Chapitre 2

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J'avance tranquillement dans les couloirs, un couteau de lancer dans chaque main : si jamais je rate le premier tir par inadvertance, cela m'évitera de me retrouver dans la panade. Le serviteur devant moi marche d'un pas plus hésitant et jette régulièrement des regards derrière lui, comme pour vérifier que mes lames n'ont pas bougé. À travers ce dédale, l'homme me guide jusqu'à dame Lorica et, à en croire ses épaules qui s'affaissent petit à petit, nous approchons du but.

Alors qu'il ne reste plus que quelques mètres selon ses dires, du bruit me parvient, comme si des personnes parlaient. En moins de deux secondes je me cache dans un renfoncement du mur, un couteau sur la gorge du serviteur au cas où l'envie de hurler lui viendrait. Le bruit ne se rapproche cependant pas, et comprenant enfin la situation, je m'insulte mentalement de ma naïveté.

- Tu n'aurais pas oublié de me prévenir que la porte était gardée par hasard ? questionné-je dans un simple murmure.

Tremblant de peur devant ma colère, il se contente d'acquiescer d'un bref hochement de tête, lui valant au passage une légère striure rouge le long du cou. Ne pouvant pas me résigner à tuer le malheureux, je lui colle un grand coup de poignard dans la tempe et ce dernier s'effondre dans un bruit mat qui provoque aussitôt le silence chez les deux gardes.

- T'as entendu ça ? interroge une voix grave.

- Oui oui, répond une voix plus fluette, mal assurée, sûrement celle d'un novice.

- Que fait-on selon toi ? demande le plus vieux.

- Il faudrait... Que l'un de nous aille voir... Et...

- Très bien petit gars, le coupe l'autre, vas-y.

Par les deux Lunes ! Si ça continue je vais vraiment me retrouver dans la mouise, et pas qu'un peu. Comment je me débarrasse de ces deux gardes sans déclencher l'alerte dans tout le château ?

L'hésitation du novice va me servir, j'ai le temps de faire brûler une inconial avec un briquet que j'ai eu la bonne idée d'acheter la semaine dernière. C'est quand même un plan risqué, mais je ne suis plus à un prêt.

Jusque-là... Tout se passe bien, le jeunot avance à pas hésitants et ne devrait pas tarder à sentir une odeur suspecte.

- Euh... Georges ?

- Quoi ? grommelle le vieux. Il y a un souci ?

- Je sens une odeur bizarre... Comme une espèce de bois brûlé.

- Pffffffff ces jeunes... Toujours à s'inquiéter pour un rien... J'arrive.

Et zut. Le gros se ramène aussi... Heureusement, j'ai surestimé la capacité de résistance du petit et ce dernier tombe dans les pommes avant que l'autre n'arrive. Plus qu'à me débarrasser de celui-là.

Dix secondes plus tard il tombe également au sol, et mon stock d'inconial se trouve au plus bas. Il le restera un moment, cette plante ne pousse pas dans la région, à mon plus grand malheur.

L'accès est maintenant libre, et je me faufile jusqu'à la porte toujours fermée. Ce ne sera pas un problème de l'ouvrir, mais plutôt de le faire discrètement et sans réveiller la femme endormie. Je me demande d'ailleurs pourquoi elle ne dort pas avec son mari, mais d'un, ça ne me regarde pas, de deux, ça doit être un truc de nobles et de trois, ça m'arrange pas mal.

Bon, essayons de retrouver cette vieille paire de passes partout que j'ai volée à un voleur un de ces jours. Elle devrait être quelque part dans une des nombreuses poches de ma cape... Ah c'est bon ! Le jeu de clefs est assez limité mais bon, pour la petite ville perdue où je me trouve... Ça devrait me suffire. Que la chance soit avec moi, je choisis une clef au hasard, celle qui a la meilleure tête selon moi et je l'enfonce dans la serrure sans trop de mal.

Meurtres Sous Les Deux LunesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant