Chapitre 16

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     Alors que Keena s'aventura dans les quartiers (quartier un et quartier des instituts) sur un créneau de nuit qu'elle n'avait encore jamais expérimentée, car jusqu'à maintenant on lui avait toujours fait faire des rondes en journée. Elle se sentit légère d'avoir une vraie raison de se trouver dehors à cette heure et bénit les Dieux de lui faciliter la tâche pour cette fameuse rencontre. Cependant, le mystère qui planait toujours sur son fameux correspondant et face à qui elle allait se retrouver dans moins d'une heure, créait en elle, une certaine anxiété, qui ne la quittait pas.

       Tandis que la jeune sentinelle avait fait la première moitié de sa ronde dans le quartier un, celle-ci s'éloigna doucement en direction de la zone déserte. D'un seul coup, Keena s'arrêta.

      Mais où vais-je retrouver mon rendez-vous, la zone déserte est tellement vaste. Dois-je avancer encore ? Faire demi-tour ? Ce rendez-vous est vraiment dès plus vague.

       Elle tourna sur elle-même ressentant comme une présence près d'elle, comme il y a une trentaine de minutes, ce qui ne la rassura pas.

      Elle pivota de nouveau sur elle-même, observant la moindre chose suspect, se mit dans une position de défense, prête à bondir si on lui a tendue une embuscade. Bien en appuie sur ses pieds, les genoux légèrement fléchis et les bras en position devant elle, afin de se protéger d'un éventuel coup avenir, mais également prête à frapper si besoin.

      Après plusieurs minutes d'observation, ne voyant personne arriver, elle décontracta ses muscles et poursuivit son chemin tout en restant très prudente.

      Par la queue du diable, dans quel enfer me suis-je lancée, se sermonna-t-elle.

     Quand soudain, elle entendit des bruissements de feuilles. La jeune femme s'était énormément éloignée des quartiers et avait fini par se rapprocher de l'entrée de la forêt, excentrée. Celle-ci se trouvait bien loin de la ville, mais aussi bien loin du début de la zone déserte. La sentinelle s'approcha de celle-ci sur la défensive.

      C'est donc de là que venaient les feuilles de l'autre fois. De cette forêt. Il y a donc encore un peu de nature dans ce monde. Mais pourquoi la ville en est-elle si reculée ? Est-ce à cause de la guerre passée ? La forêt est-elle une façon de nous protéger, de nous cacher, pour qu'on ne se fasse plus attaquer ? Ou s'en protègent-ils, car l'ennemi s'en était servi pour nous attaquer à couvert lors de la guerre ?

      Alors que Keena cogitait sur l'explication de l'isolement de la ville par rapport à la forêt, mais aussi sur la non-connaissance de celle-ci par l'ensemble de la ville, elle entendit une branche craquer. La sentinelle aussitôt fit face à la provenance du bruit.

-Y a quelqu'un ? ... Je sais que vous êtes là. Je vous ai entendu, cria-t-elle au loin en direction du bruit.

      Mais personne ne lui répondit, ni sortit de derrière les arbres. La jeune femme avança donc très prudemment vers l'arbre. Alors qu'elle était à environ trois mètres de l'arbre, elle aperçut un morceau d'ombre, très petit. La sentinelle fléchit alors encore plus ses jambes, telle une panthère prête à bondir sur sa proie, le regard vif au moindre mouvement, même quand il ne s'agissait que d'une feuille ou d'une branche qui bougeait à cause du vent, et avança en direction de la petite ombre qui se dessinait.

      Alors qu'elle n'est plus qu'à un mètre de l'arbre le feuillage se mit à terriblement trembler. Aussitôt, Keena pensa que son rendez-vous se cachait en haut de l'arbre et allait lui sauter dessus. Ni une, ni deux, elle recula pour l'esquiver et le prendre en traite à son propre jeu.

      Alors qu'elle vit une masse sombre tombé du haut de l'arbre, une autre beaucoup plus petite la suivit. Keena s'approcha avec prudence consciente que la taille de ceux qui tombaient, ne pouvaient être humaine. Elle approcha doucement et se rendit compte à son grand regret qu'il ne s'agissait que d'une grande branche ; qui venait de cassait suivit d'un petit écureuil qui devait sûrement se tenir perché sur celle-ci.

-Par la queue du diable, maudit petit animal. Tu ne pouvais donc pas faire attention, grogna-t-elle, sous un excès de rage passager. Elle se baissa à sa hauteur, le regarda de plus près. Le petit rongeur ne bougea pas et pencha sa petite tête pour la regarder également. Elle tendit sa main vers lui. J'espère que tu ne t'es pas fait mal dans ta chute, lui murmura-t-elle. Est-ce que tu vas bien, l'interrogea-t-elle. Comme si la petite bête pouvait la comprendre et lui répondre.

      N'ayant pas de réponse, ce qui était prévisible. Elle regarda l'animal qui semblait être en pleine forme.

-Allez, je te laisse, j'ai un mystérieux rendez-vous qui m'attend. Allez, file, lui dit-elle en lui faisant un geste de la main pour qu'il parte.

      Elle se releva et reprit son chemin à la recherche de son contact. Après une quinzaine ou peut-être une vingtaine de minutes, elle entendit de nouveau des feuilles craquer.

-Y a quelqu'un, demanda-t-elle de nouveau.

      Pffff. N'importe quoi, comme si on allait me répondre. Bien sûr que non, sinon y a plus d'effet de surprise.Tu réfléchis vraiment pas beaucoup par moment ma petite Keena. Si ça se trouve c'est un piège et dans ce cas là, c'est évident qu'il ne va pas me répondre. T'imagine, le gars vraiment pas doué, qui te répond : « oui, je suis là, venez me chercher ». Pire qu'idiot se ravisseur.

      Alors qu'elle se laissait happer par ses pensées comme bien des fois, une nouvelle branche craqua plus fortement. La jeune soldat se reconnecta aussitôt au réel, après un sursaut, se tourna vers le bruit et mit tous ses sens en éveil.

      Non, cette fois-ci, il y a bien quelqu'un Keena, sois en sûre.

      Elle s'approcha doucement de quelques mètres et chercha du regard où pouvait bien se cacher l'autre personne. Ne voyant personne, elle fit une pause dans son avancée. Elle attendit quelques instants, mais ne voyant toujours personne venir, elle s'approcha un peu plus de l'arbre où elle entendait du bruit. Alors se dessina l'ombre d'une silhouette. Celle-ci était d'une taille plus ou moins grande, mais très svelte.

      Hmm, là, je ne suis pas folle et je ne me trompe pas. D'une telle grandeur, c'est forcément un Homme.

-Je vous vois, cria Keena. Sortez !

      Alors la silhouette sortit de derrière l'arbre appareillée d'une grande cape noire, enveloppant son corps jusqu'aux pieds et d'une large capuche qui dissimulait entièrement son visage.

-Qui êtes-vous, s'enquit la sentinelle en s'approchant encore un peu, essayant de voir l'inconnu en capuche. Celui-ci, en retour, lui fit signe de le suivre. Keena regarda derrière elle, regarda le sombre étranger, puis décida de le suivre se demandant où il pouvait bien l'emmener.

      Ai-je bien raison de le suivre ? Où m'emmène-t-il ? Est-ce vraiment un ami, ou compte-t-il me tuer à l'abri des regards?! Par la queue du diable, dans quoi est-ce que je m'embarque ?

      Calme-toi, Keena, s'il te voulait du mal, il t'aurait déjà sauté dessus pour t'attacher et te bâillonner.

      Alors qu'elle se débattait avec elle-même tout en suivant son guide, celui-ci s'arrêta net et se tourna vers Keena. Celle-ci ne s'y attendant pas, se figea aussitôt et recula d'un pas, afin d'éviter de lui rentrer dedans.

-Qui êtes-vous, asséna-t-elle une nouvelle fois.

      En réponse, l'Homme enleva sa capuche, qui dévoila aussitôt une chevelure brune, puis il redressa la tête vers Keena.

-Vous ?!!! s'étonna-t-elle, alors que son visage afficha toute sa surprise et sa stupeur.

-Oui, moi, dit une voix douce et posée.

-Mais... comment est-ce possible... , commença Keena, mais ses mots ayant du mal à sortir, sa phrase mourut sur ses lèvres tellement son étonnement en fut grand.

Keena  Tome 1 L'éveilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant