Sans blague

Chapitre 1

Take time to do what makes your happy.

    

    Comme chaque samedi, mes parents ont organisé une soirée comme les riches savent le faire. Ils ont invité des amis, des collègues et tout le tralala. Moi, on m'interdit toujours d'aller plus loin que le seuil de ma chambre. Et je n'ai pas le droit de discuter. Je ne dois pas sortir de ma chambre et de descendre en bas pour ne pas gâcher la réputation de ''papa'' et ''maman''. Bla. Bla. Bla.

    Je m'ennuie, je suis toute seule.

    Je n'ai rien à faire, mes devoirs sont faits, j'ai travaillé et mon téléphone est déchargé, je ne peux pas discuter avec quelqu'un.

    C'est alors que ma mère toque à la porte et je réponds par un « entrez » las. J'espère qu'elle va me sortir de mon ennui. Elle entre dans ma chambre, une main sur la poignée de la porte et me demande si ''tout va bien ma choupinette ?''. Qu'elle soit riche ou pas, ma mère est inchangeable, à me donner des surnoms ridicules à vous mettre le feu aux joues.

- Maman! Qu'est-ce que j'ai dit à propos des surnoms? je proteste.

- Quoi ? Je n'ai pas le droit ? demande-t-elle innocemment.

- On a signé un ''contrat''.

    Elle rit. Je ris aussi quand une idée géniale me vient à l'esprit.

- Maman, je m'ennuie. Je peux...

- Je sais bien que tu t'ennuies, c'est comme ça chaque semaine ! me coupe-t-elle. Et j'étais venue te voir pour voir si ça avait changé. Si tu ne t'ennuyais pas, j'aurais eu de quoi m'inquiéter !

    Je lève les yeux au ciel en maudissant ma mère.

- Maman, est-ce que je peux allez chez Sarah?

- Mm, à cette heure-ci ? elle fait en prenant une mine ennuyée, comme si ça la dérangeait.

- Oui. Je lui avais dit que j'allais sûrement venir mais j'avais complètement oublié.

Je prie qu'elle ne devine pas que je mens. Ma mère reste immobile quelques instants, mains sur les hanches avant de demander :

- C'est qui Sarah, au fait?

     J'hausse les sourcils. Elle est aussi...non, désolé, je ne peux pas me permettre de l'insulter ou de dire quelque chose de méchant. Je ne suis pas en colère et c'est ma mère, tout de même.

- Maman, Sarah. Ma. Meilleure. Amie. Depuis. La. Maternelle.

- Ah oui ! se souvient maman.

     Je décide de lui faire les yeux de chiots. Ça marche toujours quand je fais ces yeux-là !

- D'accord, vas-y, soupire-t-elle.

- Merci ! la remerciais-je.

- Seulement parce que je ne te veux pas dans mes pattes ni dans ma conscience si tu meurs d'ennui, ajoute-t-elle en précision.

    Je lui jette un long regard noir pour lui montrer que je n'apprécie pas du tout ce qu'elle vient de dire. Ma mère peut être aussi méchante dans ses mots qu'avec son attitude. Elle sort de ma chambre en me lançant un « à demain et pas trop tard », ce qui signifie que je pourrais rentrer à dix-neuf heures seulement – elle me dit pas trop tard, mais en vérité, elle s'en fiche presque. Je me dépêche de me changer en mes habits préférés – t-shirt gris en-dessous d'un pull de la même couleur, jean et converses noires. Je descends en trombe les escaliers, passe par la cuisine pour sortir pour ne pas croiser un de ces affreux invités de papa ou une de ces affreuses invitées qui puent le parfum de maman.