nuit

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Jeune lycéen de dix-sept ans avec une constitution faiblarde ce qui lui valait un corps maigre et un teint albâtre : voilà ce que j'étais.

Une salle sombre, mon téléphone illuminant mes yeux rouges de fatigue. Un bâillement et mon écran s'éteignit. Un froissement de couverture et je m'allongeai. Il était trois heures du matin et l'insomnie avait une forte emprise sur moi. Le lendemain, je devais me rendre au lycée et affronter tout le harcèlement moral de mes camarades sur moi. Un soupir s'échappa de mes lèvres faisant voler les quelques cheveux un peu trop longs qui descendaient devant mes yeux sombres. Je ne pensais définitivement pas pouvoir dormir cette nuit. Mécaniquement, mon corps s'extirpa de mon lit douillet et de sa chaleur pour me diriger vers l'unique velux de ma chambre qui donnait sur la ville et ses routes bruyantes et lumineuses. Je vivais seul depuis un certain temps – dans ce petit appartement en plein centre-ville – après que mes parents aient accidentellement découvert mon orientation sexuelle. J'ouvris la fenêtre et laissai le vent froid s'engouffrer dans la petite pièce. Je frissonnais et mes joues prirent des couleurs rouges au contact du froid. Mon simple T-Shirt blanc volait au vent. Ma main s'enfonça dans la poche de mon jogging noir et j'en sortis une sucette. J'en avais toujours une sur moi, à toute occasion depuis que j'avais arrêté de fumer, comme pour remplacer ces cigarettes que je fumais avant, avidement. J'enlevais le papier du bonbon puis l'amenai à mes lèvres et goûtai à son arôme chimique à la framboise. Je laissais mes jambes se balancer dans le vide, au gré du vent, les muscles relâchés. Je me penchais en arrière, entrant à nouveau dans la chaleur précaire de mon appartement, pour attraper mon portable qui trônait fièrement sur ma table de chevet, non loin de la fenêtre. J'allumais mon cellulaire et je regardais si j'avais reçu un quelconque message. Avec désespoir, je découvris qu'il était vide d'intérêt et je le balançai sur mon lit. J'allais passer une nuit blanche sans rien avoir à faire et en angoissant sur la journée qui se profilerait le lendemain. Super.

Mes pieds nus ballants dans le noir de la nuit, je fixais le vide. Sous ceux-ci, les voitures passaient une par une, leurs phares éclairant ma rue momentanément. Soudainement, mes mains ; mon seul appui sur le bord de la fenêtre ; glissèrent et je tombai. Aucun cri ne s'échappa de ma gorge, je fermai simplement les yeux. Puis j'atterris sur le matelas rebondit de mon lit. Je me sentis soudainement particulièrement fatigué et mon corps s'endormit. 

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