2. Senso

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Le temps sembla s'étirer sans fin. Comme si quelqu'un avait appuyé sur la touche pause et prenait un malin plaisir à observer la scène, sans lui permettre de suivre son cours.

Elle espérait comme elle redoutait la réaction de l'homme qui lui faisait face. Il était son salut, sa bouée dans l'océan agité de ses problèmes. Elle n'avait que lui. Ensemble ils retrouveraient Chat Noir, tout reviendrait à la normale, elle reprendrait sa vie, elle...

Un clap soudain se fit entendre et se répéta dans un rythme régulier. Son cœur dégringola dans sa poitrine et son estomac se révulsa violemment. Elle regarda le triste spectacle qui se jouait devant ses yeux.

Thomas Astruc applaudissait.

Il se contentait d'applaudir, balayant la foule du regard qui suivit le mouvement.

Les claps montèrent en puissance et firent vibrer ses os. Son cœur battait à un rythme fou, en total décalage avec le métronome humain qui venait de prendre vie. Sa cage thoracique se comprimait, ses côtes agissant comme des griffes sur son pauvre cœur malmené. Elle sentit l'air se coincer dans sa trachée, sans qu'il ne parvienne à atteindre ses poumons.

L'angoisse se fraya un chemin sournois dans chaque fibre de son être, alors que des centaines de points lumineux venaient envahir son champ de vision. La moindre de ses cellules criait à l'aide.

Respire. Respire !

De l'air, il lui fallait de l'air. Le manque d'oxygène se faisait violemment sentir alors que ses muscles se contractaient comme pour protester face à l'absence de leur carburant naturel.

Un sifflement strident se manifesta dans son oreille gauche, la privant encore d'un sens. Son oreille interne ne savait plus sur quel pied danser.

Tombait-elle ou son corps était-il resté anormalement statique ?

Elle ne savait pas, elle ne savait plus.

Elle avait la désagréable impression d'être sur un navire ballotté par les vagues. Et ça ne cessait jamais de tanguer.

Dans l'espoir de se stabiliser, elle avança un pied incertain. Mais rien ne marchait comme elle l'aurait souhaité aujourd'hui. Non définitivement, le monde avait décidé de tourner à l'envers. Les couleurs se mélangèrent et il ne restait du hall du parc des expositions qu'une palette de couleurs hétéroclites qui s'entremêlaient sans réelle logique. Et plus elle papillonnait des yeux pour tenter vainement de stabiliser sa vision, plus cela s'aggravait. Elle eut l'impression d'assister à un feu d'artifice, alternant couleurs et flashs lumineux, alors que son corps tombait. Mais avant de toucher le sol, une main ferme avait saisi son bras et la remit sur ses deux pieds.

—      Trop d'émotions pour la demoiselle. Excusez-nous mais nous allons nous retirer. Ce serait dommage que notre jeune actrice se blesse.

Les sons semblaient tout droit sortis d'une voix mâchée, déformée. Et ils étaient si loin. Pourquoi diable tout lui paraissait hors de portée ? À moins que ce ne soit elle qui se trouvait à des kilomètres de cette réalité. Puis qui parlait ? Une femme, un homme ? Elle n'en avait aucune idée.

Elle voulait juste fermer les yeux. Les fermer plus fort que tout et oublier. Oublier chaque instant depuis qu'il s'était dissous devant ses yeux, comme un mirage. Il avait juste cessé d'exister. Juste comme ça. Une brise avait soufflé sur son existence, l'effaçant doucement alors qu'il marchait devant elle. Il riait puis plus rien. Le silence était tombé, lourd et accablant. Elle était restée figée, à regarder ce nouveau vide. Elle n'avait pas compris, elle ne comprenait toujours pas.

Alors elle l'avait cherché. Partout, pendant des heures puis des jours. Même quand elle avait compris qu'il n'avait pas juste disparu. Ça aurait été presque trop simple sinon. Quand elle avait demandé où diable était son coéquipier, l'incompréhension dans le regard des gens avait été sa seule réponse.

IRL - Fanfiction MiraculousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant