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{Jimin}

" Fiston es-tu prêts ?" Hurla son père en bas des escaliers.

Jimin fixait le mur rempli de dessins de son aînée, espérant qu'ils la raniment. Son regard fut porté sur un de ses portraits. Elle avait dessiné celui qu'elle qualifiait comme l'homme de sa vie. Son frère ne le connaissait pas, il ne le voulait pas, et cela par pure jalousie. La peur qu'il lui enlève sa grande sœur le hantait. Aujourd'hui il avait compris que ce fameux jeune homme faisait parti de l'imagination de sa soeur. Si seulement il avait pu ouvrir les portes de son esprit, il y aurait exploré tous les petits recoins. Vivre sans elle devenait de plus en plus dur. Contrairement à son autre sœur, celle-ci avait toujours été à ses côtés. Elle le soutenait même dans ses idées les plus farfelues. Il l'aimait plus que tout, mais la nuit avait décidé de lui prendre. Jamais il n'aurait imaginé la perdre. Il s'en voulait terriblement de ne jamais s'être réellement intéressé au métier qu'elle pratiquait.

Des pas dans les escaliers le firent sursauter. Son père se tenait face à lui, les bras croisés sur son torse. Depuis la mort de sa fille celui-ci n'était plus le même. Il portait désormais une énorme carapace cachant ses sentiments. Son regard froid traversa le corps son fils d'un seul trait,lui provoquant un frisson des plus désagréable. Il restait tête basse, regardant le bout de ses baskets. Le matelas sur lequel Il était assis s'affaissa légèrement. Il comprit alors qu'il venait de s'asseoir à ses côtés. Il ne relevait pas la tête pour autant. Il ne pouvait plus supporter cet expression qu'il affichait chaque jour. Des sanglots lui firent enfin lever la tête. Il craquait enfin, Jimin qui pensait que son géniteur était dépourvu de sentiments. Voir ses paupière gonflées et ses yeux rougis le tétanisait. Il ne bougeait aucun de ses membres, comme s'ils ne fonctionnaient plus. Il devait certainement le prendre pour un lâche. Il n'arrivait même pas à verser une seule larme. Il se levai terriblement gêné ne savant pas comment réagir.

" Papa il est temps. On doit y aller..." Dis-il la voix tremblante.

Il se mit debout, prit la valise de l'adolescent et lui fit signe de le suivre. Il allait enfin pouvoir s'enfuir de cette vie des plus étouffante.

Il avait eu la chance d'être accepté dans un des lycées de Séoul, on pouvait appeler cela un gros coup de bol. Les revenus des ses parents étaient si faibles que cette possibilité était limite désespérée. Il se sentait cependant très mal de laisser tomber sa famille. Ses géniteurs insistaient fortement à ce qu'il tente sa chance, sûrement par peur qu'il finisse comme sa sœur aînée. Rien que cette pensée lui serra le cœur , ce qui créa une sensation de boule au fond de sa gorge. Il ne faisait qu'y penser ces derniers temps. Il en rêvait la nuit, c'était bien pour cela que son médecin lui avait conseillé de voir un psychologue. Il était hors de questions qu'il accepte. Un psychologue demeurait loin de leurs moyens.

Sa mère l'attendait les bras grand ouverts en bas des escaliers. Elle lui montra le plus grand de ses sourires et l'enlaça. Cette longue accolade le rassurait. Cette femme était pour lui comme une couche de protection, personne ne pouvait lui faire du mal quand elle était à ses côtés. Il allait malheureusement devoir s'en sortir sans elle. Il sentit son t-shirt s'humidifier. De légères gouttes de cristal perlaient le long des joues de sa vieille mère.

Après plusieurs mises en gardes de sa génitrice Jimin accompagné de ses parents, entrèrent dans leur petite voiture usée par le temps, direction l'aéroport.

Le trajet en voiture se passa dans un silence de plomb, le jeune homme n'arrivait pas à prononcer un mot. La musique résonnait dans ses oreilles, elle le berçait comme un nourrisson. Il n'avait qu'une envie à ce moment précis, danser. La danse avait toujours été pour lui un moyen de s'évader. Elle avait le pouvoir de faire tomber le masque qui lui recouvrait le visage. Quand il dansait il était enfin véritablement lui. Ses parents lui ont toujours dis que la musique et la danse étaient des métiers de personnes chanceuses. Ils lui répétaient que c'était comme jouer au loto, la chance de gagner était très faible. Depuis, il n'avait plus pensé à faire de la danse son futur, par peur.

Il ouvrit légèrement la fenêtre pour y passer sa main gauche. L'air frappe celle-ci avec force. Le vent transperça son corps ce qui lui donnait une sensation de liberté. Il était comme emporté par les bourrasques. Il volait presque. Il aurait voulu garder cette sensation pour toujours, mais la voix de la femme assis devant lui, le sortit de sa rêverie.

" Mon chéri nous sommes arrivés." Dit-elle avec un faux sourire.

Il savait pertinemment qu'elle n'était pas pour son départ. Elle avait seulement accepté pour son bien. Au départ, il ne l'avait pas compris, il était même vexé. Il pensait que ça l'importait peu, mais bien au contraire, l'idée qu'il parte la dévastait.

Ils sortirent du véhicule le cœur lourd. Une sensation de mal-être prit alors place en Jimin. Sa respiration était saccadée et il avait les jambes tremblantes. Ses yeux commençaient à s'humidifier. Il prit alors ses deux parents dans ses bras. Il ne voulait plus les lâcher. Son père se détacha de son entreprise et le regarda en souriant. Cela faisait si longtemps qu'il ne l'avait pas vue sourire de la sorte, c'est comme s'il revivait.

Ils arrivèrent devant les grands escalators qui le séparaient de sa nouvelle vie. Une fois sur la première marche de ceux-ci, il n'y aurait plus de retour en arrière. Il prit une dernière fois les deux personnes qui l'ont élevé dans ses bras. Sa mère sanglotait légèrement, son père, lui, avait le visage illuminé. Avant que qu'il parte, son père lui tint une boîte verte émeraude. Il lui jetai un regard interrogatif.

" Ouvre la ce soir, quand tu seras arrivé." Lui murmura-t-il.

Sans trop essayer de comprendre il les prit une dernière fois entre ses bras maigrichons puis grimpa les premières marches de son avenir. Mise à part l'école qui l'attendait, il ne connaissait rien de la ville qui allait lui ouvrir ses portes, et encore moins les gens y habitant. Il s'aventurait tout droit sous les crocs de l'inconnue. C'était soit il se faisait croquer tout cru, soit il réussissait à dompter cette créature.

Dans sa misérable vie pas une fois il avait pris de risques. Pendant que ses amis grimpaient aux arbres lui  faisait la cuisine en compagnie de sa grand-mère. Dit comme cela ça paraissait ennuyant mais pas du tout. Cuisiner avec cette vieille femme le libérait.

Plus les secondes passaient plus il approchait de son but initiale ; vivre sa vie comme il le voulait. Il arriva enfin au portique de sécurité.

Une heure plus tard il était enfin dans son avion. Le stress commençait à lui bloquer la respiration. Depuis son voyage à Paris il n'avait plus jamais repris l'avion. Ce voyage, il s'en rappelait comme si c'était hier. Il se souvenait encore de cette grande tour de fer qui dominait la capitale de la douce France. Il se rappelait aussi de ce petit garçon, celui qui avait fait battre son cœur pour la première fois. Comment oublier un tel visage ?

De légers frissons traversèrent son cœur quand l'engin commença à s'envoler. Il adorait la sensation du décollage. C'était comme si il allait sur une autre planète. Il ne pouvait s'empêcher de fermer les yeux et de profiter de ce moment fort en émotions. Durant ce petit instant, il repensait à toutes les personnes qui sont ou ont été primordial dans sa vie ; sa sœur, sa grand-mère, ses parents, et surtout au petit garçon au visage de porcelaine.

// My Memory with You // VminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant