~ Prologue : Yles ~

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Ton corps aussi fin qu'une branche d'arbre devait supporter le poids de ta routine quotidienne. Tes mains entreprenaient chaque jour le même geste, elles se ridaient de plus en plus face au temps. Tes fines lèvres écorchées supportaient celle de la nuit, cette obscurité pleine de dégoût emportait ton corps vers le pêché et la peur. Tu te demandais comment sortir de cette boucle éternelle. Tu cherchais désespérément une sortie, et dès que tu en trouvais une l'homme en noir te rattrapait. Les murs de la minuscule pièce t'étais familiers, tu y venais tous les soirs pour défier les regards hideux. Ils te fixaient, eux les loups de la nuit, et en un battement de cils ils déchiraient ton chemisier fleuri. Quelle serait la meilleure façon d'en finir ? Rapide ? Tout en douceur ? Héroïquement ? Tu ne savais pas, mais pourtant tu y avais beaucoup réfléchi. 

La brutalité de la vie te détruisait. Jadis, on te disait forte, intelligente et compatissante. Désormais tu demeurais la pauvre petite rose tapissait d'épines. Si seulement le beau prince sur son cheval blanc apparaissait ! Il te ferait faire le tour du monde. Pourtant tu en voyais des princes, mais aucuns ne voulaient réellement de toi. Seul tes courbes les domptaient. Ils ne prenaient même pas la peine de discuter. Ces rapaces criaient encore et encore devant la chair fraîche leur faisant face. 

Un jour un petit s'était présenté devant toi mais celui-ci fut chassé. C'était lui ton prince, il n'était rien qu'à toi. Malheureusement cela avait été de courte durée. La petite graine en pleine éclosion avait été enlevée du sol pour rejoindre celui des cieux. 

Un torrent de larme glissait le long de tes joues, il avait inondé ton coeur. Depuis un faux sourire fissurait ta bouche. Tu ne vivais qu'en compagnie de la lune et des loups enragés. La colombe habillée de sa robe blanche avait oublié ton joli minois. Tu avais rencontré par la suite la peur et la solitude. 

Une odeur très forte de cannabis me fit sortir de ma rêverie. Durant quelques instants, j'avais oublié mon meilleur pote fumant juste à côté de la chose qui me servait à respirer. Je soupirai bruyamment pour lui faire comprendre que cet imbécile me gênait. Il me regarda incrédule. Comment j'avais pu faire la connaissance d'un gosse aussi con ? Cependant je lui devais la vie. Il fut le seul à être venu en mon aide. Je trouvais triste, le fait qu'il n'y ai qu'une personne à avoir eu l'amabilité d'appeler les urgences en voyant une jeune femme, le corps moisissant en pleine rue. 

Flash back ~

Les vas et vient de son corps sur le mien me faisaient l'effet d'un voyage en bateau, et je cru bien avoir le mal de mer. Son mono-sourcil m'hypnotisait. Je n'avais jamais vu une telle épaisseur de poils à ce niveau. Je devrais peut-être lui redonner son argent pour une séance chez une esthéticienne. 

Après une demi-heure, il se mit sur le côté en sueur. Je lui fis le sourire le plus hypocrite que le monde ai connu puis sortis rapidement de mon "bureau". 

Le froid meurtrier de la nuit, me transperça les jambes. J'avais beau avoir l'habitude de ressentir des températures aussi basses, la surprise s'emparait toujours de moi durant un court instant. Il devait être au moins quatre heures du matin et les rues demeuraient désertes. Ce moment de solitude me donnait une impression de liberté, comme si j'avais enfin pu m'évader de ma cage. 

J'étais à quelques pâtés de maisons de chez moi, quand j'entendis des pas derrière moi. Je me retournai brusquement mais rien à l'horizon, j'avais dû rêver. Plus que dix mètres et je pourrais enfin m'enfuir dans mes draps. J'approchais enfin de ma porte d'entrée quand je sentis une forte pression sur mon poignet. Je n'eus pas le temps de me débattre que j'étais déjà plaquée contre le mur défraîchi. Je reconnus après quelques secondes de réflexion "mister mono-sourcil-". 

" Quoi tu veux un autre billet pour une séance d'épilation ?" Disais-je sarcastiquement.

Sa main droite passa sous ma jupe. J'essayais de me débattre mais sans résultat. Il m'avait attrapé, j'étais piégée dans son filet. La capacité de bouger m'avait été dérobée. Son autre main caressa mes joues. Je ne pus m'empêcher de planter mes dents dans son bras. Il hurla de douleur puis me donna un énorme coup sur le crâne. 

Après cela ce fut le trou noir. La seule chose dont je me rappelle c'était de m'être réveillée chez un parfait inconnu habillé d'un pantalon et d'un t-shirt vert. Sa tête me donnait l'envie d'exploser de rire. Depuis ce jour il était devenu mon meilleur ami, mon seul ami. 

Fin flash back ~

Je me retournai vers mon p'tit con préféré toute excitée. 

" Kevin, je crois que je vais me teindre les cheveux en verts !"  

Il manqua de s'étouffer. Il me regarda avec de gros yeux, je compris alors que cette idée de ma part lui paraissait totalement inattendue. Je lui pris le bras, me dirigeant tout droit vers le salon de coiffure le plus proche. 

" Yles t'es sûre de toi là ?" Disait-il encore sous le choc.

Je me contentais de sourire de toutes mes dents.

Depuis que je vivais avec cet énergumène j'avais toujours affirmé que je ne finirai pas comme lui, à me faire des teintures de cheveux plus originales les unes que les autres. Pourtant me voilà à attendre que sèche une substance non identifiée sur mon crâne, en compagnie de mon acolyte n'arrivant pas à se remettre de ses émotions. 

Après deux heures, nous sortîmes du salon de coiffure. Je me sentais enfin libre et épanouie. Moi, Yles Zurich je me retrouvais en Grinch 2.0.

En rentrant de notre périple des plus épiques, je passai chercher le courrier qui s'entassaient depuis dès jours dans la boîte aux lettres. Entre des dizaines de publicités, se trouvaient une enveloppe blanche qui sentait la nouvelle importante à dix kilomètres. Je l'ouvris délicatement puis lis ce qui y était inscrit. Un cri aiguë fit vibrer mes cordes vocales. Une des meilleures écoles d'art du pays m'avait accepté. 

Je courus dans les bras de mon coloc' des larmes de joie coulant sur mes joues.

Je courus dans les bras de mon coloc' des larmes de joie coulant sur mes joues

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