L'esprit commun

Chapitre II : Au nom de la rationalité

Aujourd'hui, nous sommes lundi, ou mardi je crois. Je ne sais pas, je crois que c'est le début de la semaine. Bref... Je suis perdu au milieu du temps. Voilà maintenant plus de trois mois que nous sommes arrivés et je commence déjà à vouloir partir. L'enfermement y contribue. Madame Clower ne vient plus nous voir, elle doit être occupée. Il faut également dire que nous sommes sages depuis qu'elle nous ait presque renvoyés de la tour. J'ai proposé à Jessy, la nuit dernière d'essayer de changer de logement, elle n'est pas vraiment en accord avec cette idée. Peu importe, je pense qu'il lui faut simplement un peu de temps pour réfléchir, penser à cette idée. A vrai dire, elle ne me parle plus beaucoup. Je ne sais pas pourquoi, mais je devrais essayer de lui parler. Il faut dire que j'essaie d'être rationnel. D'ailleurs, je ne comprends pas vraiment cette histoire de rationalité. Qu'est ce que cette chose ? Nous pensons tous agir, penser en toute rationalité. Nous disons toujours : "soyons rationnel !" ! Mais savons-nous vraiment ce que c'est ? Nous n'avons jamais vu une personne qui s'oppose à notre opinion dire qu'il tient ses arguments au nom de l'irrationalité. On peut dire, en quelque sorte, qu'agir en toute rationalité ne veut rien dire.  Mais cela ne m'aide pas beaucoup. Je dois trouver un moyen de refaire ma vie dans un endroit meilleur. Le problème est que, suite à la migration, il est difficile de changer de domicile. Surtout quand on est mineur... Il y a dix ans, plus de un milliard de migrants climatiques sont remontés vers le nord, vers l'Europe. Ce qui a causé beaucoup de problèmes. Mais nous devions aider ces pauvres gens, voilà pourquoi les secteurs ont été créés. J'aimerais beaucoup vivre dans un coin de verdure. Le problème était que c'est rare aujourd'hui. Pour plusieurs raisons : les guerres en Europe, suite à l'immigration de masse ; l'immigration ; la pollution et bien d'autres raisons que je ne connais pas. Mais autant dire que changer de vie, c'est compliqué et j'aurais besoin de fuguer et de me débrouiller seul, avec Jessy. Il faut que je réfléchisse, nous allons devoir nous échapper discrètement. Pour cela, il n'y a qu'une seule solution : partir durant la nuit. En effet, la nuit, les surveillants ne sont pas là. Nous sommes, comme séquestrés dans ce bâtiment malgré nous. Si nous ne travaillons pas, nous serons peut-être arrêtés. Je n'aurai jamais dû signer ce contrat de travail, la semaine dernière... Bref, cette nuit, nous devrions partir.