Mais il y a le brouillard nocturne au clair de lune, les fleurs et les flammes dans le feu. >>Jack Kerouac, Big Sur.
La nuit à Hollywood est un peu comme grand cinéma à ciel ouvert. On ne s'y promène jamais sans y croiser des personnalités ni assister à des scènes farfelues. Les rues ont chacune leur attractivité. Certaines même, sont exclusivement réservées aux tournages nocturnes et généralement, grouillent de beau monde. Les femmes du monde viennent s'y pavaner dans leur plus belle robe charleston et leur bandeau de perles perdu dans leurs cheveux coupés courts, règle stricte de la mode, au bras d'un gentleman portant haut de forme et canne à pommeau.
Violet suivait Ridley de près dans les rues éclairées par de faibles lanternes, quelques devantures de restaurant grouillaient encore de rires et de vaisselle tintant aux rythme des embrassades. Soudain, elles s'arrêtèrent. Ridley se tourna vers Violet, l'air contrite. Elle se mordit nerveusement la lèvre inférieure et rajusta son ras de cou.
- Avant que tu ne dises quoi que ce soit, voilà, je n'ai pas été juste avec toi. En fait je t'ai pas dit toute la vérité au bar tout à l'heure.
Dans la rue noircie par les ombres et leurs aspects cauchemardesques, Violet sentit ses muscles se tendre.Elle connaissait cette noirceur qu'est le mensonge, de ces quelques cachotteries qui donnent l'impression de légèreté quand on les prononce puis vous tombent dessus sans crier gare. Elle déglutit :
- Où veut tu en venir ? Tu t'es payée ma tête n'est ce pas ?
Elle s'apprêtait à tourner les talons, ramenant sa pochette noire à strass conte sa poitrine; son humeur changeant du tout au tout par la même occasion et à s'enfuir, aller enfouir ses émotions dans cette salle bondée où les bourgeois arboraient leur plus beau narcissisme. Finalement, les garçons où les femmes qu'elle rencontrait, n'étaient que similaires.
La voix de Ridley dans son dos la fit s'arrêter dans son cheminement.
- Je ne voulais pas t'emmener à l'exposition nocturne. C'est ringard l'exposition pour un premier rendez-vous. Je préférai quelque chose qui résonne la simplicité et aussi les sourires. C'était sur ça que je t'ai menti..
Peu fière, Ridley se triturait les cheveux en gigotant. Violet se retourna avec un élan de vigueur, les mains sur les hanches, sa robe dominée par la souplesse du vent.
- Alors, qu'est-ce qu'on attend ? Elle se trouve où ta voiture ?
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Des platanes, la lune et des sourires funambules, une place avec quelques bancs rouges où la peinture s'écaillant par endroits.
La Chevrolet 490 trouva sa place devant une adorable guinguette de village où quelques amoureux transis valsaient sur des airs d'accordéons, de violoncelle.Violet sortit de la voiture et regarda cette rue vivante , ce spectacle qui lui fit ouvrir de grands yeux passionnés. Ce ruban de bonheur qui s'entortillait autour de la taille de ces femmes, dans le regard de ces hommes et dans les applaudissements des autres, les lèvres trempées dans leur café.
Elles traversèrent la fête et entrèrent dans une drôle de boutique. Le carillon résonna. Lorsque Ridley ouvrit la fenêtre, la nuit éclaira des rayonnages emplis de livres de comédie, de tragédie française, anglaises : du Racine, du Molière, du Shakespeare, puis des penderies pleines à craquer de déguisement de scènes et quelques objets dépassés, et ces toiles, ces tableaux, de la gouache, des pinceaux.
Violet retint son souffle. Puis elle ne pu se retenir plus longtemps.
- Mais... où est-ce qu'on est ?
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Les Phénomènales
KurzgeschichtenHollywood, 1940. Il faisait chaud, le soleil illuminait les carrosseries flamboyantes en bas de la rue, dessinant des astres éphémères sur le haut des verres de vin dans les vérandas, les jardins. On se bouscule au théâtre et l'on tombe amoureux com...