Chapitre 2

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Ivar observa la scène tandis que ses hommes étaient à l'assaut du reste du château, il avait devant lui à peine dix enfants, d'une douzaine d'années maximum, tous accrochés comme si leur vie en dépendait à une jeune femme.

Personne ne bougea, ils se regardaient les uns les autres en chien de faillance, attendant un ordre. Ivar regarda plus précisément la fille, à peine plus jeune que lui, ses cheveux sales cachaient un blond vénitien magnifique. Ses yeux étaient d'un vert qui devaient être étincelants à une époque, mais ils étaient aujourd'hui ternis par la tristesse et le désespoir.

Dans l'ensemble, elle était jolie pour une chrétienne, seul détail était qu'elle était plutôt amochée. Ivar pensa à un maitre potentiel, qui, au vu du peu de défense du château, était de toute évidence absent.

- S'il vous plait... Laissez partir les enfants.

Ivar haussa un sourcil. Il trouvait cette chrétienne agréable à regarder, et elle parlait aussi leur langue. De plus, il ne voyait pas une once de peur envers lui dans son regard, il en était presque impressionné. Il se devait de la détester immédiatement mais ne pouvait s'y résoudre devant ses yeux implorants et innocents.

- Ce n'est pas en toi d'en décider, lui répondit-il sèchement.

Il fit signe aux autres, qui avancèrent vers les enfants. Ces derniers se mirent à pleurer et à s'accrocher plus fermement aux bras et à la robe sale et déchirée d'Aïda. Tandis qu'ils essayaient de se débattre contre les Vikings qui les attrapaient un à un, elle se mit à genoux, pour être à leur hauteur.

- N'ayez pas peur, tout va bien se passer. Vous avez juste à fermer les yeux et penser à quelque chose d'agréable. Vous pouvez faire ça les enfants ? Ne pleurez pas...

Ses mots calmèrent les enfants qui un par un étaient emmenés. A la vue de cette scène, Ivar prit un des garçons et lui trancha la gorge. Le calme des enfants ne résista pas face à cette cruauté. Ils se remirent tous à hurler et pleurer ; « Aïda, ne me laisse pas », « Non ! ».

Aïda eut envie de vomir, elle ferma les yeux et pleura en silence, attendant son tour. Ivar fit signe aux Vikings restant de partir. Il pouvait voir par la fenêtre que quelques maisons étaient déjà en flammes, il pouvait entendre au loin les cris des serviteurs du château mourir sous les coups de hache de ses guerriers. Il se retrouva seule avec cette inconnue. Il s'approcha d'elle en rampant, mais ce bruit ne la fit pas bouger. Il releva sa tête de sa lame ensanglantée, observant son visage.

- Ouvre les yeux.

Elle s'exécuta. Ivar ne distinguait toujours pas de peur. Elle n'était définitivement pas comme les autres chrétiennes. Elle ne suppliait pas pour qu'il lui laisse la vie sauve, elle avait même pensé aux enfants en premier.

- Comment t'appelles-tu ?

- Aïda.

- Très bien, tu vas me suivre.

Alors qu'il allait se retourner pour partir, elle fit un petit bruit gêné, et un geste pour attirer son attention. Elle se décala et montra une grosse pierre derrière elle à laquelle était attachée une chaine. Ivar suivit la chaine des yeux et arriva jusqu'à sous la robe de la fille. Elle montra négligemment ses pieds. Apparemment son maitre tenait bien à ce qu'elle ne bouge pas de la pièce.

- Tu es une esclave, pourquoi tu es attachée comme une bête ?

- Je ne suis pas une esclave, enfin... Je ne sais plus ce que je suis.

- Et tu t'es retrouvée attachée comme par enchantement ?

- C'est pour que je ne m'enfui pas.

Ivar esquissa un sourire en coin. Une chrétienne, joli, cultivée, qui n'a pas peur de la mort et qui a du caractère. Il allait bien s'amuser avec elle.

- Tu as donné une raison à ton maitre de douter de ta loyauté ?

- Je me suis déjà enfuie.

Ivar parut cette fois réellement surpris. Du caractère, elle n'en avait pas qu'un peu. Un nombre minime de femmes auraient osé défier leur maitre de cette façon. Il tourna le visage d'Aïda de son index et caressa sa blessure du bout des doigts. Il en observa la couleur, la forme, la taille. Il remarqua une trace de coup sur sa joue. Il eut pitié d'elle, jamais on n'avait aussi mal traité une femme sous son règne à Kattegat, de la cruauté guerrière oui, mais pas ça. Mourir abrégerait ses souffrances. Il se recula brutalement.

- Apparemment, tu n'as pas très bien réussi.

- Comment osez-vous ? fit-elle offusquée.

Ivar prit brusquement son visage d'une main et serra fort sa mâchoire. Il approcha son visage jusqu'à ce que leur nez soit à la limite de se toucher.

- Je me permets si je veux esclave. Maintenant, c'est moi ton maitre.

Enfin il décela de la peur dans son regard, mais elle se repris rapidement et chassa cette émotion. A la seule force de ses mains, et en un temps surhumain il la débarrassa de ses chaines. Il vit ses pieds sales, et ses mains abimées par un travail trop dur pour son corps frêle. Il lui fit signe de le suivre.

- Si tu essaies de courir pour t'enfuir, tu n'auras pas le temps de faire un pas que tu seras déjà morte.

- Peu m'importe de mourir, dit-elle en se relevant.

- Ça, c'est un mensonge. Tous les chrétiens ont peur de la mort. Mais peut être que tu as plus peur de la torture ? Elle sursauta à cette idée, et Ivar fut satisfait. Alors tu sais ce qui t'attend si tu cours.

Ils sortirent tous les deux du château, et traversèrent la cour. Ivar vérifiait de temps à autre qu'Aïda le suivait bien et ne tentait pas de s'enfuir. A un moment elle s'arrêta, il se retourna pour la regarder, elle fixait quelque chose les yeux écarquillés. Elle ne put s'empêcher de se mettre à courir.

- Non !

Aïda hurla en bousculant quelques Vikings au passage. Elle en frappa un de colère et de rage. Ivar en rigola tellement c'en était ridicule. Avec son pauvre petit corps elle n'avait même pas réussi à faire bouger sa victime. Cette dernière, un Viking de l'armée d'Ivar souleva sa hache pour la tuer, mais Ivar l'arrêta.

- Elle est à moi.

Aïda s'agenouilla près de la dépouille de sa mère. Elle porta la main à son visage et se mit à pleurer, encore une fois. Ivar l'attrapa par la taille pour la faire s'éloigner. Il était pressé de retourner au camp, mais Aïda se mit à hurler et à se débattre. Elle se retourna violemment et gifla Ivar qui ne l'avait pas vu venir. Celui-ci fut à la fois en colère et amusé. Rapidement, il retourna la situation à son avantage et se retrouva au-dessus d'Aïda, incapable de bouger. Elle pleurait toujours, folle de rage.

- Vous n'êtes qu'un montre. Vous les païens, vous êtes tous les mêmes. Vous ne pensez qu'avec le sang et votre sexe ! Vous êtes... Abjectes !

Ivar partit d'un fou rire. Elle ne manquait pas de culot, c'était certain. Elle se figea, le regardant avec incompréhension.

- Et vous les chrétiens êtes beaucoup trop coincés et pleurnichards. Maintenant tu arrêtes de pleurer, et tu marches.

Ivar se retira, et recommença à avancer. Aïda se redressa, elle regarda une dernière fois la dépouille de sa mère, la tristesse envahissant son corps. Elle fit une dernière prière silencieuse et se releva pour suivre Ivar.



Voici le deuxième chapitre de cette histoire ! J'espère qu'il vous a plu ;)

Petite précision : Tout ne correspondra pas à la série, j'ai pris certains éléments, j'en ai modifié, j'ai joué avec la chronologie etc. mais ça sera compréhensible, même pour quelqu'un qui n'a pas vu la série ou qui ne s'en souviens pas ahah

N'hésitez pas à commenter, et à voter ♥

Allez voir @youbloodymadgenius, ces OS autour d'Ivar son super !


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