J'entends cette musique tourner dans ma tête, elle m'observe, et je l'observe également. Elle ne me déplaît pas, elle m'intrigue, me fais me questionner sur beaucoup de choses. De bonnes choses comme de mauvaises. La plupart du temps j'imagine de belles histoires. Mais lorsqu'elle tourne vers les graves, comme un nuage cachant les faisceau de lumière du soleil chaud, et la pluie se met soudainement à courir, comme pour se sauver des moutons, comme danser dans le ciel et dans une valse tristement merveilleuse, venir finir sa course sur le sol, je me mets alors à imaginer les pires choses. C'est plus fort que moi, je pense. Ou peut-être pas ! A vrai dire, je n'ai jamais essayé de lui résister. Je pense à la souffrance de tous ces pauvres gens, la vie leur a jeté un sort. D'ailleurs la vie ? Quelle vie ? La semaine dernière, nous avons vu un lapin gambader dans les poubelles. Ça a fait l'animation pendant plus de huit heures. Je n'en avais jamais vu de ma vie, seulement dans d'anciens livres. Jessy, ma sœur s'en est émerveillé pendant longtemps, si longtemps que nous en avions oublié d'aller travailler. Nous avions du présenter des excuses à Madame Clower, notre responsable de secteur de conservation. Plus personne ne possède de maison aujourd'hui, nous devons tous vivre dans leurs tours de conservation, pour ne pas respirer l'air de l'extérieur trop longtemps. Seuls les riches ont le droit d'avoir leurs propres tours, évidemment, ce sont des riches... Mais on s'entend plutôt bien avec les gens de notre tour. On doit être plus de deux-cent vingt milles dans la tour, et c'est grand, un peu trop d'ailleurs. Oups, Madame Clower arrive ! Elle entre dans la chambre en poussant lourdement la porte de métal, et me regarde avec son air énervé, fâché. Elle n'est pas très gentille, et nous punie souvent pour des choses peu importantes. La dernière fois, c'était à cause du bois. Nous n'avions pas recyclé assez de bois pour se réchauffer lorsque les chauffeurs étaient en panne. Nous sommes supposés travailler, elle dit que c'est important pour l'avenir de la planète mais je ne la crois pas. C'est plutôt pour ne pas faire couler la tour. C'est l'état qui finance nos services, on doit donc travailler plus de six heures par jour pour avoir le droit de rester. Ce que nous ne sommes pas en train de faire d'ailleurs. Je vois son visage se décomposer, elle s'apprête à crier, ou peut-être ne va t-elle pas le faire. On ne peut jamais savoir, elle est si imprévisible. Ça ne manque pas pour cette fois elle commence à crier. Elle me dit "ne devriez-vous pas travailler à cette heure-ci ?" Je lui réponds que je suis confus et que reprends le travail sur le champ, comme toujours. Elle part en claquant la porte et laisse un silence strident, pouvant lasser et blesser n'importe qui. Cette journée se répète. Je pense que Jessy doit penser la même chose. Du moins, je l'espère. J'aimerais voir la lumière du jour autrement qu'au travers d'une vitre, sentir les odeurs de fleurs au lieu de celles de la pollution putride. Voir un autre paysage que celui-ci, au fond, je ne suis pas fait pour vivre dans ce monde, personne ne l'est. Mais le temps passe, seconde après seconde, minute après minute. Et l'illusion du temps est la pire chose à laquelle il faut se fier dans ce monde. Le temps est abstrait, il ne sait que couler jour après jour sans raison, et nous donner l'illusion d'une vie meilleure.
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L'esprit commun
Science FictionNous sommes dépassés, semblable à des enfants jouant avec le feu. Les parents sont partis, ne reste que l'anarchie et l'illusion d'une vie meilleure. C'est là, dans ce monde que nous suivons l'histoire de Tom et sa sœur, Jessy. Leur monde est menac...