Chapitre 7

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Je voyais bien que Marla n'allait pas bien. Après coup, je vis les énormes valises qui cernaient ses yeux. Ça a du lui faire un choc. Puis ma mère...n'en parlons pas. Et Mickie aussi.

-Et...on sait pourquoi ? demandai-je.
-Non. Son unité d'intervention ne nous a rien dit.
-Ah...
-Je suis désolée, ma chérie.
-C'est plutôt moi qui devrais l'être, murmurai-je lorsqu'elle me prit dans ses bras.

Je me défis de son embrassade et montai à l'étage. Je toquai à la porte de ma mère. Pas de réponse. J'entrai doucement et tombai de suite sur ma mère, endormie dans son lit. Je mis la couverture sur son corp frêle, éteignis la lumière et sortis. Prochaine destination : mon frère. Ça doit être lui le plus dévasté.

*toc toc*

-Dégage...

Ok, très bien. Il est vraiment pas bien. J'entrai quand même.

-Je t'ai dit de t'en aller...

Il est assit sur son lit, les jambes repliées contre son torse. Oui, mon frère connaît la position fœtale.

-Je suis au courant. Marla m'a raconté. Ça va ? Tu tiens le coup ?

Il me fait quand même pitié. Les larmes qui perlaient aux coins de ses yeux tombèrent, une à une.

-J'ai vraiment l'air de tenir le coup ? Sérieux, Ash, réfléchis deux minutes.
-Ok...ok...

Je m'avancai dans la pièce en désordre et vins m'asseoir à ses côtés.

-Ça va aller, ok ? On va y arriver.

Je le pris dans mes bras. Oui, j'en suis moi-même étonnée. Il se pendit à mon coup et pleura à chaudes larmes, pendant au moins un bon quart d'heure. Et moi j'étais là, à essayer de le réconforter celui qui, dans la journée, m'avait volé mon bien le plus précieux.

Une heure passa depuis la découverte de la terrible nouvelle. Mon père. Mort. Lui. Je ne le verrai plus jamais. Il ne pourra plus m'embrasser, me câliner en me rappelant que, nous quatre, notre famille, c'est pour la vie. Non, c'est pas pour la vie. La preuve. Il ne reste plus que maman et Michael. Il ne reste plus que ma mère et mon frère. Maintenant, le sang de la famille paternelle ne coule plus que dans les veines de Marla, Mickie et moi car ma grand-mère, Jude, est morte lors de la naissance de son dernier fils, Alex, lui-même mort après 3 mois de vie. Quelle famille cadavérique nous faisons. Bientôt mon tour, hein... Sinon, je crève toujours autant la dalle. Il serait peut être temps que je mange quelque chose. Go dans la cuisine. Je me servis un verre d'eau et pris un plat déjà préparé, que je fis chauffer au micro-ondes. En attendant que le traditionnel bip retentisse, j'effectuai quelques pas de danse, mes écouteurs enfoncés dans mes oreilles, Partenaire Particulier à fond. Oui, c'est tout à fait logique lorsqu'on attend d'entendre un bruit presque inaudible. Je la mange, votre logique. Ainsi, évidemment, je n'entends pas mon frère descendre, ouvrir la porte et accueillir son pote Lucas que je ne connais que de nom. Mais vu la description qu'il m'en a fait, j'ai pas eu de mal à l'identifier. Bref. Je me retournai toujours en dansant, et découvris trois paires d'yeux écarquillés. Oui : trois. Parce que Lucas n'était pas seul : il y avait son frère. De mon âge. Vous pensez pas que ma vie est un ÉNORME cliché ? Moi, si. Et ça me soûle. Mickie, me voyant danser et pleine de joie (enfin, je pense), tomba encore une fois en larmes et fonça dans sa chambre, suivi de près par son ami...hippie ? Tout ça en trente secondes chrono. Et il ne resta plus que moi et l'autre gars choqué d'avoir vu une gogolle se déhancher. Je retirai mes écouteurs lentement et devins rouge jusqu'aux oreilles en réalisant que je m'étais changée juste avant de descendre. C'est-à-dire pyjama composé d'un mini-short et d'un débardeur. Oui bah c'est bientôt l'été. Merde. (J'ai précisé que j'étais arrivée en cours d'année ? Enfin, plutôt en cours de fin d'année.) Encore une fois, moment cliché dans une vie clichée. Faut trouver un jingle, genre : Et c'est Ashley ! Avec sa vie clichée ! Ou mieux ! On pourrait écrire un livre qui s'intitulerait Ashley ou la vie clichée, et qui relaterait ma vie. Ça ferait le buzz à coup sûr. Je sortis enfin de mon état de légume et décidai d'entamer une conversation.

-Il est fucking 22h ! Qu'est-ce que tu fous là ?!
-Heu...

Ok...je suis tombée sur un ramoli du ciboulot. SUPER !

-Bah aller, explique-toi maintenant que t'es là !

Un peu trop agressive, je pense.

-J'accompagnais mon frère. Tu dois être Ashley.
-D'où tu me connais ?
-Nos frères sont amis. Et apparemment tu es assez...originale. Enfin, ça j'ai pu le voir de mes propres yeux.

Il montra mes cheveux tressés.

-Ils sont beaux
-Merci. Mais moi j'ai pas le droit de savoir qui m'a matée contre mon gré ?
-Oh, si, pardon.

Il avança et me tendit la main.

-Louis.
-Oh, un français pure souche.

Je passai derrière lui sans lui accorder un quelconque contact physique.

-Maintenant, tu peux déguerpir. Salut. Bye bye. ¡ Hasta la vista !

Je lui ouvris la porte afin qu'il puisse virer le plus rapidement de chez moi.
Sauf que je me pris la porte dans le pied, esquissai un mouvement de recul pour au final finir les quatre fers en l'air après avoir gentiment trébuché sur les nombreuses paires de chaussures éparpillées sur le sol.
Si avant j'étais pas rouge, je pense que là mon visage a la même couleur que la casquette de Mario.

Cliché.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 15, 2019 ⏰

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Noir À Vif (ou Ashley et les clichés)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant