Révolution

Pleine lune

« Tu sais, je ne comprends pas.

- Tu ne comprends pas quoi ? demande Sylvie en mordant dans son sandwich au poulet.

- Lui. Il me tourne autour comme si j'étais le centre de son monde, il n'a pas l'air d'abandonner malgré toutes les fois où je lui ai dit non.

- C'est vrai qu'il est bizarre, mais au moins, il n'est pas vraiment lourd. Moi je me suis habituée à le voir partout autour de toi, c'est presque comme s'il faisait partie du paysage maintenant. Bon d'accord, il revient à la charge encore et encore, mais voit le bon côté des choses : il n'est pas méchant !

- Et bah encore heureux qu'il n'est pas méchant ! Manquerait plus que ça ! Tu te rends quand même compte que depuis qu'on se connait, je ne suis pas sûre qu'il m'ait parlé une seule fois sans me demander mon numéro, mon adresse ou de venir au restaurant avec lui ? »

Sylvie me fixe quelques instants avant de revenir à son repas de midi.

« Bon, OK, il est lourd. Il est lourd, il est chiant, et franchement je te plains. »

Je lève les sourcils en levant les yeux de ma salade mâche-carotte-tomate. Ce n'est pas dans la nature de Sylvie d'aller dans mon sens. C'est ma meilleure amie justement parce qu'elle connaît tous mes défauts et adore les souligner. Enfin entre autres.

« Non mais c'est vrai, il est vraiment horrible ! Il est moche, il est méchant, il pue, il te veut du mal et t'insultes à chaque fois qu'il te voie, il est irrespectueux avec les femmes, bref c'est un goujat, un mec comme on peut difficilement en faire de pire. »

Je soupire. Je fixe mes crudités avec un regard vide. Elle a raison, j'exagère toujours, comme d'habitude quoi. Je gratte le fond de mon assiette et visualise un bon hamburger en espérant que le goût apparaitra dans ma bouche à la place de mes fades légumes à ma prochaine bouchée.

« Arrête de te prendre la tête Juju ! S'il ne t'intéresse vraiment pas tu as le droit, mais dans ce cas-là ignore le, il finira par se lasser ! Honnêtement, vu sa gueule, si tu lui brises le cœur, je me porte volontaire pour lui réparer, son cœur !

- Je suis en couple Sylvie.

- Oui enfin tu sais ce que j'en pense de l'autre.

- Oui, oui, je sais, je réponds en soufflant. »

Le sujet de mon copain revint bien assez souvent pour qu'elle ait eu le temps de dépeindre son désaccord de toutes les couleurs possibles.

« Au fait, il devient quoi Pierre ?

- Ah, tu sais bien, toujours dans les étoiles !En plus ce soir c'est la pleine lune, alors... »