[FR] Sorrow's Pain

Chapitre 16 : L'heure du spectacle

Publié le 01/06/19

Loki se pavanait dans les couloirs de son habituelle démarche fière. Sorrow quant à elle, marchait silencieusement à ses côtés.

—Es-tu sûre que tu ne veux pas que je fasse plus ?
—Plus serait cruel, répondit Sorrow sûrement.

Quelques minutes passèrent sans qu'un mot ne soit prononcé.

—Et si-
—Non, l'interrompit la jeune femme.

Loki soupira.

—D'accord...je ferais simple. Bonne nuit Sorrow.

Sorrow se retourna, prête à repartir, quand Loki l'interpella pour le donner un bout de papier.

—Qu'est-ce que c'est ?
—Pour excuser ton absence d'aujourd'hui.

Après qu'elle ait lu le papier, ses sourcils se froncèrent face à la confusion. Pourquoi avait-elle cette réaction à chaque fois que Loki faisait un geste pour elle ?

—Merci Loki.

Son visage restait toujours aussi neutre, mais elle radiait légèrement plus. Loki observait Sorrow regagner ses quartiers. Les deux avaient discuté pendant plus d'une heure alors la nuit était déjà bien entamée. Une fois hors de son champ de vision, il se dirigea vers sa chambre.

Il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il devenait un peu trop gentil. Il aurait pu ne pas se soucier de la condition de son esclave, si elle était affamée, si elle se faisait fouetter ou frapper. Mais il s'en souciait. Elle était déjà tellement faible et fragile, il avait peur qu'elle ne se casse en deux s'il lui arrivait quelque chose. Mais elle était plus résistante que ce qu'elle laissait paraître. Et Loki le savait. Toutes les autres esclaves avaient vécu la même chose (quoique moins grave), et elles avaient toutes abandonné. Elles étaient faciles à provoquer et à effrayer. Elles provoquaient des émeutes, s'enfuyaient, attaquaient d'autres esclaves ou bien la Servante en Chef, ou même tentaient de mettre fin à leur vie. Mais Sorrow ne faisait rien de tout cela. Elle acceptait. Elle endurait. Et Loki supposait que c'était un trait...admirable...pour une esclave...

La douce lumière de la lune traversait les rideaux des couloirs, faisant briller les halls d'une couleur bleue. Aucune lumière n'était allumée, sauf quelques rares torches. Le sol en marbre était décorés de lignes dorées, les murs décorés de bannières et de tapisseries, mais aussi de portraits. Loki s'arrêta devant un tableau qu'il n'avait pas revu depuis des années.

C'était une peinture gigantesque de sa...famille. Odin et Frigga occupaient le centre, un beau sourire sur le visage de la femme. Ses yeux brillaient autant que dans la vie, accentuant sa beauté. Odin paraissait beaucoup plus jeune, ses cheveux blond tournant au gris. Il était en meilleure forme et semblait moins sérieux. Il semblait heureux. Ses rides de stresse cumulées au fil des années n'apparaissaient presque pas. Devant Odin se trouvait un très jeune Thor, il arrivait à peine à la taille d'Odin. Thor était...Thor. Il avait un grand sourire fière et ses yeux brillaient d'ambition. Il était habillé en rouge et argenté, ses cheveux légèrement en pagaille.

Puis, Loki se vit lui-même. Un petit garçon aux cheveux noirs, son regard brillaient de bonheur et de malice. Il était légèrement plus petit que Thor et beaucoup plus maigre. Mais il possédait encore un brin d'innocence. Il ne savait toujours pas ce qu'il était réellement lorsque ce portrait avait été peint. Il étaient une famille heureuse. Étaient. Loki était un monstre et Odin le savait, voilà pourquoi sa main était posée sur l'épaule de Thor et non la sienne. Frigga, elle, avait une main sur chacun de ses fils, et c'est ce qui lui faisait rappeler que seule Frigga l'aimait.

Si seulement Loki pouvait remonter dans le temps, juste à cette période. Quand il était réellement heureux. Tous ces souvenirs de lui jouant avec Thor dans les jardins, agrippant la robe de sa mère pendant les festins quand il commençait à fatiguer, et qu'elle le portait jusqu'à sa chambre en lui chantant de douces mélodies pour l'aider à s'endormir, quand Odin arrivait à le regarder avec autre chose que de la déception, quand il piégeait Thor et ses amis avec des farces auxquelles il avait réfléchi plusieurs jours. Mais tout ça n'était que souvenirs. A présent, il n'avait plus personne. Il était rejeté de tous, sauf Frigga. Il n'avait pas de maison, ni d'amis, en plus d'être un monstre. Il était seul. Complètement seul. Il n'appartenait pas à Asgard, ni à Jötunheim, ni à aucun autre royaume. Alors où pourrait-il aller ? Une fois qu'il se serait échappé de cette prison, où pourrait-il se réfugier ? A quoi cela servait-il de s'échapper s'il n'avait nul part où aller ?