Chapitre 25 - Edwin

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- Grouille-toi, Olly ! On va rater le décollage !

Je cours à travers l'aéroport de Minneapolis, Oliver sur mes talons. Notre avion s'envole dans 15 minutes et un agent de la sécurité a trouvé que c'était le bon moment pour fouiller nos bagages. Sérieux, est-ce qu'on a l'air d'être des terroristes ??

Mais vous vous demandez sûrement ce qu'on fout à l'aéroport de Minneapolis, à une centaine de kilomètres de chez nous. On compte se rendre à New York. Et ouais ! New York !

Pour tout vous dire, la sœur de mon père habite là-bas et elle m'a proposé de venir passer un week-end pendant qu'elle est en voyage à Sacramento. Du coup, j'ai demandé si je pouvais emmener un pote. On aura donc un appartement au cœur de Manhattan, rien que pour Olly et moi !

J'avoue que son invitation tombe vraiment bien. En fait, mon ami et moi avons passé notre oral de fin de trimestre hier. Il s'agissait de celui où je me suis mis avec lui sans lui demander son avis. Je me souviens encore de sa tête de décomposé au moment où je levais la main pour demander au prof de travailler avec l'aspie. J'étais tellement fier de mon coup !

Bref, Oliver, qui était stressé, a eu beaucoup de mal à faire cet oral malgré les très nombreux entraînements que nous avons fait avant. Mais finalement, ça s'est pas mal passé.

Et donc, aujourd'hui, nous profitons d'un repos bien mérité !

Et pour ne pas perdre de temps, nous sommes partis juste après les derniers cours de la semaine et nous avons roulé tranquillement jusqu'à Minneapolis où nous attendons maintenant notre avion. Je sais très bien qu'il y a un aéroport à Owatonna, mais pas de bol ! Celui-ci ne s'occupe que des vols régionaux.

Une fois l'inspection de nos valises terminée, nous reprenons notre course vers notre zone d'embarquement tandis qu'une voix féminine retentit.

"Les passagers du vol 714 pour New York sont priés de se présenter aux portes 2B."

- Elle est où cette putain de porte ?! je grogne.

Finalement, nous trouvons enfin cette fichue zone d'embarquement. Il était temps ! Celui-ci a déjà commencé !

Vite, nous donnons donc nos billets avant de nous diriger sur la passerelle qui nous amène à notre avion.

A côté de moi, Olly ne dis rien, observant attentivement ce qu'il se passe autour de nous. Je crois bien qu'il a autant de mal que moi à réaliser ce qu'il est en train de nous arriver.

Une fois dans l'appareil, nous cherchons nos sièges. Nous nous retrouvons ainsi sur le côté de l'avion, Olly contre la fenêtre et moi du côté de l'allée. En effet, comme le Boeing n'est pas très grand, il n'y a que deux places de chaque côté de l'appareil et une rangée de trois sièges au milieu. Quelle bande de veinards nous sommes ! Personne ne peut nous déranger !

Nous nous installons donc confortablement en attendant le fameux décollage. J'aime toujours ce moment où tu commences à sentir que l'appareil de décolle du sol. Ça fait monter l'adrénaline, c'est géant !

Nous n'avons pas attendre très longtemps que les réacteurs se mettent en marche. Et c'est parti pour deux bonnes et demie de vol ! Je consulte ma montre : 16h23. Puis, je m'allonge un peu plus dans mon siège lorsque j'entends une voix plaintive à côté de moi.

- Edwin ...

Je me tourne vers mon camarade.

- Quoi ? Tu vas quand même pas me dire que tu as peur de l'avion !

- Bah, j'en ai jamais pris auparavant.

- T'inquiète pas, Olly. On ne risque absolument rien ici, je lui dis tandis que l'hôtesse de l'air donne les derniers gestes de sécurité en cas de crash.

Oliver se contente de grimacer. Je lui donne donc une tape amicale dans le dos dans l'espoir de le décontracter.

- Tu vas voir, le décollage est juste magique ! Toi, tu te détends et tu laisses le pilote faire. Crois-moi Olly, les gens comme eux n'ont pas eu leur diplôme dans un Kinder surprise !

Il me regarde sans comprendre. Je lui explique alors ce que j'ai voulu dire. Enfin, il hoche la tête puis l'avion se met à rouler en direction de la piste de décollage.

Une fois l'appareil bien positionné sur le goudron, celui-ci s'arrête un instant avant d'accélérer de nouveau et de rouler à pleine puissance. On commence alors à sentir les vibrations, accompagnées du bruit du moteur qui ne fait que s'amplifier. A ce moment-là, Oliver se bouche les oreilles.

Puis, l'avant de l'avion de dresse peu à peu pour enfin s'élever dans les airs. La sensation de puissance dû à l'accélération fait alors place à une légèreté lorsque nos pieds quittent définitivement le sol. A côté de moi, Olly gémit.

- Edwin !

L'avion continue de monter dans les airs et je sens Oliver se crisper un peu plus sur son siège.

- T'inquiète, l'aspie ! C'est presque terminé ! je rigole.

Une fois l'avion stabilisé à une certaine hauteur, les muscles de mon ami se relâchent peu à peu. Puis l'attitude d'Oliver change soudain. On dirait maintenant un gamin qui découvre le monde. C'est assez marrant à voir d'ailleurs. Il ne quitte plus le hublot des yeux et admire le ciel. Je ris devant son air émerveillé.

- Edwin, c'est incroyable ! Regarde ! s'exclame-t-il.

- C'est sûr ! C'est incroyable ! je souris en joignant me mains derrière ma tête.

Maintenant qu'Oliver s'est calmé, je vais pouvoir me détendre à mon tour. Je sors alors mon portable de ma poche pour avertir mon père que nous sommes bien dans l'avion.

Bon, en fait, j'écris surtout ce message pour que mon père informe les parents d'Oliver que leur fils n'a pas raté l'avion. Je sais que ses parents sont du genre à s'inquiéter pour rien, surtout sa mère.

D'ailleurs, ça n'a pas été facile pour mon père de convaincre les parents d'Oliver de le laisser partir. L'étudiant n'a jamais voyagé seul ! Heureusement, moi si ! Je sais par conséquent me débrouiller parfaitement, c'est même moi qui me suis occupé de réserver les billets d'avion. Mais le brun était quand même avec moi pour m'aider, ce jour-là.

D'autant plus que je sais que c'est un grand stressé et qu'il a besoin de savoir exactement comment va se dérouler notre voyage. Il est capable de paniquer, et c'est ce que je veux lui éviter au maximum. Il ne profitera pas du week-end, sinon.

Une fois le message envoyé, je m'adresse à mon ami, toujours occupé dans sa contemplation.

- Olly, c'est bon. Maintenant que l'avion a décollé, tu peux rallumer ton portable si tu veux.

- Pourquoi il faut éteindre les portables pendant le décollage ? me demande-t-il sans quitter la vitre du regard.

- Pour éviter les interférences avec les systèmes de communication.

- Je comprends. Ça serait gênant sinon.

- Extrêmement gênant, ouais, je réponds sans le regarder, tout en branchant les écouteurs sur mon mobile.

***

Nous marchons nos valises à la main, en direction de la sortie de l'aéroport Liberty dans le quartier de Newark, pas très loin de Manhattan. Je jette un coup d'œil par-dessus mon épaule pour voir si Olly me suis toujours. Je ne veux pas prendre le risque de le perdre alors que le week-end a à peine commencé. Ça serait trop con !

Nous traversons ainsi une bonne dizaine de couloirs en suivant les panneaux qui indiquent la sortie. Mais il y en a combien dans cet aéroport ??

Enfin, nous trouvons le hall d'entrée que nous traversons rapidement. Une fois dehors, je respire un grand coup l'air frais de ce début de soirée. Liberté ! Je regarde Oliver d'un air triomphant. Il m'interroge du regard, sans comprendre.

Laisse tomber !

Je me reconcentre alors sur notre premier objectif : trouver un taxi pour nous rendrechez ma tante.

A chickadee landed on my handOù les histoires vivent. Découvrez maintenant