Chapitre 3- Jessie

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Papier et stylos en main, je relis pour la troisième fois le document donné par les pompes funèbres. J'ai pris ce qu'il y avait de mieux pour Charlotte. Mais sans Arthur, je ne serais même pas à cette étape. Mon ami m'aide comme jamais. Il se donne à fond et crèche chez moi depuis hier.

Un jour que je l'ai perdu. Déjà.

Ce matin le réveil a été compliqué. Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. J'ai vidé une boite entière de mouchoir et en ai entamé une nouvelle. Mes narines sont rouges et piquent dès que je les touche. Ce n'est pas avec les trois cafés que j'ai bus, que je serais sur pied. Le serais-je seulement un jour ?

Arthur se précipite à la porte, pour ouvrir à Nicolas. Nous nous saluons le plus platement. Aucun sourire, l'ambiance est chargée.

Les deux hommes me rejoignent à table. Excédé, je repousse tout au loin. Ma tête percute le bois protégé par une nappe rose. Nappe qui a été choisie par Charlotte.

Tout me rappelle ma femme. Il n'y a pas une seconde où mes pensées ne volent pas jusqu'à elle.

— Allez, passe le truc, je le fais, dit Arthur.

Je le laisse faire. Je n'ai pas le courage de continuer.

Un pleur me surprend. Ma tête se relève et un soupir s'échappe d'entre mes lèvres. Ma fille a besoin de moi.

Debout, je me laisse guider jusqu'à la chambre de bébé. Celle-là même que Charlotte et moi avons créée pour notre enfant.

L'intérieur est neutre. Nous avons peint en blanc les murs et une commode. Charlotte avait pris le temps de customiser un fauteuil donné par sa mère. Le tissu blanc lui donne un effet neuf. Dessus sont posés deux coussins crème brodés par nos soins.

La broderie de l'un est magnifique. Quant à l'autre, il est nul. Normal, c'est le mien ! C'était la première fois que j'en faisais. Le cœur de Charlotte est extraordinaire. Les points chaînettes sont parfaits. Quant aux miens, ils sont tous petits et collés. Ça m'a valu des moqueries pendant plusieurs semaines.

Attention, de gentilles moqueries. Bien loin de celle de ma belle-mère Lisa. Cette vache, si je peux me le permettre, m'a humilié devant tout le monde.

Maintenant, elle ne foutra plus jamais les pieds ici. Même pour voir sa petite fille. Bien évidemment, je ne peux l'empêcher de la voir. Mais ce sera ailleurs. Aucune envie qu'elle critique mon intérieur ou la façon dont je m'occupe de ma fille.

Je m'approche du berceau en bois blanc, qui est contre le mur du fond. Penché, j'observe Michelle. Ses bras et ses pieds s'agitent. Elle pleure toujours et je ne sais pas pourquoi.

L'instinct paternel, je ne l'ai définitivement pas.

— Hé bah alors, qu'est-ce que tu as ?

Ma voix est aiguë, ma question conne. Elle ne peut pas me répondre.

Mes mains s'avancent jusqu'à elle. Je la prends et la renifle. Une grimace de dégoût transforme mes traits. Elle a doit être changé.

— Bon... tonton Arthur m'a donné deux exemples...

Ça ne doit pas être si compliqué. Suffit de refaire exactement comme mon ami.

Ami qui n'a pas d'enfant, mais s'en occupe bien.

J'allonge le bébé sur le matelas à langer. J'inspecte les environs. Il y a tout ce dont j'ai besoin. Je ne peux donc pas me défiler. C'est l'heure de la changer. Avec précaution, je retire la couche. J'ai peur de lui faire mal. En plus elle gigote dans tous les sens en pleurant.

Attraction, Tome 1 Hélène(Terminée) Sous Contrat d'Éditions So RomanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant