Chapitre 29 - Edwin

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Je m'installe avec Oliver à une petite table ronde dans un coin de la pièce. L'ambiance autour de nous est tamisée rendant le lieu un peu plus intime qu'il ne l'est déjà. Les murs sont tapissés de vieilles photos et affiches de jazz en tout genre, et d'instruments à vent suspendus à un fil. Il y a également des vieux vinyles des artistes les plus connus dans le milieu.

Devant nous se dresse une petite scène, éclairée par quelques projecteurs, sur laquelle nous pouvons voir quelques instruments, notamment une contrebasse, deux saxophones sur leur support et un magnifique piano.

Pour faire court, nous avons terminé notre après-midi dans un street art à nous promener avant de tester le soir, un restaurant français.

C'était mon rêve depuis tout petit de manger français. Pour être plus précis, en tant qu'amoureux du cheddar, j'ai toujours voulu goûter du fromage made in France. Du coup, on a pris avec Olly un camembert fondu avec des oignons confits au vin rouge.

Eh bah je peux vous dire que plus jamais je ne mangerai cette horreur de ma vie ! Je n'ai jamais goûté quelque chose d'aussi fort !

Par contre, Oliver a adoré, si bien qu'il en a repris un deuxième ! Après avoir fini le mien, bien sûr !

Et moi, dans tout ça ? Bah, j'ai pris un hamburger dans la baraque à frites du coin à la sortie du resto.

Maintenant, il est 22h30 et nous sommes dans le Blue Note, un petit bar de jazz dans le quartier de Greenwich Village. L'idée est de passer la soirée tranquille à écouter du bon jazz en buvant un petit coup.

Les artistes qui jouent ici sont aussi bien des amateurs que des professionnels, voulant faire découvrir leurs créations ou leurs reprises aux curieux comme nous.

La serveuse arrive devant nous et nous tend la carte des boissons. Puis, la jeune femme sort un briquet de sa poche et allume la petite chandelle positionnée au milieu de notre table.

Songeur, je la regarde faire tout en fronçant les sourcils. Finalement, celle-ci lève le regard vers nous.

- Passez une bonne soirée, dit-elle tout en m'adressant un sourire encourageant.

Abasourdi, je la regarde partir puis je me retourne immédiatement vers mon camarade qui, trop occupé à parcourir la carte, n'a évidemment rien remarqué.

- Olly, il faut que je te pose une question importante.

Le brun semble détecter mon anxiété puisqu'il me regarde d'un air grave. Je continue alors.

- Est-ce que tu trouves qu'on a l'air d'amoureux en voyage de noces ?

- Quoi ? me demande-t-il sans comprendre.

- Rien, c'est pas grave, je soupire en me retournant face à la scène.

Finalement, nous commandons nos verres, un mojito pour moi et un cocktail sans alcool pour Oliver. Je sirote mon verre tout en regardant les personnes arriver au fur et à mesure dans le bar.

Soudain, ma poche se met à vibrer. Je sors mon portable pour lire le message nouvellement arrivé. Il s'agit de mon père qui demande de nos nouvelles. Je lui raconte alors la journée et je lui envoie la photo de moi et Olly à Times Square. Je reçois sa réponse quelques minutes plus tard.

Apparemment, la photo lui a beaucoup plu et celui-ci envie notre voyage, particulièrement notre petite virée dans ce bar où nous nous apprêtons à écouter du bon jazz jusqu'au bout de la nuit. Enfin non, il ne faut pas oublier qu'Oliver est avec moi et qu'il n'aime pas rester éveillé tard le soir.

Sachant que mon père adore le jazz, et pour bien le faire rager, je lui envoie une jolie photo de moi avec juste derrière, une affiche des plus grands joueurs du pays.

Puis, satisfait, je range mon portable dans la poche de mon jean et je me laisse aller aux douces mélodies des cuivres qui viennent de rentrer sur scène.

Commence alors une longue soirée rythmée par les musiques incessantes où Olly et moi profitons de chaque notes de chaque mélodies, nous rappelant ainsi les années bénies du vieux New York, celles où les trompettes et saxophones ne cessaient de résonner du soir au matin dans les rues de la ville, à l'ère du jazz, à l'aube des années 20.

***

Bip ...

          Bip ...

                    Bip ...

- C'est pas vrai ! grognais-je la tête sous l'oreiller.

Bip ...

          Bip ...

                    Bip ...

Je tente de trouver à tâtons mon réveil qui me donne tant envie de le balancer à travers la pièce, avant de taper rageusement dessus.

Clic.

Finalement, je m'étire en baillant avant d'entreprendre de me lever. Une fois debout, je jette un dernier coup d'œil mesquin à l'appareil avant de faire un tour par la salle de bain.

Nous sommes actuellement lundi matin et il est 10h00. Olly et moi sommes rentrés de notre voyage hier dans la soirée. En résumé, nous avons passé notre dimanche à traîner dans les rues de New York avant de faire un tour du côté de la statue de la Liberté. Puis, nous avons repris l'avion pour rentrer à Owatonna.

Si Kyle avait été là pour voir statue de la Liberté, il aurait sans aucun doute sorti toutes sortes de théories complotistes plus farfelues les unes que les autres sur la construction de ce monument. Je dois bien avouer que son côté paranoïaque ne me manque pas.

A force de passer son temps sur des sites de théories en tout genre, il avait fini par croire que les extraterrestres débarqueraient à la fin des temps pour nous sauver d'un soi-disant tremblement de terre qui détruirait la Terre.

Ce mec commençait sérieusement à me faire flipper.

Finalement, traîner avec Oliver m'a bien changé. Je suis devenu moins critique, et donc, plus ouvert d'esprit. Et puis, sincèrement, Oliver n'a rien de bizarre. C'est vrai que son syndrome le rend un peu étrange par moment, mais ça, c'est pas de sa faute.

Ce que j'aime bien chez lui, c'est son côté passionné. Quand il ne se détourne pas de la conversation sans s'en rendre compte, ce mec est capable de débiter un nombre impressionnant de connaissances sur le sujet. Au tout début de l'année, j'ai vraiment cru qu'il avait avalé une encyclopédie. Bref, en plus d'être passionné, c'est quelqu'un de passionnant !

Une fois habillé, je descends au rez-de-chaussée pour aller manger. Je décide de prendre mon temps car les cours ne reprennent que l'après-midi.

En passant dans l'entrée, je remarque la pile de courrier posée sur le meuble. Je commence alors à regarder s'il y en a pour moi quand mes yeux sont attirés par une lettre provenant de l'hôpital.

Pensant qu'il s'agit des résultats d'un des examens de contrôle suite à l'accident de ma sœur, je lis attentivement le contenu de la lettre.

"Monsieur Carter,

Ayant pris connaissance de votre candidature et ayant consulté le directeur des ressources humaines, c'est avec joie que nous vous annonçons que votre demande de mutation a été acceptée.

D'ici quelques jours, vous recevrez une lettre comportant les modalités de votre changement de poste. Nous avons pris contact avec l'hôpital de Seattle qui est informé de votre venue dans deux mois. Pour plus d'informations, le responsable de recrutement reste à votre disposition en cas de questionnement.

Je vous communique ci-joint les clauses de votre contrat comme médecin généraliste au sein de l'établissement Northwest hospital & Medical Center.

Avec toutes nos félicitations et en vous souhaitant toutes nos plus sincères réussites dans vos projets, je vous prie d'agréer Monsieur, l'expression de nos salutations les plus distinguées.

Joseph Watson

Directeur de service"

Je soupire. Je sais que je me répète, mais mon père est un traître.

A chickadee landed on my handOù les histoires vivent. Découvrez maintenant