Il est de ces nuits sauvages qui ne laissent de traces au réveil que dans les esprits ébahis.
Quelques heures après s'être endormie, des bruits réveillèrent Elyeann. Sans bouger, elle entrouvrit les yeux. Près du camp, dans la lueur des braises elle perçut une silhouette qui semblait humaine. Cette ombre furtive se dirigeait vers elle. Elyeann retenu son souffle et observa. Ni un cheval ni un homme ne s'était réveillé, l'ombre semblait glisser sur le tapis de feuille sans faire de bruit. Celle-ci allait d'arbre en arbre, se dirigeant toujours vers Elyeann. Elle remarqua que les flambeaux fixés aux arbres se rallumait au passage de la silhouette devenue informe. Son cœur soutenait un rythme si fort qu'elle pensait l'entendre battre. Quand l'ombre arriva à l'arbre près d'elle, Elyeann ferma les yeux et se crispa pour retenir son souffle et ses mains tremblantes. Elle sentit un courant d'air froid lorsque l'ombre s'en alla.
— Shinea dou shuilee zan oche cosouil lai doho anam ar scrole nah staire , insista-t-elle à qui veut l'entendre
L'agitation naissante fut troublée par l'arrivée du grand écuyer. Il regarda un à un tous les hommes présents d'un air sévère.
— Bonjour messieurs. Que disais-tu donc Elyeann ?
— Shinea dou shuilee zan oche cosouil lai doho anam ar scrole nah staire, répéta-t-elle sobrement.
— Shineann do shúile san oíche cosúil le do anam ar scroll na staire, veux-tu dire ?
— Je ne sais pas, je ne parle pas cette langue, bafouilla-t-elle
— Où as-tu entendu ça ?
Elyeann ne savait pas si elle devait expliquer qui, enfin ce qui, lui avait dit cela. Elle se demandait si elle pouvait faire confiance à ces hommes. Après tout, personne n'avait remarqué cette présence, peut-être avait-elle rêvé ?
— Je l'ai rêvé cette nuit, argua-t-elle
— Tu rêves en langues ancienne que tu ne connais pas ? s'amusa un homme
— Elyeann vient donc avec moi, vous autres levez le camp !
Aerandir et Elyeann partirent donc marcher vers les chevaux. Aerandir était un homme plutôt petit mais très imposant, même sans porter d'armure. Il arborait fièrement une grande barbe brune. Il alla vers un cheval, certainement le sien, et saisi le harnachement de la bête. Elyeann fit de même et commença à préparer les chevaux.
— Alors tu as rêvé de ces mots cette nuit ? Questionna-t-il intelligemment
— Je veux juste savoir ce que ça veut dire, demanda-t-elle
— C'est une citation célèbre des mythes des anciens dieux. Déclara le grand écuyer
— Les anciens dieux ?
— Oui, elle veut dire « Vos yeux brillent dans la nuit comme votre âme sur le parchemin de l'histoire ».
Cette annonce troublait quelque peu Elyeann, elle ne comprenait pas d'où venait cette idée. Elle avait certainement dû le rêver. Tant dis qu'Aerandir monta à cheval, Elyeann se pressa d'atteler les chevaux aux trois charrettes restantes et sella Etiah en dernier. Ils emboîtèrent alors le pas des autres soldats à cheval et firent route vers le Sud. Les paysages du comté étaient tous semblables : faits de grandes étendues de prairies, quelques sous-bois et à l'ouest, le tapis vert tombait à pic trente mètres plus bas dans l'océan. La dernière charrette était vide et à un croisement, elle prit une piste différente accompagnée de plusieurs soldats. A quelques kilomètres se dessinait un petit clocher et ses habitations, Elyeann compris alors que ces hommes partaient arracher d'autres hommes à leur famille. Elle fit presser le pas à Etiah pour rattraper la tête du convoi et Aerandir.
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Tout ce qui brille
FantasyVenus de tous horizons, des inconnus s'allient pour combattre une menace qui les dépasse et affronter un destin assurément funeste. Rejoignez l'aventure périlleuse aux delà des terres connus. Suivez nos héros traverser des territoires aux couleurs...