Chapitre 28

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Le fossé entre l'homme et la femme

22 septembre

Sur le coup, je n'avais aucune idée de la réponse que je devais donner à Sunhi. Nous restons tous les deux silencieux sur le sol parmi les débris de verres qui nous entouraient. Sunhi étant assise face à moi patientait pour entendre ma réponse. Durant ce long silence, j'ai repensé au mariage de mes deux parents qui pour moi était un des meilleurs exemples.

Mon père qui revenait du boulot le soir avec le sourire avant d'embrasser ma mère sur le front. Il était chouchouté par elle qui lui servait son repas du soir. Par-là suite, après avoir fait ses prières il passait son temps avec ma sœur et moi. Il vérifiait nos devoirs, nos leçons avant de nous envoyer au lit. Ma mère quant à elle, restait sa journée dans la maison, elle s'occupait du ménage, de la cuisine. Quand il y avait des invités à l'improviste, ils étaient toujours sans exception servis par des repas qui ressemblaient à des festins. 

Mais cette image idéale de leur mariage s'efface d'un coup quand je me souviens de leurs moments durs, autrement dit les bosses qu'ils ont traversé ensemble. C'est en grandissant que j'ai fini par remarquer la tristesse sur le visage de ma mère.

Un soir, je l'ai retrouvé en pleure face à mon père. Elle l'implorait de lui accorder le divorce qu'il a tout simplement refusé. Elle a donc pris bagage et s'en est allée durant plusieurs mois loin de la maison. Mon père rentrait donc le soir épuisé de ses longues journées dans les chantiers. Je pouvais le voir à quel point son dos était en compote. Assita lui proposait donc de le masser, mais il refusait.

« Non, quand ta mère va revenir, elle va le faire », il s'agissait de sa réponse.

Pour ce qui était du ménage, Assita et moi on se l'était partagé, pour la cuisine elle essayait de se démerder comme elle le pouvait. Durant ces longs mois on s'est retrouvé à manger des pattes trop salées, soient sans goûts, cramés, pâteux et je vais vous épargner de tout ce qu'elle nous a fait bouffer.

Un soir j'ai tenté d'en savoir plus avec mon père et lui demander pourquoi il n'allait pas chercher ma mère si elle lui manquait autant. Il m'a tout simplement répondu :

« Elle me punit pour mes erreurs. Mais ma fierté me permet pas de l'admettre, donc j'attends tout simplement son retour ».

Ma mère a fini par revenir à la maison plus rayonnante qu'elle ne l'a jamais été. Cette femme, était encore plus belle et différente de ce qu'elle était. Pour son retour, elle était accompagnée de plusieurs oncles ainsi que tantes de sa famille maternelle. Ils étaient présents afin de s'excuser à sa place pour son absence du foyer conjugal. Mais ma mère ne s'est sentie aucunement coupable car pour elle, elle se sentait enfin libérée de ce qui l'oppressait depuis trop longtemps. Je ne vous parle même pas de toutes les réactions que cela a causé. Beaucoup des membres de la famille l'ont réprimandé au point de l'injurier et la traiter de folle. Mais cette femme n'en avait strictement rien à faire de leurs propos. Elle a accepté donc de revenir vivre avec nous. Les débuts entre elle et mon père étaient très froids au point qu'ils fassent tous les deux chambres à part. 

Grâce ! Nous avons pu remanger comme avant, même mon père n'était pas privé des plats sublimes de ma mère.

Il y a une chose que mes parents ne faisaient jamais, c'était de se disputer durement devant nous. On pouvait voir des débuts de tensions et de disputes, mais ils s'arrêtaient avant de continuer loin de nous. Une nuit, en me levant pour me rendre aux toilettes j'ai été surpris de les entendre tous les deux parler depuis la chambre.

« Tu penses que c'est le regard des hommes que je cherche. Donc depuis toutes ces années Yakouba tu n'as jamais donc eu confiance en moi ? Moi qui suis ta femme et qui ai sacrifié ma vie pour toi ? Tu dis que je suis ingrate et égoïste, parce que tu penses que je ne te vois pas dépérir sous le dur travail que tu fais tous les jours pour notre famille. Je prie tous les jours Dieu pour qu'il te garde en bonne santé, pour que tu sois encore là pour moi, pour qu'on vieillisse ensemble, mais tu dis que je suis égoïste ? ».

Homme parfait- Femme imparfaiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant