Entrée

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Elle souffle de la bouche pour se concentrer, pour rester dans le mode "vive et attentive". Car, si jamais elle laisse ses pupilles êtres distraites par autre chose que le court sentier de terre étroit devant elle, elle serai fichue. Elle ne doit regarder d'aucun coté, car des monstres se cachent parmi les arbres morts, ils murmurent des malédictions, ils grognent, ils soupirent et gémissent. Que des sons dégoûtants. Ça sent toujours le danger ici. On ne doit pas s'attarder à moins qu'on veuille perdre la mémoire. Mais on n'a pas le choix, car ici, on marche au ralenti.

Pour accomplir une petite besogne, l'homme pour qui sa famille travaille _ou plutôt est obligée de travailler_ l'avait commandé d'aller de Borrow _ la ville ou elle réside depuis sa naissance_ jusqu'à Pray, la cité des démons. Vingt quatre kilomètres à pied. Pour un contrat qu'il pouvait régler à travers le téléphone _une rareté en ces temps_ et ensuite ce serait à un démon de venir vers lui pour faire l'échange. En plus, ce salaud lui demande de faire l'aller retour en une journée, avant le coucher du soleil. Et le seul moyen d'y parvenir c'est d'être endurant et rapide... et de prendre le raccourcis.

Et Asgaut le sait parfaitement. Malgré cela, il l'envoie encore, pour la troisième fois, avec les même conditions, marchander avec des maudits. C'est qu'il avait bien remarqué, depuis qu'Iris était petite, sa débrouillardise et son sang froid. Elle ne peut ni refuser, ni revenir en retard.

Sinon il y aura punition.

Mais... il lui en a déjà fait voir de beaucoup de couleurs depuis l'age de dix ans. Fouets, cages, obscurité, famine, coups de poings et pieds. Une fois, il avait demandé a ses propre amis d'autrefois _maintenant elle n'en a plus_ de la frapper. Elle avait alors quatorze ans, et eux étaient prêts à la faire souffrir pour un peu d'argent. Parfois il l'appelait dans son bureau et, lui expliquant qu'elle devait être punie pour un méfait qu'il avait oublier de corriger en elle, prenait son poignard et lui faisait une coupure horizontale au bras, du coté de la paume. Puis il la nettoyait, lui mettait un pansement et lui demandait de dégager. Elle en a douze du bras gauche, trois du bras droit.

Ses "corrections" n'en ont jamais été unes pour elle. Elle ne la rendaient que plus forte, plus résignée. Et la douleur, elle a apprit à la contenir et à la comprendre. Quant à la peur, elle est devenue son amie. Elle est toujours loyale et ne la trompe pas. C'est juste que... être punies tout le temps devient... lassant et énervant.

Sa mère, pétunia, n'a jamais été là pour la défendre, ni pour la pleurer, ni n'a été là pour la soutenir ou pour lui donner un bol de soupe chaude quand elle sortait de sa prison ou qu'elle rentrait d'une excursion risquée. De même pour ses deux grands frères et sa petite sœur. Iris avait cru qu'il y avait de l'espoir avec cette dernière, mais non. Une nuit, pétunia lui avait dit que ce n'était même pas elle qui avait choisie son prénom, plutôt le maître. Pourquoi ceci et pourquoi cela ? Cela ressemble à des questions existentielles pour Iris.

Pourquoi elle ne s'échappe pas ? A cause de la marque de serviteur. Elle est la même partout. Est gravée sur le dos de la main que l'esclave utilise (ou utilisera) le plus souvent. Elle représente deux ligne croisé épaisse, longue de huit centimètres. C'est comme pour dire que la personne était rayé du monde et n'y faisait partie que pour obéir à son maître. 

Cette même gravure n'est jamais tatouée. Elle apparaît quand vous êtes désigné et disparaît quand le maître vous permet d'être libre. Et on a jamais entendus parler de ça. A part... parfois des personnes qui ont été loyale et qui ont bien bossé toute leur vie, et vers la fin de celle-ci, quand on est sure qu'il leur reste très peu avant de crever, et si leur maître est "clément", il les laisse partir.

Quelques heures d'une vie pour se sentir pour la première fois humain. Avant de partir pour de bon.

Si jamais elle s'éloigne sans permission, la marque la brûlera. Puis la brûlure se répandra à travers tout son corps et consumera ses organe jusqu'à la mort. Puis le corps deviendra cendre et s'éparpillera. Les autres n'en feront rien. Les autres arpenteront ces même cendres alors qu'elle sont encore nouvelles. Elle a été témoins des deux, plusieurs fois. 

RéelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant