Prologue ¶

62 6 28
                                    

COMME À PEU PRÈS chaque jour de la semaine, la maison des Baker était loin d'être silencieuse. Il était à peine 7h30, pourtant la grande pièce qui faisait office de salon était déjà remplie des cris énergiques des deux plus jeunes de la famille. Soren semblait prendre un malin plaisir à ennuyer son frère, Mahé, qui tentait vainement de faire ses lacets ; à chaque fois qu'il nouait ceux d'une chaussure et qu'il se penchait vers l'autre, Soren se précipitait pour défaire le précédent. Au bout de la sixième fois, Mahé se leva d'un bon et se lança à la poursuite de son frère en hurlant.

« Soren ! SOREN ! Reviens immédiatement ! J'en ai plus que marre de ta crétinerie ! »

L'interpellé se contenta d'éclater de rire, avant de se mettre à courir, semant rapidement son jeune frère et ses petites jambes. 

« J'suis peut-être un idiot, mais moi au moins j'suis beau ! »

Il ricana, assez fier de sa réplique, avant de tourner la tête derrière lui pour vérifier la progression de Mahé. Ce dernier s'arrêta brusquement, un grand sourire aux lèvres. Soren ouvrit la bouche, prêt à se moquer une énième fois de lui, mais il n'en eut pas le temps. Il rentra violemment dans un torse inconnu et le choc fut tel qu'il fut projeter en arrière ; il retomba lourdement au sol, grognant de mécontentement. Lorsqu'il releva le regard, il croisa celui de son père, mi-agacé, mi-amusé.

« Oh. Salut, P'pa, commença-t-il, un mince sourire aux lèvres. »

Owen Baker haussa un sourcil, avant de secouer la tête.

« Je ne chercherai pas à savoir ce qu'il s'est passé cette fois-ci, aussi vais-je me contenter de vous dire de vous calmer et de vous répéter pour la millième fois depuis le début de ma vie qu'il ne faut ni courir, ni crier dans la maison. Il leur jeta un coup d'œil appuyé, et les deux intéressés hochèrent vaguement la tête. Bien, maintenant que ceci a été mis au clair, je vous veux chaussés, coiffés et débarbouillés d'ici 5 minutes dans l'entrée. Compris ?
— Yep..., maugréa Soren.
— Bien reçu mon Capitaine, ajouta Mahé, de sa petite voix fluette. »

Les deux frères détalèrent en quelques secondes, et leur père eut un soupir soulagé. Élever des enfants n'était certainement pas une mince affaire, surtout pour Owen, qui avait perdu sa femme il y avait déjà huit ans. Il avait gagné en échange un petit bout de chou en plus à garder, et trois jeunes gamins lourdement affectés par le décès de leur mère. Pourtant, il n'aurait pu rêver meilleure famille. Certes, il y avait toujours eu des disputes. Mais les Baker étaient si soudés, qu'ils savaient tous à quel point chacun d'entre eux tenait aux autres. Chaque éclat de voix laissait entrevoir l'amour qui habitait le cœur de la maisonnée. De plus, Owen avait toujours pu compter sur le secours de ses deux plus grands, alors qu'il ne leur avait jamais rien demandé. Chacun des enfants donnait volontairement du sien pour aider leur père, et la famille n'en était que bien plus proche.

Néanmoins, quand ce n'était pas les deux plus jeunes qui se hurlaient mutuellement dessus, les cris de Jil et Halley ne manquaient pas d'égayer le silence relatif du foyer.

« HAAAL ! Réveilles-toi, trou du c...
— JIL ! Ton langage, bon sang ! répliqua immédiatement Owen, toujours planté à l'entrée du salon. »

Il secoua de nouveau la tête, amusé, lorsqu'il entendit un hurlement de rage s'élever de l'étage, suivi de près par des pas lourds et précipités dignes d'un éléphant, puis par une voix, féminine cette fois-ci, enrouée par le sommeil.

« Jil Baker, tu es un homme MORT !
— Dans tes rêves, la mioche ! pouffa l'aîné, avant de dévaler les escaliers. Allez, tête de pioche, bouge tes fesses, on va encore arriver en retard à cause de toi. »

H like HeroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant