Il fait toujours nuit sous le pont

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Alors que j’écris ces lignes, je suis sur le chemin de Queensland. J’espère y trouver des terres et une opportunité de mener mes projets à bien en paix. Ce fut une décision difficile que de quitter l’Angleterre. J’aurais préféré y rester. Il s’agit de ma patrie, après tout. Mais c’est mieux ainsi. L’Australie est une nouvelle aventure et j’ai hâte de voir les résultats que ce changement pourrait apporter. 

Le voyage a été long, mais il ne fut pas fastidieux. Le capitaine est un camarade bien jovial, et il m’invita dans sa cabine à de nombreuses occasions pour partager un verre et me conter ses histoires. Je dirais même que celles-ci sont meilleures que les miennes.  Les passagers sont aussi intéressants. Un grand nombre de femmes était à bord. Il s’avère que ma nouvelle patrie est en pénurie du sexe faible. Beaucoup de ces pèlerins étaient autrefois des « travailleuses », si je puis dire. Nous pouvions voir à quel point elles désiraient un nouveau départ, compte tenu de leur situation.  Bien sûr, le point culminant de ce voyage fut les meurtres. Il y en a eu trois, pour l’instant. Les femmes croient qu’il y a une goule à bord du bateau. J’en ai entendu quelques-uns mentionner le mot « vampyre ».  

Cette superstition est assez enfantine, certes, mais nous ne pouvons pas leur en vouloir. Il est vrai que les attaques sont assez horribles.  

Les gorges sont tranchées. Les coupures sont extrêmement profondes. Assez pour être fatales, mais pas immédiatement.  

Les abdomens sont grand ouverts. Les organes, coupés et enlevés. Ils sont soigneusement placés à côté de la victime.  

Les organes génitaux sont souillés. Hachés en petits morceaux, ils ne sont plus que des lambeaux de chair.  

Le capitaine sait que j’ai quelques connaissances en médecine, alors il m’a autorisé à examiner les corps. C’est vraiment un plaisir pour les yeux. Vous pourriez apprécier ce chef-d’oeuvre, si vous le voyiez.  

Le coupable court toujours. C’est réellement merveilleux, n’est-ce pas ? De pouvoir œuvrer sur un navire de cette taille, en évitant d’être pris. C’est assez incroyable. Peut-être qu’il s’agit d’un vampyre. Il fait toujours nuit sous le pont, après tout.  

Il nous reste plusieurs jours de voyages. Des nuits, aussi. Que se passera-t-il ? Qui survivra ?  

C’est palpitant, n’est-ce pas ?  

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