Partie 1

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PARTIE 1

- T'as tout ce qu'il faut pour vivre alors vis -

Je regarde le paysage défiler sans vraiment le voir. Je ne prête aucune attention à ce sur quoi mes yeux se posent.
J'ai pris la bonne décision, hein?
Je n'ai pas eu le choix...
En fait si, on a toujours le choix et j'ai fait celui qui me paraissait le plus juste.
Ils n'auraient pas dû faire ça, pas sans m'en parler. Je suis celle que ça concerne et c'est MON choix. Ça affecte toute une vie une décision pareille. Pourquoi la prendre dans mon dos?

Un bruit me ramène à la réalité et je tourne la tête pour voir un homme qui ouvre une mallette et en sort des documents. Un doux coup de tonnerre attire mon attention et je regarde les nuages à travers la vitre. Gris. Remplis.
Le vent semble légèrement se lever et même s'il ne pleut pas encore, les oiseaux semblent sentir que cela ne tardera pas.

{Flash-back}

- Mais qu'est-ce que vous racontez?

Je n'arrive pas à croire ce que j'entends.

- Écoute ma fille..., intervient mon père mais ma mère l'interrompt.

- Levent, laisse-nous en parler entre nous. C'est mieux qu'on en parle entre femmes.

Mon père acquiesce de la tête et me fait un léger sourire encourageant avant de quitter la pièce.

Ma mère tapote la place vide près d'elle. Je la rejoins, à la fois stupéfaite et agacée.

- Maman, je comprends rien là.

- Esin, chérie, je t'ai dit que je passerais le mot pour te trouver quelqu'un.

- Oui mais je pensais pas que c'était aussi sérieux et je comprends pas c'est quoi l'urgence.

Elle sourit et je me demande ils ont quoi à me sourire comme si j'étais une petite de 8 ans à qui on essayait de faire avaler des légumes. C'est loin de m'apaiser, ça me donne juste envie de crier.

- Si c'est très sérieux, il est question de ton avenir. Et on ne sait pas de quoi est fait demain.

Je suis toujours aussi choquée.

- Je comprends toujours pas ce que t'essaies de me dire. C'est mon avenir, donc je suis la première concernée, non? Et c'est pas parce que la vie est imprévisible qu'on va vivre à 1000 à l'heure et se précipiter sur tout.

- Il vaut mieux prévoir, dit-elle sans plus d'explication.

- Prévoir ? Vous m'avez limite mariée sans m'en parler!

- Mais on t'en parle là. Et c'est quelqu'un de bien, ma sœur le connaît. C'est le fils de l'épicier, il est inspecteur sanitaire, il gagne bien sa vie...

Wow wow wow.

- Maman, tu te rends compte de ce que tu me dis là ?

- Oui, c'est un homme musulman et respectable. Que demander de plus?

- Mais... Ça va pas? T'essaies de me mettre à la porte, c'est ça ? Je comprends plus.

L'expression de son visage s'adoucit.

- J'essaie juste de te trouver quelqu'un qui saura bien s'occuper de toi quand on sera plus là pour le faire.

Mon cœur se serre et une peur froide s'empare de ma poitrine.

- Maman, t'es malade ? Papa a quelque chose?

- Non, on va bien ma fille, Dieu merci. Je veux juste savoir que t'es dans une bonne situation au cas où.

Arme-moi de ton amour.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant