Si Tu Le Dis [BXB]

🍉 Chapitre 30 🍉

~~~ MATTHIEU ~~~

- Bébé..., commence Darius, je peux te poser une question ?

- Oui ?

- Pourquoi t'es muet ?

Je m'arrête net, en me mordant la lèvre inférieure. Je savais qu'il allait falloir que je lui explique un jour, mais je ne pensais pas que j'allais devoir le faire aujourd'hui.

Darius semble remarquer mon malaise, car il se gratte la nuque en baissant la tête.

- Désolé, le dit-il, je ne voulais pas te mettre mal à l'aise...

Je lui relève la tête avec ma main, et l'embrasse tendrement. Une fois que j'ai capté son attention, je lui souris tristement avant de commencer.

- Eh bien... Avant, je parlais normalement. Et puis un jour... J'ai fait mon coming out à ma famille.

  ~ Quelques années avant ~

C'était il y a quelques années, j'avais compris que j'étais gay, et je voulais l'annoncer à ma famille. Je pensais que tout le monde le prendrait bien... Enfin, du moins, je n'avais pas prévu la réaction de mon père.

On était à table. C'était le week-end, on mangeait un repas en famille, comme d'habitude. Ma sœur venait d'avoir ses dix-huit ans quelques jours auparavant, mais elle vivait toujours à la maison. Alors que mes parents venaient d'arrêter de parler de politique, j'ai pensé que c'était le bon moment.

J'ai baissé la tête, soufflé un bon coup, et j'ai commencé.

- Papa, maman..., j'ai dit en me raclant la gorge, je... je dois vous dire quelque chose.

- Ça ne peut pas attendre ?, m'a demandé mon père.

- Non, c'est... c'est important. Je... Je suis..., j'ai marqué une pause, puis repris,  Je suis... Je suis gay...

- C'est une blague ?, m'a-t-il demandé froidement.

- J-Je... Non...

- JE N'AI PAS ÉLEVÉ DE PÉDÉ DANS CETTE MAISON !

Mon père s'est levé, et sans que je ne m'y attende, il m'a poussé de ma chaise. J'ai essayé de me retenir à la nappe, mais elle m'a glissé des mains et je suis tombé par terre, faisant tomber toute la vaisselle avec moi.

J'ai voulu me relever, mais mon père m'a donné un coup de pied dans le ventre, ce qui m'a fait me tordre de douleur. En levant la tête, j'ai vu ma sœur partir en courant dans les escaliers, et ma mère est venue se placer devant moi pour raisonner mon père, mais celui-ci l'a giflée, en lui disant de ne pas se mêler de ça.

Pendant qu'ils criaient, j'ai couru dans la cuisine, mais j'ai glissé et suis tombé par terre. Le temps que je me relève, c'était trop tard. Il était là, face à moi, et me regardait avec ses yeux remplis de haine. Il avait un couteau de cuisine dans la main, qu'il venait d'attraper sur le plan de travail.

Il s'est doucement avancé vers moi, pendant que je reculais, par terre, poussant avec mes jambes jusqu'à me cogner le dos contre le mur. Je ne pouvais plus partir, plus rien faire pour m'échapper.

- Je ne veux pas de pédé ici. Tu n'es pas mon fils. Tu n'es plus mon fils, s'est-il corrigé, tu vas crever en enfer. C'est tout ce que les gens comme toi méritent, mais je ne te laisserai pas faire sombrer toute la famille avec toi.

J'avais les larmes aux yeux, et je n'arrivais même plus à parler correctement tellement j'étais blessé, et tellement j'avais peur.

- P-Pa... Papa..., j'ai bégayé, fais... p-pas ça...

Mais mon père ne m'écoutait pas, il avait ce grain de folie dans le regard. La même lueur qu'avait Anthony...

Il n'était qu'à cinq mètres de moi, quand ma mère l'a empoigné par l'épaule pour le retenir. Elle l'a poussé violemment et elle est venue se placer devant moi, en me regardant dans les yeux.

- Ça va aller mon chaton, m'a-t-elle dit en souriant, ne t'inquiète pas. Je...

Elle fut coupée par mon père, qui la fit reculer en la tirant par les cheveux. Il l'a tenu fermement, en me regardant d'un mauvais œil.

- C'est de ta faute, m'a-t-il lancé.

Il lui a enfoncé la lame d'acier du couteau dans le cou, et je n'ai même pas réussi à entendre la dernière chose qu'elle murmura.

J'ai regardé ma mère, mais aucun son n'arrivait à sortir de ma gorge. Je voulais hurler, appeler à l'aide, mais rien ne sortait de ma bouche.

Mon père jeta le corps de ma mère par terre. Elle poussa un gémissement de douleur. Son dernier gémissement. Elle était en train de mourir sous mes yeux, et je ne pouvais rien faire. Ni crier ni bouger, car mon corps ne m'obéissait plus. J'étais tétanisé par la peur.

Mon père s'est approché de moi, et m'a soulevé par le cou. Il a commencé à serrer, jusqu'à ce que je manque d'air. Je n'arrivais toujours pas ni à bouger, ni à parler.

~ Retour à la réalité ~

Je pleure, et Darius n'est pas dans un meilleur état que moi. Il me serre dans ses bras, aussi fort qu'il le peut. Au bout d'une dizaine de minutes, il s'écarte de moi et s'essuie les yeux.

- Et c'est à cause de ça que tu ne peux plus parler ?, me demande-t-il.

- Oui..., je signe, en soupirant, d'après les psychologues, ça m'a tellement traumatisé que je ne peux plus parler. C'est un choc post-traumatique, ou quelque chose du genre, je crois.

- J-Je suis désolé..., murmure-t-il, c'est affreux. C'est même pire que ça. Mais... Comment vous avez fait pour vous en sortir ?

- La police est arrivée, et ils ont tiré sur mon père, je lui explique, ma sœur les avait appelés. Ensuite, je suis parti avec elle à Montpellier, pour tout oublier. Et puis, on est revenus pour mes années au lycée.

Darius me resserre contre lui, puis m'attrape les deux mains. Il me sourit et frotte doucement mes paumes de mains à l'aide de ses pouces.

- Je t'aime, Matthieu, me dit-il en souriant, je veux faire ma vie avec toi. Et je te promets que je te protégerai toujours.