I : Le début de la fin

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Je détestais mon boulot. Je travaillais dans un petit bar minable avec comme client des gens laids, drogués et riches. J'étais barman, enfin j'étais une femme, mais bon j'ai jamais trop su comment je pourrais nommer mon job. Mon métier consistait à servir des boissons ou des cocktails avec un grand sourire et en jouant de mes charmes pour que le client me donne un maximum d'oseille. Je pense que ce qui me répugnait le plus dans cette histoire c'était de voir mes collègues, des femmes respectables et adorables, se rabaisser au moindre désire des clients pour les emmener dans des pièces sournoises pour un "entretien privé". « Le client est roi » était ici notre devise après tout. Parce que j'ai oublié un détail : je travaillais dans un bar de putes. Enfin, tout dépend comment vous qualifiez des femmes nues ou à moitié qui faisaient du pôle danse et qui emmenaient des hommes dans des chambres, tout ça pour gagner du fric. C'était pathétique. J'étais obligée de porter un uniforme assez dénudé et rester moisir derrière mon comptoir dans cette semi-obscuritée dégueulasse.

-Hé Moe tu peux me remplacer s'te plaît je dois aller dehors.

Je lui montrai mon téléphone comme un prétexte pour échapper à cet endroit horrible, et ma collègue aux cheveux noirs me relaya. Je sortis en vitesse et refermai la porte de derrière. Je rangeai mon téléphone dans ma poche et appuyai ma tête contre le mur. Il faisait nuit et je sentis l'air frais et humide me caresser le visage. Je respirais lentement, puis je me cognai plusieurs fois la tête contre le mur, pour passer mon envie d'hurler. Une larme s'échappa de mon œil et je m'arrêtais de cogner pour l'essuyer d'un revers de main. Je me laissai glisser pour attérrir au sol sur mes fesses. Je repliyai mes genoux contre ma poitrine et posa ma tête dessus pour que je sois en boule et pour laisser couler quelques larmes en silence. Bon, pas besoin de vous faire un tableau : non je n'étais pas satisfaite de ma situation actuelle.

J'entendis alors des bruits de pas. Je relèvai doucement la tête, et j'aperçu un homme aux cheveux châtains, aux yeux couleur noisette et des lunettes. Il se pencha vers moi, et appuya son bras sur le mur.

-Ça ne va pas ?

Je lèvai la tête et le regardai dans les yeux, puis je m'appuya contre le mur pour me relever et être en face de lui. Il garda le bras appuyé contre le mur.

-Ça va, répondis je sèchement, en faisant mine de me diriger vers la porte de mon pire cauchemar.
Il posa son autre bras très rapidement à ma droite, de sorte à ce que je sois entre ses deux bras.

-Tu vas où comme ça ?

Je détournai le regard et essayai de partir de sa prison humaine.

-Lâchez moi !

Il maintenut ses bras et rapprocha sa tête de mon cou. Il le sentis et le lècha.

-DÉGAGE !, hurlais- je sur le point de pleurer et de vomir. Cela ne faisait que l'exciter davantage.

-Pourquoi ça, tu sens si bon...

Il me caressa le visage et rapprocha une nouvelle fois sa tête de mon cou. Je m'attendis à ressentir une nouvelle fois sa langue gluante sur ma peau, mais au lieu de ça, je sentis une mâchoire avec des dents pointues me transpercer. Je poussai un hurlement de douleur et je me débattu pour m'enfuir le plus loin possible de ce monstre. Il relèva la tête et je pus voir que ses yeux avaient changé de couleur. Ils étaient à présent rouges sangs. C'était donc ça une goule. J'en avais déjà entendu parler à la télé, mais je n'en avais jamais vue une en chair et en os. Alors c'était comme ça que j'allais mourir ? Mangée par une goule ? Alors ma mort aura été aussi pathétique que mon existence. Je fermai les yeux et arrêtai de me débattre. Je le regardai et lui dit :

/la goule borgne/Où les histoires vivent. Découvrez maintenant