concentrée pour retenir Zia.

Lui, quand il m'a vu il a froncé les sourcils, a regardé ses mains, puis moi, puis de nouveau ses mains et il s'est retourné et s'est enfui.

Je me suis mise à lui courir après. Mes pensées sont floues je suis mon instinct et en descendant les escaliers, tout à coup je saute et laisse sortir Zia. Je plaque l'homme par terre et grogne le plus fort que je peux en lui montrant mes crocs.

Paniqué il a baragouiné quelque chose du genre :

- "Promis je me rends... j'arrête tout.... Je dirai où je l'ai caché... j'ai tué personne... ça c'est pas moi... j'ai juste eu peur c'est pour ça que je me suis enfui... je dirai tout promis... me tuez pas... j'avouerai... laissez-moi..."

J'ai arrêté de grogner et Zia est repartie. Une fois humaine à nouveau j'ai demandé :

- "Et vous vous enfuirez plus ?"

L'homme a acquiescé et je me suis relevée. Dès qu'il l'a pu il est sorti de l'immeuble et s'est dirigé vers des policiers qui patrouillaient par-là, peut-être même qu'ils le cherchaient.

Moi, j'ai repris mes esprits et je me suis tournée vers les escaliers pour retourner au théâtre et j'ai vu Aïden qui était figé en me regardant, bouche-bée.

On se regarde pendant un moment puis Lily est arrivée avec mes affaires, m'a examinée sous toutes les coutures pour être sûre que j'allais bien et, rassurée, m'a dit :

- "C'est l'heure tu vas être en retard."

J'ai pris mes affaires et j'ai regardé Aïden. J'avais peur qu'il le dise à tout le monde et j'étais terrorisée par ce qu'il pouvait penser... Il a dû le lire dans mon regard, parce qu'il m'a dit :

- "Je dirai rien"

Je lui ai fait un petit sourire crispé. J'avais toujours peur, parce qu'il n'a montré aucune émotion en disant ça...

Puis je suis partie et à part cette angoisse qui ne m'a pas quittée de la journée, il ne s'est plus rien passé.

Je t'avais oublié chez moi ce jour-là, mon cher Lastalaica, c'est une des raisons pour laquelle je colle cette feuille que maintenant dans le joli petit journal que tu es. Je sais, j'aurais pu la coller directement en rentrant mais je voulais reparler le plus vite possible avec Aïden du coup ça m'est sorti de la tête et ces vacances j'ai eu beaucoup de choses à faire et je n'était pas non-plus chez moi du coup je te transmets tout d'un coup.

L'avantage c'est que j'ai pu reparler avec Aïden depuis, et donc je peux aussi te raconter ça.

On s'est retrouvé par hasard dans le train, c'était le mardi de la première semaine des vacances je crois, ça fait le 16 avril. j'ai pris le train et il est monté deux arrêts plus loin. On s'est regardés et il a eu une petite hésitation mais il est venu s'assoir en face de moi. On a commencé par le banal « salut, ça va ? » et ensuite il a demandé :

- "Tu es un loup garou ?"

- "Non, enfin je crois pas..."

- "Comment ça ?"

- "Elle ne vient pas à la pleine lune"

- "Qui ça elle ?"

- "Zia, c'est le nom de ma louve."

- "Ah... et tu choisis quand tu te transformes ?"

- "Non, je crois que c'est quand mes amis sont en danger"

- "On était en danger au théâtre ?"

- "Sur ce coup-là, je ne suis pas sûre mais ce gars peut être dangereux du coup Zia a réagi au quart de tour pour être sûre qu'il ne vous arrive rien"

- "Zia et toi... vous êtes comme 2 personnes coincées dans un seul corps ?"

- "Pas vraiment, on se complète, on est la même personne, c'est comme 2 façons de penser différentes, une où je suis uniquement, ou presque, mon instinct et une où je réfléchis un peu plus. Qu'est ce que tu penses de tout ça ? Tu as peur de moi ?"

- "Non, je trouve ça fascinant. Et tu restes mon amie quoi qu'il arrive."

Je souris rassurée et un silence plane quelques instants. J'ai bien les silences avec lui parce que ce ne sont jamais des silences gênants. Après un petit moment de réflexion il lâche :

- "Il ne faut surtout pas que tout le monde soit au courant, sinon tu vas te faire enfermer pour que des psychopathes fassent je ne sais quelles expériences débiles."

On a continué à parler un moment et je lui ai dis que je voulais essayer de mieux contrôler les sorties de Zia. Il pense aussi que ce serait une bonne idée et m'a proposé des exercices de méditation pour essayer de communiquer avec elle.

On verra bien ce que ça donne, mais pour le moment je sis un peu débordée de boulot du coup j'essaierai dès que j'aurai un peu plus de temps.

À la prochaine, mon cher ami♡

Zia et moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant