L'air était lourd en ce début de mois de juillet. La journée, le ruban d'asphalte se donnait des airs de désert, alors que sa surface sombre au loin semblait recouverte du liquide salvateur. Simple illusion d'optique. Et même à la nuit tombée, les rues de la capitale conservaient la chaleur de la journée, se transformant en étuve, sans qu'aucune brise ne vienne alléger ces soirées suffocantes.Les gens tentaient de se rafraîchir comme ils le pouvaient que ce soit chez eux sous leur climatiseur, à la piscine municipale ou en terrasse des cafés, une boisson glacée entre les mains. Et quelques courageux bravaient la chaleur, se baladant dans les rues sans que la celle-ci ne les atteigne.
Elle observait discrètement ce ballet incessant, analysant ce paysage qu'elle pensait connaître. Mais il n'en était rien. Elle essuya la sueur qui perlait sur son front, ramenant ses cheveux humides en arrière. Cette chaleur risquait d'avoir sa peau et le tout combiné à cette boule de stress, qui ne faisait que grossir, n'arrangeait pas les choses, loin de là. Elle s'adossa au mur de pierre, laissant ses épaules nues s'appuyer sur la surface fraîche, puis posa ses yeux sur ses mains. Elle plia et déplia ses doigts tout en avalant sa salive difficilement. Elle devinait le grain irrégulier de sa peau, ainsi que le fin duvet qui recouvrait ses avants bras. Elle avait l'impression de voir différemment. Bien mieux et en même temps moins bien. Son cerveau n'était pas vraiment décidé. Une chose était sûre, tout était moins lisse, plus brute mais pas pour autant moins net.
Le brouhaha dans la rue adjacente la ramena à la réalité. Elle n'en revenait toujours pas de la concentration de gens qui arpentaient les rues. Elle n'avait jamais vu tant de monde dans sa ville, jamais. Et elle était presque sûre qu'un grand nombre de phrases prononcées n'étaient pas dans sa langue maternelle. Elle fonça les sourcils avant de se redresser. Il fallait qu'elle se ressaisisse et qu'elle cesse de se concentrer sur des détails qui, pour l'instant, étaient le cadet de ses soucis. Elle avait plus important à gérer.
Elle inspira un grand coup avant de se glisser dans le flux de passants. Le nez levé, elle braquait son regard sur tout ce qui l'entourait. Elle avisa alors un kiosque où un jeune homme vendait des journaux. Un poids s'enleva de ses épaules dans la seconde, cela ne pourrait que l'aider, elle en était persuadée. Elle parcourut rapidement les grands titres affichés sur la devanture, fronçant les sourcils au fur et à mesure. Elle feuilleta rapidement un des périodiques et elle sentit son cœur chuter au sol. Et son corps se mit à trembler.
— Hé, si tu veux le lire faut payer, lui balança sans douceur le vendeur.
Elle tourna son visage livide vers lui.
— Oh, me fais pas un malaise.
En s'approchant, il avisa la page sur laquelle elle avait arrêté sa lecture.
— Ouais c'est pas de tout repos ces temps-ci mais bon qu'est-ce qu'on y peut ? On arrive pas à boucler nos fins de mois et c'est à moitié la guerre civile tous les samedis. Le gouvernement se soucie plus de reconstruire Notre-Dame que de sortir ses propres citoyens de tout ce bazar. Alors sauver les autres pays, la planète, t'imagines que c'est pas la priorité.
Elle laissa son regard fixer le vide sans rien dire.
— Je sais même pas pourquoi je te dis ça, tu dois même pas parler français.
Il récupéra le journal pour le remettre à sa place et partit discuter avec un client fraîchement arrivé. Encore sous le choc, elle reprit sa route, les bras serrés contre son corps. Bien que tout semblait différent, certaines choses restaient identiques. Après une vingtaine de minutes de marche, elle arriva enfin à destination. Elle sentit ses yeux s'humidifier avec une rapidité déconcertante alors qu'elle ne pouvait qu'observer les dégâts. Les tours de Notre-Dame se tenaient toujours fièrement mais on ne pouvait pas louper les innombrables échafaudages qui entouraient désormais ses murs et qui sortaient de son ventre. Sa respiration se fit plus laborieuse et elle s'empressa de s'asseoir sur un banc de pierre avant de faire un malaise.
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IRL - Fanfiction Miraculous
FanfictionIl y a toujours des conséquences, aussi irréelles soient-elles. Fanction sur l'univers Miraculous - Les aventures de Ladybug et Chat Noir. Les personnages appartiennent à Thomas Astruc mais cette histoire m'appartient