solène, aide-moi

partie 2

théodore avait compté. c'est très certainement la seule personne qui ne se soit jamais soucié d'elle. il avait été là pour elle, il avait voulu l'aider à rejoindre le navire, à garder son sang froid mais elle avait été bien trop aveugle pour se rendre compte de ce qu'il faisait pour elle.

théodore restera à jamais son plus grand regret. leurs chemins s'étaient lentement séparés, lors de sa descente vers les ténèbres. c'est en cherchant de l'aide qu'elle avait réalisé qu'il avait toujours été présent, sans qu'elle ne le réalise. mais il était trop tard : le temps était passé. trop de temps était passé. il ne lui restait alors que ses souvenirs nostalgiques pour lui rappeler le bon vieux temps et les moments à jamais perdus.

elle avait tenté, à plusieurs reprises, de reprendre contact avec lui mais il était trop occupé, il avait une vie et des amis à voir. elle se sentait alors tellement conne et misérable d'avoir perdu ce lien si précieux. puis ils avaient renoué quelques semaines mais elle se sentait déboussolée, elle se sentait différente. depuis leur retrouvaille, elle avait l'impression d'être une droguée et lui sa drogue. elle qui avait été habituée à traîner seule des journées complètes ne savait plus comment réagir. elle ne cessait de penser à lui, de réfléchir à de potentiels sujets de discussions et elle s'en voulait de son comportement, de ce comportement de dépendante.

c'est tout naturellement qu'ils avaient repris chacun leur chemin respectif. elle ne supportait plus d'attendre de le revoir, de voir les jours comme un décompte jusqu'à leur prochaine discussion. mais ça avait été si difficile et douloureux. elle avait pleuré toutes les larmes de son corps parce que cet au revoir signifiait qu'elle avait définitivement quitté le royaume des humains ; elle était un alien, incapable d'interagir avec les autres humains et encore moins capable d'entretenir une amitié.

à l'heure actuelle, elle ne savait toujours pas quoi faire, bien qu'elle lui ait tendu des perches, l'invitant à discuter. au fond, elle attendait qu'il prenne les devants et prouve son attention parce que c'était usant de devoir prendre toutes les initiatives, toute seule. le plus dur restait de penser que s'il se défilait, c'était pour éviter de devoir lui annoncer que tout était fini, qu'ils n'avaient plus rien en commun.