9} Escapade matinale

15 2 0
                                    


De ma fenêtre, je peux voir toutes les couleurs. Du vert de l'hêtre, qui renonce au malheur, jusqu'au rouge, sur plusieurs mètres, de ce soleil rieur.

De ma fenêtre, je peux entendre les bruits de ce coq, chantant à tut-tête son humeur d'amerloque, et les chants mélodieux de ces rouge-gorges somptueux. De ma fenêtre, après que la lumière sublime de cet astre céleste m'ait ébloui, je vois milles doigts de verdure me tendre la main. Alors j'ouvre ma fenêtre, de ce temps magnifique et j'escalade, de mon esprit, cette main jusqu'à la tête de l'arbre amicale. Je grimpe ainsi à en voir les toitures des maisons du village, et j'aperçois même ces vieillards avec un sourire collé au visage. Ce même sourire qu'ont les enfants, au levé du lit le dimanche matin, après avoir été chercher les viennoiseries de cette jolie boulangerie. Je peux aussi voir au loin, dans cette maison isolée à la lisière du bois, une famille heureuse au levé du matin. Rien qu'à y penser, j'en ai le sourire aux lèvres, et cela me fait paraître encore plus bête. Je tourne la tête de quelques centimètres, et je vois alors ces jeunes du quartier. Ils n'ont pas l'air très frais, sûrement drogués, et se soutiennent mutuellement comme des frères de sang. On a beau répéter de faire attention à notre santé, certains préfèrent en rire jusqu'à en mourir. Cela ne concerne en aucun cas leurs longues cernes, qui n'ont rien demandées et qui sont quand même nées. Leurs yeux, d'un rougeâtre écarlate, témoignent par leur couleur, une nuit de terreur. Quand à leur démarche, ils évitent de se prendre les marches qui semblent s'être glissées tout le long du chemin. Je ne voudrais pas être à leur place, quand ils rentreront et que leurs parents inquiets les salueront. Moi, pour le moment, j'ai fais couler un café qui finis, justement, donc je vous salut cordialement, avec mes croissants.

Belette

PoèmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant