La Première Fois - A BTS/JungKook Story

36 : "C'est non"

Le bain à remous  bouillonnait. Je sortis de ma cabine vêtue de mon peignoir. En-dessous, je portais le même maillot de bain rouge qu'il m'avait prêté lors de notre trip à Jeju. Je traversai le couloir qui menait à la gigantesque salle de bain et où Jungkook m'attendait.

Au moment où j'entrai, je le vis et je compris que je n'aurais jamais dû mettre les pieds ici. J'étais perdue. Rien qu'en posant le regard sur son corps, j'avais pêché.

Il se tenait devant le bassin bouillonnant simplement vêtu d'un petit short noir. Sa peau me donnait l'impression de briller. Tout en lui était parfait et je ne me sentais pas capable de garder mes positions devant tant de tentations.

- Tu viens ? murmura-t-il.

Comme hypnotisée, je me rapprochai de lui et du bain. Il m'enleva mon peignoir et me regarda entrer dans l'eau et gémir de satisfaction en m'immergeant dans ce qui était selon moi, la température parfaite. Il me tendit un autre verre plein avant de me rejoindre en souriant.

- On est où ici ? demandai-je curieuse.

- Dans une vieille maison de la famille de Jimin, répondit Jungkook. En parlant de famille, j'ai beaucoup repensé à ce que tu m'as raconté la semaine dernière.

Je demeurai silencieuse et savourai le gout et les bulles du champagne.

- Ton père... te force à respecter son idéal, dit-il. Un idéal qui ne te correspond pas, n'est-ce pas ?

Je secouai la tête.

- Je ne sais pas ce qui me gêne le plus, qu'il te force à suivre sa propre vision ou... qu'il te fasse croire que tu n'as pas le droit au plaisir.

Le champagne avait encore meilleur goût quand il me parlait de cette voix douce et suave.

- En fait, c'est ce que j'aimais tant chez Lilou, c'est qu'elle ne s'interdisait rien ! poursuivit-il. Dans un monde où on traite les femmes de chaudasse dès qu'elles montrent un genou et où tout est fait pour contrôler leur sexualité... je me disais... wow, cette fille doit être exceptionnelle ! Elle doit être libre ! Elle doit se foutre totalement du regard des autres ! Tout l'inverse de moi, quoi...

Il sirota sa coupe et reprit.

- Ça doit être dur d'être une fille. Il faut être sexy, mais pas salope. Faut être intouchable, mais pas prude. Il faut écouter toute sorte d'injonctions contradictoires. Mais tu n'es pas obligée de faire ce qu'on te dit, Tina. Tu peux juste penser à toi. C'est ton corps, c'est ta vie, c'est toi qui décide.

Sans réfléchir je m'étais rapprochée de lui. Plus il me parlait et plus j'étais attirée par lui comme un aimant. Ce qu'il disait résonnait en moi comme des vérités profondes. Il avait raison, je n'avais pas à souffrir autant du fait des décisions d'autrui. C'était ma vie !

Il se délecta de voir l'impact que ses mots avaient sur moi, alors je me ressaisis.

- Et si tu appliquais tes principes à toi-même ? répliquai-je poliment.

- C'est ce que j'ai fait, dit-il en souriant malicieusement.

Je fronçai les sourcils avant de percuter.

- Le Rituel ! m'écriai-je.

Il rit.

- Tu y as échappé ? demandai-je abasourdie.

Il hocha la tête et passa une main humide dans ses cheveux alors que l'eau ruisselait sur son corps torride.

- Tina, tu m'écoutes ?

Je me rendis compte que j'avais fixé ses pectoraux humides pendant plusieurs secondes. Il passa une main sous mon menton pour me forcer à le regarder dans les yeux.

- Jimin a menti pour moi, dit-il. Il a dit qu'on l'avait fait tous les deux.

- Et ?

- Bah c'est faux, dit-il en riant.

- Ça te réjouit tant d'être encore puceau ? plaisantai-je

- J'en ai jamais été aussi heureux, avoua-t-il. Je le vis comme un choix maintenant. Je fais ce que je veux, ça regarde personne et surtout, je crois que j'ai compris une chose fondamentale... c'est que c'est pas la honte pour un mec d'attendre le bon moment, la bonne personne.

- Et c'est pas la honte pour une fille de passer à l'acte si elle en envie, complétai-je doucement.

Il me sourit de toutes ses dents blanches et je me sentis chavirer. Il me tendit son verre et nous trinquâmes.

- Alors, tu n'as plus besoin de cours pour être à la hauteur de Jimin, si je comprends bien, dis-je guettant sa réponse.

Il me regarda du coin de l'œil et soupira.

- A ce sujet, Tina... en fait... Jimin et moi c'était... en fait c'était...

- Répète après moi, c'était "un my-tho" ! Ça s'appelle un "mytho".

Je ris de le voir aussi embarrassé, mais je ne lui en voulais plus. C'était sa dernière barrière qui tombait. Je n'avais plus de secret pour lui, il n'en avait plus pour moi. Je me sentais libre en sa présence. Je tâchai de ne pas me rappeler que toute cette magie devait disparaitre après minuit. J'étais Cendrillon ce soir...

- Tu te souviens quand tu es venu me voir dans ma loge, dit-il soudain. Tu voulais me dire quelque chose un moment ?

- Je voulais te dire un tas de trucs, Jungkook, rappelai-je en voyant très bien où il voulait en venir.

- Tu as dit "Jungkook, je crois que..."

- Et tu m'as dit de fermer ma gueule, oui, répondis-je. Donc, je vois pas pourquoi je devrai l'ouvrir maintenant.

Il m'envoya une grosse rasade d'eau dans la tronche. Je criai autant surprise que dégoûtée parce que mon lissage pour le mariage était maintenant quasiment foutu.

- Je t'ai mentis, avouai-je.

A ce moment, il se figea et me regarda avec tellement de tristesse que je songeai à retirer ce que je venais de dire. Il s'approcha de moi et m'encadra de ses deux bras dans le bassin. Je souris.

- Je ne crois pas. J'en suis sûre, admis-je. Je t'aime, Jungkook.

- Je t'aime, Tina, dit-il tout doucement.

Et mon cœur manqua d'exploser.

- Et bien, on est pas dans la merde, soupira-t-il.

- C'est simple, on ne peut pas être ensemble, répondis-je. C'est inutile de se faire des films, je l'ai déjà accepté. Même si ça me rend très heureuse d'être avec toi, c'est une histoire insensée. Demain, je serais mariée.

Il soupira, agacé et recula avant de brusquement vider sa coupe et sortir du bassin.

- Tu vas vraiment te marier demain ? demanda-t-il sèchement.

J'étais toujours autant captivée par sa capacité à passer du feu à la glace sans transition.

- J'ai pas vraiment le choix, rétorquai-je.

- On pourrait s'enfuir, glissa-t-il.

- C'est ça ta proposition ? demandai-je.

Il fixa le sol et je me mordis la lèvre.

- C'est non.

Je sortis du bain à mon tour et vidai ma flûte de champagne sous ses yeux noirs de colère.

- On part en tournée au Japon avec le groupe..., il y a une place dans l'équipe du staff, tu pourrais...

- Oui bien sûr, quitter la Corée, quitter ma famille, sécher les cours et griller en Enfer pour tes beaux yeux, Jungkook. Tu veux autre chose peut-être ? Mes organes ? Mon âme ?

Je m'enroulais dans une serviette.

- C'est non, répétai-je. Non merci.

Et je le quittai pour prendre la direction de la douche.