Chapitre 4

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Il est 10h, on est samedi. Je le lève et descends prendre mon petit déjeuner. Je croise ma mère en allant à la cuisine.

-Bonjour ma chérie, me salua-t-elle.
-Coucou, répondis-je.
-Tu as bien dormi ?
-Plus ou moins...
-Insomnie ?
-Malheureusement.

Je fais des insomnies depuis la mort de min grand-père, et quand je dors, je fais des cauchemar. Souvent le même, d'ailleurs : je suis dans une pièce, seule ; Roméo arrive par la gauche, mon grand-père par la droite ; ils viennent vers moi et parlent en même temps, l'un me traitant de tous les noms, l'autre m'accusant de sa mort ; puis c'est toujours à ce moment-là que je me réveille, transpirante. Quand c'est comme ça, je vais dans la cuisine et bois un verre d'eau bien fraîche, puis je vais me défouler sur mon sac de frappe. Aussi ne suis-je pas étonnée de voir mon verre de la veille trôner sur la table. Je me sers du lait et des céréales puis commence à manger. Quelques instants plus tard, mon petit frère nous rejoint, ma mère et moi.

-Michael ! Mais, dis-moi, que nous vaut l'honneur de ta présence en ces lieux ? demanda ma mère.
-En fait, rien du tout, répondit-il. Je viens juste chercher le Coca et je retourne jouer à Call of.

En effet, cette chose qui me sert de petit frère ouvre le frigo, prend la bouteille de soda et remonte illico. Il me ressemble comme deux gouttes d'eau, hormis le fait qu'il est brun au yeux bleu foncé, et il a 13 ans. Je continue de prendre mon petit déj', comme si de rien n'était.

-Et toi, Ashley, tu vas faire quelque chose de ta journée ? m'interroge soudainement ma mère.
-Hum...Je vais au cinéma avec Émilien et Alice à 17h, lui répondis-je.

Voyant la tête qu'elle fait, je décide de lui expliquer.

-Mais si, tu sais, Émilien et Alice. Mes meilleurs amis. Je t'en ai déjà parlé. Le grand blond et la petite rousse.
-Ah ! Oui ! s'exclama-t-elle. C'est bien ma chérie. Tu les remercieras de ma part.
-Et je devrais les remercier de quoi ?
-Bah, de te supporter, voyons !

Je lève les yeux vers ma mère. Celle-ci a un grand sourire sur le visage.

-Nan mais oh ! me défendis-je.

On se met à rire ensemble. Nous partons dans un fou rire et je rigole tellement que je me tiens le ventre. Ça faisait longtemps que je n'avais pas ris de la sorte.

-J'ai l'impression que ça fait une éternité qu'on avait pas eu un fou rire pareil, annonça ma mère.
-Tu n'as pas totalement tort, confirmai-je.

Nous nous «fendons» encore une fois «la poire» et je termine enfin mon petit déjeuner. Je retourne au premier étage pour prendre ma douche et me préparer pour la journée. En entrant dans ma chambre, je remarque quelque chose d'anormal. Je traverse le couloir pour toquer à la porte de mon frère.

-Michael ? hésitai-je.

Pas de réponse. J'entre dans cette...espèce de pièce. C'est à peine si on voit le sol. Le monstre est à son bureau, avachi sur sa chaise, un casque sur les oreilles et sirote du Coca-Cola. Je lui retire son casque légèrement...contre son gré.

-Hé, mais tu fou quoi ?! cracha-t-il, un poil colérique.
-Je viens chercher ce qui m'appartient, trou du cul, lui répondis-je en le fixant.
-Je vois pas de quoi tu parles, assura-t-il.
-Mon œil. Je sais que c'est toi qui l'as. Rends-le moi. Maintenant.

Je tends la main. Il me regarde sans rien faire. Je commence à m'impatienter...

-Michael...
-Ok, ok, tiens.

Il me rend ma petite boîte de velours contenant mon collier.

-Qu'est-ce que tu voulais faire avec ? demandai-je.
-Pas grand chose, répondit-il. Je voulais l'offrir à Samantha, mais de toute façon, ça lui aurait pas plus. Il est trop moche et ça fait vraiment trop gamin. En plus ça se voit que c'est du toc et de la mauvaise qualité. Je sais pas pourquoi tu gardes un truc comme ça...

Le coup part tout seul.

-Hé, mais t'es tarée ! Pourquoi t'as fait ça ?! s'exclama mon frère.
-Alors, de un, je suis ton aînée, donc tu me dois le respect et tu me parles sur un autre ton, crachai-je. Et de deux, tu sais très bien à quel point il est important pour moi. T'as pas le droit de le critiquer sans connaître son histoire. Il a une valeur sentimentale inestimable. Donc maintenant, je te souhaite de mourir égorgé dans ton sommeil, et ne t'avise même pas de me reparler dans la journée. Sur ce, moi je me tire de ta piole dégueulasse.

Je franchis sa porte illico et retourne dans ma chambre parfaitement rangée. Je remets le boîtier à sa place. C'est Roméo qui me l'a offert pour mon anniversaire donc, forcément, je ne laisse personne dire du mal de cet objet. Pas même mon idiot de frère. Je prends rapidement une douche, puis vais m'installer sur mon lit. Je lance ma playlist, me laissant bercée par la voix de mon chanteur préféré.

Noir À Vif (ou Ashley et les clichés)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant