Chapitre sept.

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       Alors que je suis en cours, je n'écoute pas grand chose et tourne mon stylo entre mes doigts. L'histoire de la veille me trotte, sans compter qu'Ezel n'est pas là. C'est la journée où nous sommes ensemble dans aucun cours. Cela m'attriste. J'aimerai le voir, je suis sûr qu'il pourrait me faire oublier mon chagrin à propos de Greg. 

Je sors mon téléphone, regardant une énième fois s'il m'a répondu. Ce matin, en me levant, j'ai aussi envoyé un message d'excuse à Arthur et il m'a aussitôt dit qu'il acceptait de me pardonner mais que ça allait prendre du temps. Une petite victoire. 

Je décide d'envoyer un message à Ezel, j'ai besoin de lui et sa bonne humeur. 

" Hey, tu commences à quelle heure ? "

" A 9h. Je suis devant la fac là, viens me voir dans 10min ;) "

Mon téléphone indique huit heures cinquante. Le problème, c'est que je ne peux pas attendre une minute de plus, alors je range mes affaires et pars de l'amphithéâtre. Je me dirige vers l'entrée du bâtiment et le vois juste devant, son téléphone en main et l'air fatigué. 

D'un pas décidé, je fonce vers lui. Il s'aperçoit que je suis là quelques secondes avant de me réceptionner. J'entoure mes bras autour de son cou et le serre contre moi. Il paraît surpris mais ne me repousse pas, au contraire, il passe un bras autour de ma taille et l'autre, je sens ses doigts se poser sur ma nuque. Sentir son corps collé au mien me fait un bien fou. Je n'ai plus l'impression d'être seul, je sens qu'il est là et c'est la meilleure sensation au monde. J'ai envie de lui demander de sécher avec moi et de passer la journée ensemble, mais je ne peux pas maintenant, alors qu'on vient de reprendre les cours. 

— Eh, quelque chose ne va pas ? il me demande doucement. 

Je ne veux pas répondre, je veux juste profiter de sa présence. Peut-être que je devrai lui demander conseil, à propos de Greg ? Et d'un autre côté, je ne souhaite pas le déranger. Mes sentiments sont partagés. 

— J'ai juste passé une nuit de merde, je donne comme excuse. 

Ce qui n'est pas totalement faux, en passant. 

— Et t'es câlin quand t'es fatigué ? rit-il. 

Gêné, je m'éloigne de lui. Je crois que je suis resté accrocher à Ezel bien trop longtemps. Je le vois me sourire, comme attendri. 

— Ca me va, il ajoute. 

Je souris à mon tour. Comment peut-on être si gentil ? Ezel est la bonté même. C'est un saint. J'ai tellement de chance de l'avoir retrouvé.

On marche tranquillement vers son amphithéâtre. 

— Ca te dit de venir chez moi ce soir ? je demande avec espoir. 

Quand il ne me répond pas tout de suite, je comprends qu'il ne viendra pas. 

— J'aimerai beaucoup, mais c'est l'anniversaire de ma filleule et on le fête ce soir. 

J'en suis un peu déçu, mais c'est normal qu'il soit là pour elle. Je rationnalise en me disant que nous nous verrons une autre fois. J'ai un an, voir trois, pour faire un maximum de choses avec lui. Je ne dois pas oublier qu'il a une vie, lui. 

— Pas grave, on se fera ça une autre fois, je lui souris. 

Il me le rend en hochant la tête. Une fois devant sa salle, je regarde mon téléphone et soupire, les dix minutes sont passées et j'ai un autre cours, de même pour Ezel. Il me montre son emploi du temps avant que je ne parte et constate qu'on a aucun trou pour se voir, il a cours quand moi je mangerai. Il finit à dix-huit heures et moi à dix-sept heures. Je me suis proposé pour l'attendre, afin qu'on puisse rentrer ensemble en métro, mais il m'a dit que c'était inutile car il prenait le train. Finalement, on se dit au revoir à dix heures du matin pour le lendemain, c'est frustrant. 

Je n'ai pas envie de me faire des amis dans mon groupe d'Italien, je suis bien avec Ezel. J'ai aussi peur que si je fais entrer des personnes entre nous, on se voit moins et on se parle moins. Qui peut m'assurer qu'Ezel ne se rapprocherait pas d'un de nos amis et finisse par m'abandonner ? Je ne veux pas en faire l'expérience, ni prendre de risque inutile. 

Le seul soucis, c'est si lui, il se fait des amis dans son groupe. Je n'ai plus qu'à espérer que ça ne se fasse pas. 

    A midi, je profite d'être seul pour checker mon téléphone et regarder si Greg m'a répondu. Je suis triste en constatant qu'il ne l'a pas fait. C'est enthousiaste, que j'envoie un autre message : 

Naénaé : Greg stp réponds-moi... Tu me manques. Au pire, on peut se voir ? Juste toi et moi, dans un café, on pourra discuter tranquillement, comme ça. 

Au moment d'appuyer sur envoyer, je reçois aussitôt un message généré automatiquement. 

Cette personne vous a bloqué. 

Les larmes me montent dans la seconde et j'ai envie de pleurer. Il m'a bloqué ! Carrément ! Je sais que j'ai merdé, mais est-ce nécessaire ? Dans un sens, il ne reproduit seulement ce que j'ai fait... Je ne l'ai pas bloqué, pas aussi brutalement, mais j'ai coupé les ponts d'une manière raide. Je mords l'intérieur de mes joues pour me contenir. 

Je prends la décision d'informer Jistone, peut-être pourra-t-il m'aider ? 

Naénaé : Greg m'a bloqué... Je sais plus quoi faire :( 

Jijigot  : fallait s'y attendre, tu le connais... je vais lui parler ok ? Attends quelques jours et il reviendra, t'en fais pas ;)

Naénaé : M'oui, merci ! 

J'espère sincèrement qu'il saura trouver les mots justes pour le décolérer à mon sujet. 

     Ma fin de journée se passe mal, je me sens terriblement seul et coupable. Si seulement Ezel était là... En pensant en lui, une idée me vient en tête : et si je l'attendais jusqu'à dix-huit heures ? Je l'accompagnerai jusqu'au train, comme ça, je pourrais profiter de sa présence quelques minutes, mais qui me seront très bénéfiques. Mon moral était en chute libre. Avec un peu de chance, j'aurais le droit à un câlin d'au revoir. 

    Bien décidé à le retrouver, je me poste devant les grilles de la fac et je l'attends patiemment. Les yeux rivés sur mon téléphone, je fais glisser mon doigts sur l'écran pour faire défiler l'actualité. J'essaie de rattraper tout ce que j'ai manqué quand j'étais en médecine. Je me retrouve même sur des profils de célébrités que je n'avais jamais suivi auparavant. 

A dix-huit heures pile, une vague de joie m'envahit à l'idée d'être avec lui. Je reste cependant éloigné, pour lui faire la surprise. Je suis sûr que ça lui fera plaisir. 

Quand je le vois sortir dans la foule d'étudiant, mon sourire se fane rapidement. Je ressens une montée de déception et de tristesse en le voyant en bonne compagnie. Quiconque me verrait, devinerait en quelques secondes à peine à quel point je suis dépité. Ezel était aux côtés d'un grand brun et ils semblaient très bien s'entendre, au vu de leur visage souriant et leur éclat de rire. 

J'arrête la torture qu'est de les regarder et mets ma capuche, puis prends la direction inverse. J'enfonce mes écouteurs dans mes oreilles et allume le son à fond. J'ai envie de pleurer. 

Hey !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant