II.

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J'abandonnais.
~
La porte entra en collision avec les phalanges de mon meilleur ami accompagné de son cousin.

" Ouais, entrez.
— On peut pas c'est fermé ! hurla Jérem'.
Bordel... " je marmonnai.

Je me relevai difficilement vu mes douleurs dorsales dues à un manque d'exercice de ma part, et rampai presque jusqu'à l'entrée.
La clé tournait à peine sous la force quasi-inexistante de mes mains.

Ils entrèrent et je peinais à rester debout. Les vertiges reprenaient, je me sentais partir loin.

" — Who, qu'est-ce que qui t'arrive ? " demanda Nick paniqué, me tenant dans ses bras.

Je vis Jérémie rouler des yeux.
Il perdait patience avec mes conneries. Je le savais, mais je passais au dessus. Je continuais, à défaut de trouver comment sortir de ce pétrin. J'me disais que tant pis, il s'habituerait avec le temps.
Mais non, quand on tient à quelqu'un, on laisse jamais quelque chose de malsain rester en elle. On persiste, on réessaie et on y arrive, la plupart du temps. Sauf là j'ai l'impression.

" — C'est quand que tu vas m'écouter ? il lança plus sec qu'un coup de vent.
Qu-quoi ? Mais non, ça va, dis-je en me frottant la tempe.
— Ouais c'est ça. Ils sont planqués où ? il demandait en cherchant activement toute trace de joints dans mon appartement. Dis le moi avant que j'te retourne la baraque.
— Mais t'es pas mon père, c'est bon là ! je m'indignai.
Certes, mais faut que j'agisse comme si parce qu'il est pas là pour toi le vrai et que sinon tu vas partir en vrille. Explique-moi pourquoi tu ressembles à ma serpillière.
— Me traite pas de panosse s'il te plaît, je demandai en tentant de le détendre.
J'suis désolé, mais quand t'es tenue comme ça par quelqu'un c'est bien ce qu'on a l'impression de voir, il fit remarquer. "

Je regardai furtivement Nick avant de me relever pour basculer vers le mur.

" — Ose me dire que t'es sobre de toute substance illicite, demandait le cousin de mon ami, tu tiens à peine sur tes jambes.
— Nick, n'en rajoute pas. Mais merci de m'avoir rattrapée.
— De rien, il dit en détournant le regard. "

Tous deux soupirèrent. Je m'efforçai de restrer calme, pour ne pas attiser la haine de mon meilleur ami.

"-Vivement que je retrouve ma vraie meilleure amie, ma sœur... "  bredouilla Jérem'.

Ces mots restèrent dans mon esprit. Ils me hantaient, je les analysais. Ils me firent un choc.

Mon meilleur ami n'avait pas prononcé ces mots depuis si longtemps, que j'avais oublié le bonheur et la satisfaction qu'ils engendraient. Sauf que là, c'était plutôt de la déception et une prise de conscience, qu'ils procuraient. Je me rapprochai et posai alors une main sur son épaule, avec limite une p'tite larme à l'œil.

"— Hé, on se calme, je lançai l'air apaisant. J'te promets de faire un effort. T'inquiète, y a rien de suspect ou de dangereux chez moi. J'ai merdé, c'est tout, comme d'hab' je sais, encore une fois, mais j'vois que ça te touche, et j'veux pas que ça soit le cas. Je vais m'en sortir, et tu t'es déjà assez donné, alors laisse-moi faire."

Un sourire prit place sur son doux visage au teint basané.

"— Ca me fait plaisir que tu dises ça."

Son sourire rimait avec méfiance, mais l'espoir était toujours pas loin derrière. J'le voyais, et je sais pas s'il était vraiment là ou si c'était juste ma motivation soudaine qui m'avait illusionné. Un seule chose était sûre à présent, la suite de la soirée serait un peu plus détendue. Et sur ce coup, par je ne sais quel miracle ça a été le cas.

Échanges. (Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant