Nouvelle lune

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Je fixe mon reflet tremblant sur la fenêtre du fast-food. Les seuls mots qui me viennent en tête en contemplant cette pâle image de moi-même sont brutaux, cruels. Tous mes traits me semblent gondoler sous le poids de mon propre jugement. Une main tremblante se pose sur ma joue, trace une ligne invisible le long de ma mâchoire. Mais sous cette ligne se trouve une peau disgracieuse, des joues trop épaisses et un cou qui tend jour après jour vers le double menton que je m'étais promis ne jamais avoir.

Je détourne le regard avec un goût amer en bouche, celui du dégout. Soudainement, la nausée me submerge. Sans faire attention à l'agitation autour de moi, je me précipite aux toilettes et rend mon repas.

« Madame, vous allez bien ? »

J'autorise une unique larme à couler sur ma joue avant de me redresser et me retourner vers la voix fragile qui vient de se détacher dans mon dos.

Je n'ai même pas le courage de regarder l'employée qui m'a suivi dans les yeux. Elle a l'air jeune et gentille, et fine, elle.

« Oui, oui, tout va bien. Sûrement quelque chose qui est mal passé. »

Elle hoche la tête avec un sourire. Naïve aussi donc.

En sortant sur le parking, je me sens fatiguée. La tension dans mon estomac avait quelque chose d'apaisant il y a encore quelques minutes mais à présent mon estomac vide crie famine et la trace acide inscrite au fond de ma gorge est encore bien trop présente pour que je puisse songer avaler quoique ce soit.

Je me sens vide aussi. Je rejoins ma voiture dans laquelle je dors depuis la découverte. Une routine s'est établie dans les jours qui ont suivi. Je me rends au travail tous les matins, après être passée à la salle de sport prendre une douche. Le soir en sortant, je prends la direction d'un MacDo, et je mange pour étouffer les sentiments contre lesquels je ne suis pas encore armée. Puis je retourne à la voiture, conduis pendant quelques heures et finis par me garer sur le parking de la salle de sport avant de m'endormir pour un sommeil tout sauf réparateur.

Mais je suis exténuée, et je n'ai plus la force de fuir la vague de tristesse et désespoir qui me guette. Je ne sais pas où aller, je ne sais plus quoi faire.

Alors je m'assois sur le siège passager, et laissant les doutes prendre le volant. Les questions envahir mon esprit, et le désespoir me conduire vers l'obscurité la plus impénétrable de toutes celles où il m'avait déjà enfermée.

Puis doucement, le désespoir fait place à la colère.

En démarrant la voiture, je ne sais plus à qui j'en veux le plus. Lui, pour m'avoir mené en bateau pendant Dieu seul sait combien de temps, elle, pour avoir marché à ses côtés, ou moi, pour m'être fait avoir ? Et pour m'enfermer dans cette routine autodestructrice. Pour le laisser me détruire, pour ne pas me battre et pour accepter de sombrer dans les eaux noires de la tristesse.

En démarrant la voiture, je ne sais plus à qui j'enveux le plus, mais je sais ce que je dois faire. Pour la première fois de mavie, je vais mener ma propre révolution.


Puis, doucement, le désespoir fait place à la colère.

En démarrant la voiture, je ne sais plus à qui j'en veux le plus. Lui, pour m'avoir mené en bateau pendant Dieu seul sait combien de temps, elle, pour avoir marché à ses côtés, ou moi, pour m'être fait avoir ? Et pour m'enfermer dans cette routine autodestructrice. Pour le laisser me détruire, pour ne pas me battre et pour accepter de sombrer dans les eaux noires de la tristesse.

En démarrant la voiture, je ne sais plus à qui j'en veux le plus, mais je sais ce que je dois faire. Pour la première fois de ma vie, je vais mener ma propre révolution. 

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